La grande différence entre ressentir de la pitié et ressentir de la compassion
Rédigé et vérifié par Psychologue Elena Sanz
Le monde dans lequel nous vivons implique, inévitablement, que toutes les personnes souffrent à un moment donné de leur existence. Que ce soit en raison d’une maladie physique, d’une douleur émotionnelle, d’une perte ou d’un manque, nous sommes tous confrontés à des situations adverses qui nous font du mal. Si nous sommes des êtres sensibles, contempler la souffrance d’autrui éveillera en nous une sorte d’émotion, mais c’est là que la différence entre ressentir de la pitié et ressentir de la compassion devient si importante.
On peut penser qu’il s’agit d’émotions similaires puisque toutes deux relèvent de l’empathie, de la capacité à se mettre à la place de l’autre et à comprendre sa douleur. Cependant, les yeux avec lesquels nous regardons ceux qui souffrent ne sont pas les mêmes si l’on ressent de la pitié ou de la compassion, tout comme les actions que nous entreprenons à la suite de ce sentiment ne se ressemblent pas non plus.
Vous souhaitez approfondir ces différences ? Nous vous les montrons ci-dessous.
L’origine de la pitié et de la compassion
Pour comprendre la différence entre ressentir de la pitié et de la compassion, nous pouvons partir de la définition des deux émotions :
- La pitié est un sentiment de tristesse produit par la souffrance de quelqu’un. C’est un mot du latin qui vient signifier quelque chose comme « observer celui qui souffre ».
- La compassion, en revanche, est aussi un sentiment de tristesse, mais elle nous amène à nous identifier aux maux de l’autre et à essayer d’y remédier, de les éviter ou d’alléger leurs souffrances.
De ces deux définitions, nous pouvons tirer des conclusions importantes. D’une part, la pitié nous place dans une position de simples observateurs, éloignés de la souffrance des autres et passifs face à celle-ci. C’est une émotion de courte durée et à partir de laquelle nous nous percevons comme supérieurs, à un moment donné, à la personne affectée.
Ainsi, nous plaignons ceux qui ont une mauvaise situation économique, familiale, physique ou émotionnelle, mais en sachant que ce ne sont pas nos conditions et que nous ne sommes pas invités à intervenir.
Au contraire, la compassion nous relie, nous permet de nous identifier à l’autre et de nous souvenir de l’humanité que nous partageons. Nous ne regardons pas de loin mais nous nous impliquons, sachant que personne n’est supérieur et que nous pourrions tous vivre une situation similaire. C’est aussi un sentiment durable qui nous pousse à agir.
La pitié nous fait stagner, la compassion nous émeut
La principale différence entre ressentir de la pitié et ressentir de la compassion est que, dans le premier cas, on considère que la situation de l’autre est immuable alors que, dans le second, on est convaincu que l’on peut contribuer à la modifier. Cela a bien plus d’importance qu’on ne le pense puisqu’en ressentant de la pitié, on place l’autre en situation de victime sans défense et on le condamne à continuer à souffrir ; et, au contraire, lorsque l’on ressent de la compassion, on l’aide à changer sa situation.
Cela a des répercussions en termes de comportements prosociaux et d’actions de solidarité. En effet, ceux qui ressentent de la compassion sont plus susceptibles de s’impliquer dans des mouvements sociaux, d’aider les plus démunis et de contribuer à des causes communautaires. Mais, en plus, cela a un effet important sur la façon dont nous nous rapportons aux autres.
Lorsqu’un parent ressent de la pitié pour son enfant (pour quelque raison que ce soit), il renforce, chez l’enfant, l’idée qu’il est incapable, défavorisé et impuissant. Et, au contraire, en éprouvant de la compassion, ils comprennent ses difficultés mais l’encouragent à s’améliorer.
De la même manière, si certains camarades de classe ont pitié d’un autre, ils le regarderont simplement avec tristesse. Cependant, s’ils ressentent de la compassion, ils s’impliqueront activement pour intégrer et aider cet élève et pour améliorer ses conditions quotidiennes.
La différence entre ressentir de la pitié et de la compassion pour soi-même
Malgré tout ce qui précède, l’effet le plus dommageable de la pitié se produit lorsque cette émotion se dirige vers soi-même. Il n’est pas bon que les autres nous regardent avec pitié, mais si nous nous considérons comme des victimes, la souffrance sera bien plus grande.
La personne qui s’apitoie sur son sort est perçue comme un raté, comme un être malheureux et condamné. Ainsi, il aura sûrement moins tendance à chercher des moyens de changer sa situation.
Au contraire, quelqu’un qui ressent de la compassion comprend et pardonne ses propres erreurs, se traite avec indulgence et assume la responsabilité de sa propre vie. Ainsi, la compassion nous aide à réduire l’autocritique, la dévalorisation et la rumination et à réguler efficacement nos émotions.
Pour la même raison, avant de vous apitoyer sur vous-même ou sur un proche, souvenez-vous de tout ce que cela implique ; car ce faisant, vous diminuerez sa force (ou la vôtre). C’est la compassion qui nous unit, qui nous pousse à aider et à le faire avec l’humilité de savoir que personne n’est exempt de faire des erreurs ou de souffrir.
Développez la compassion et vous deviendrez un être plus humain, plus sensible et plus engagé.
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