La nosophobie ou la peur de tomber malade
Rédigé et vérifié par Psychologue Gema Sánchez Cuevas
La peur de tomber malade ou nosophobie, tout comme la peur de la mort et de la folie, sont des peurs ancestrales, des peurs ataviques. Qui d’entre nous n’a pas peur de souffrir d’une grave maladie ? N’avons-nous pas peur de devenir fous ? Ne craignons-nous pas la mort ?
Dans cet article, nous parlerons de la nosophobie. Cette phobie implique une crainte excessive et irrationnelle de la maladie. Cependant dans ce cas, la personne n’a aucune assurance d’être malade dans le présent. C’est la différence cruciale qui existe entre nosophobie et hypochondrie.
Les patients hypochondriaques n’ont pas peur de contracter une maladie dans le futur comme le font les personnes atteintes de nosophobie. Les hypocondriaques ont peur d’être malades dans le présent et de ne pas être diagnostiqués.
Qu’entendons-nous par phobie ?
Les phobies se définissent comme une terreur intense et irrationnelle envers une personne, un objet ou une situation qui est associée à très peu voire aucun danger. Le mot vient du grec “Phobos” qui signifie “panique”. Dans la mythologie grecque, Phobos était le fils d’Arès (dieu de la guerre) et d’Aphrodite (déesse de l’amour). Il personnifiait la peur. Avant chaque bataille, Alexandre le Grand suppliait Phobos de conjurer la peur.
Selon le DSM-5 (Manuel diagnostic et statistiques des troubles mentaux), les phobies spécifiques telles que la nosophobie remplissent les caractéristiques suivantes :
- Peur ou anxiété intense vis-à-vis d’un objet ou d’une situation spécifique (par exemple : le fait de voler, la hauteur, les animaux, les injections, la vue du sang…)
- L’objet ou situation phobique provoque quasiment systématiquement la peur et l’angoisse immédiate.
- La situation phobique s’évite ou résiste activement par le biais de la peur ou de l’angoisse intense
- La peur ou l’anxiété sont disproportionnées si nous analysons le danger réel que provoque l’objet ou la situation spécifique dans le contexte socio-culturel.
- La peur, l’anxiété ou la fuite sont persistants et durent 6 mois ou plus.
- L’anxiété, la peur ou la fuite causent un mal-être cliniquement significatif ou une détérioration de la dimension sociale, professionnelle ou d’autres dimensions importantes du fonctionnement.
Il est commun que les gens possèdent plusieurs phobies spécifiques. En fait, environ 75% des personnes souffrant d’une phobie spécifique craignent plus d’une situation ou objet. On dit que les personnes ayant une vie phobique ont une ombre caractéristique : le sentiment d’angoisse.
La nosophobie ou la peur irrationnelle d’être malade
Comme nous le disions précédemment, la nosophobie peut être définie comme la crainte irrationnelle de souffrir d’une maladie spécifique ou d’une affection en général. Les personnes souffrant de nosophobie développent une peur exagérée de la maladie et elles sont généralement impressionnées par un cas ou un type de maladie en particulier.
Les symptômes de la nosophobie sont généralement divers mais semblables d’un individu à un autre. Les symptômes les plus courants sont les suivants :
- Angoisse exagérée face à une infection mineure
- Mesures extrêmes visant à éviter le contact avec les germes
- Visites fréquentes et réitérées chez différents médecins et en évitant dans le même temps d’avoir recours à leur diagnostic
- Peur intense de la confirmation par le médecin de la maladie auto-diagnostiquée par la personne souffrant de nosophobie
La préoccupation pour la santé peut être un thème récurrent avec des manifestations au niveau cognitif (réflexions fréquentes sur l’état de santé). Les symptômes de type émotionnel (expérience d’anxiété ou humeur dysphorique associée à la terreur) et comportemental (consultations médicales injustifiées par l’état de santé objectif) sont fréquents.
Peur de tomber malade
Très fréquemment, on considère la nosophobie comme un trouble aux symptômes somatiques. Cependant, dans une minorité des cas, il est plus approprié d’utiliser le diagnostic du trouble de la peur de tomber malade.
La préoccupation associée à l’idée d’être malade s’accompagne d’une angoisse considérable sur la santé et la maladie. Les personnes souffrant de l’angoisse de tomber malade s’inquiètent facilement des maladies. Cela se déclenche en apprenant par exemple que quelqu’un est tombé maladie ou en lisant des histoires liées à la santé.
Comme nous l’avons dit, la nosophobie est un trouble proche de l’hypochondrie. Chez le patient atteint de nosophobie, une crainte irrationnelle de contracter une maladie grave dans un futur indéterminé apparaît. Cette crainte est intense et incontrôlable. On dit d’ailleurs que “celui qui a peur de souffrir souffre déjà de la crainte”.
Dans le cadre de la nosophobie, l’urgence d’un symptôme physique provoque un report indéfini de la consultation médicale et de la réalisation d’analyses. La personne souffrant de ce trouble doit vivre avec un crainte si intense d’avoir quelque chose qu’elle évite toutes les circonstances pouvant confirmer sa crainte. Elle préfère fermer les yeux et vivre sans savoir.
Comme nous l’avons vu, la nosophobie et l’hypochondrie ne sont pas exactement la même chose. Cependant, ce sont des concepts associés. De toute manière, si vous expérimentez une peur intense associée à la maladie, il ne serait pas une mauvaise chose de prendre rendez-vous avec un psychologue. Peu importe le nom que nous lui donnons. L’important est de la surmonter.
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