La relation incroyable entre le cervelet et la pensée divergente
Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater
Saviez-vous que le cervelet est lié à la pensée divergente d’une manière étonnante, troublante et déterminante ? Cela est frappant car jusqu’à présent, nous pensions que les seules fonctions exercées par cet organe étaient liées à la mémoire motrice ou à la coordination. Aujourd’hui, nous savons qu’il joue aussi un rôle décisif dans de nombreux processus cognitifs supérieurs.
Léonard de Vinci fut l’un des premiers à se pencher sur le cervelet. C’est en 1504 que, lors d’une de ses nuits secrètes consacrées à dissection de cadavres en vue de comprendre la physiologie humaine, il est tombé sur cette zone située dans la fosse crânienne postérieure. Il l’a simplement appelée “le petit cerveau (cervelet)”.
Plus tard, entre le XVIIe et le XIXe siècle, on a découvert qu’il jouait un rôle majeur dans les domaines de l’équilibre, de la posture, de l’apprentissage moteur et de la motricité fine, comme la capacité d’écrire. Depuis lors, ce “petit cerveau” a été aussi sous-estimé qu’incompris.
Aujourd’hui, de nombreux neurologues ont un regard neuf sur cet organe. Il est donc temps de lui redonner la place qu’il mérite et de comprendre en quoi il nous aide dans notre vie quotidienne.
Quel est le lien entre le cervelet et la pensée divergente ?
Le fait suivant devrait attirer votre attention. Le cervelet ne représente qu’un peu plus de 10 % du volume total du cerveau. Cependant, il contient près de 80 % du nombre total de neurones de ce dernier.
Ces données nous donnent déjà un indice clair sur son rôle important. Il semble donc possible d’imaginer qu’il puisse s’occuper de bien plus que des tâches motrices.
Nous savons, par exemple, que grâce à cet organe, nous pouvons conduire ou faire du vélo sans avoir à “se rappeler” comment faire. En d’autres termes, le cervelet facilite et intègre la mémoire motrice et il automatise une grande partie des mouvements que nous faisons chaque jour.
Cependant, ce n’est que depuis une décennie que les scientifiques ont commencé à s’intéresser davantage à ce domaine pour finalement en découvrir de multiples aspects. Découvrez-les ci après.
Le cervelet et la pensée divergente
Dans une étude publiée dans le Creativity Research Journal par le Dr Jalil Pasl, l’accent a été mis sur la pertinence du cervelet dans la mémoire de travail et la créativité, et ce dès 2007. Cependant, tout récemment, Christopher J. Steele de l’Institut Max Planck pour la cognition et les neurosciences de Leipzig a révélé quelque chose d’encore plus décisif.
- Le cervelet a une connectivité très forte avec de multiples zones cérébrales. Cette région est tellement compacte et fortement interconnectée qu’elle intervient dans un grand nombre de processus cognitifs supérieurs.
- Le cervelet est lié à la communication, à la créativité et à la capacité à penser de manière originale et innovante. C’est ce qu’on appelle la pensée divergente.
- On a également démontré quelque chose de très important. Les troubles du spectre autistique (TSA) sont étroitement liés aux neurones de Purkinje présents dans le cervelet.
- Les enfants qui ont une meilleure connectivité entre le cerveau et le cervelet montrent de meilleures capacités motrices, mais ils développent également de meilleures aptitudes à la communication et à la socialisation.
“Nos découvertes représentent une percée dans notre compréhension de la physiologie de la créativité basée sur le cervelet. Nous avons constaté que l’activation des centres de contrôle exécutif dans cette région nous permet de planifier, d’organiser et de gérer les tâches de manière créative. La pensée divergente serait également liée à cette zone. Le cervelet rend ainsi possible l’expression artistique, les sciences et les affaires”.
-Allan Reiss (professeur de radiologie, de psychiatrie et de sciences du comportement à l’université de Stanford)-
Le cervelet et l’intelligence fluide
L’intelligence fluide fait référence à la capacité d’effectuer des raisonnements mentaux et de résoudre des problèmes de manière originale. Et ce, sans aucune connaissance préalable.
En d’autres termes, elle définit la capacité d’un individu à relever des défis dans des domaines qu’il n’a pas étudiés auparavant ou sans faire appel à un manuel d’instructions, par exemple. Le cervelet et la pensée divergente sont associés à ce type d’intelligence.
Mihály Csíkszentmihályi souligne même que cette capacité permet d’obtenir une plus grande synchronisation et une meilleure connectivité des deux hémisphères du cerveau. On sait maintenant que le cervelet est également impliqué dans ce processus.
Nous avons un sérieux problème
Nous connaissons donc à présent la grande importance de cet organe qui intéressait déjà Léonard de Vinci à son époque. Il est aujourd’hui clair que le cervelet et la pensée divergente sont étroitement liés. Cependant, un problème demeure. En réalité, plusieurs problèmes :
- Le cervelet s’atrophie avec la sédentarité, le manque d’exercice et un mode de vie passif.
- Une exposition excessive aux écrans d’ordinateurs et aux téléphones portables réduit également sa taille et sa connectivité.
Ces deux aspect sont suffisamment sérieux pour nous faire réfléchir. Aujourd’hui, nous dépendons de plus en plus de la technologie, au point même de lui laisser faire une partie du travail de réflexion à notre place. Ainsi, nous ne faisons pratiquement plus aucun calcul mental. Autre exemple, on peine à s’orienter dans une ville sans l’utilisation d’un GPS.
De plus, l’écriture elle même est en danger d’extinction. Pourquoi encore utiliser un papier et un crayon quand on a des outils de traitement de texte ? Nous ne nous en rendons certainement pas compte, mais tout cela a un impact sérieux sur notre cerveau.
Laisser nos appareils électroniques faire à notre place de nombreuses tâches que nous avions l’habitude d’effectuer mentalement ou manuellement entraîne une atrophie du cerveau. Nous sommes en train de favoriser de vieillissement prématuré d’une région essentielle chez l’être humain et pour l’avenir. Réfléchissons-y.
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- Pasl A. Jalil (2007) Working Memory, Cerebellum, and Creativity, Creativity Research Journal, 19:1, 39-45, DOI: 10.1080/10400410709336878
- Wagner, M. J., & Luo, L. (2020, January 1). Neocortex–Cerebellum Circuits for Cognitive Processing. Trends in Neurosciences. Elsevier Ltd. https://doi.org/10.1016/j.tins.2019.11.002
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