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La discrimination envers les personnes âgées : une réalité de plus en plus courante selon l'OMS

5 minutes
Selon l'OMS, la discrimination, la critique et le mépris des personnes âgées apparaissent chaque jour plus fréquemment.
La discrimination envers les personnes âgées : une réalité de plus en plus courante selon l'OMS
Valeria Sabater

Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater

Dernière mise à jour : 05 mai, 2023

Nous appelons cela l’âgisme et cela se produit tous les jours et à chaque instant. La discrimination envers les personnes âgées est une réalité évidente qui ne connaît ni frontières, ni milieux, ni cultures. Curieusement, nous avons été éduqués pour reconnaître le sexisme et les comportements racistes, mais la vérité est que la discrimination fondée sur l’âge est quelque chose que l’on ne voit pas toujours et qui se pratique fréquemment.

De plus, comme l’explique un récent rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), une personne sur deux dans le monde a des comportements discriminatoires envers les aînés. Les données sont choquantes et nous obligent à une réflexion sérieuse. Penser que la moitié de la planète a critiqué, dévalorisé ou rabaissé une personne âgée nous rabaisse en tant que société.

Cependant, il faut dire que ce phénomène n’est pas nouveau. Ce qui est certain, c’est qu’en ce moment, il est plus évident que jamais. La crise sanitaire dans laquelle nous nous trouvons du fait de la pandémie met en lumière des situations aussi tristes que manifestement injustes. Aujourd’hui plus que jamais, il est nécessaire de prendre conscience et d’appliquer des changements, d’élaborer des stratégies pour que l’âge, au lieu d’être un problème, devienne une valeur ajoutée.

« Vieillir, c’est comme gravir une grande montagne : au fur et à mesure que l’on grimpe, la force diminue, mais le regard est plus libre, la vue est plus large et plus sereine. »

-Ingmar Berman-

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Comment se produit la discrimination à l’encontre des personnes âgées ?

L’âgisme ou discrimination envers les personnes âgées a commencé à être étudié en 1968. Il se manifeste par notre façon de penser (stéréotypes), ce que nous ressentons (préjugés) et comment nous agissons (discrimination).

C’est Robert Neil Butler, médecin, gérontologue et psychiatre, qui s’est imposé comme le pionnier par excellence dans le domaine de la recherche et de la défense de la communauté des personnes âgées.

Son livre Human Aging continue d’être une référence pour comprendre ces pratiques discriminatoires qui se produisent aux niveaux individuel, social et institutionnel. Maintenant, il y a quelque chose d’évident : ce phénomène dure depuis des décennies. Cependant, comme le souligne à juste titre le rapport de l’OMS, nous assistons actuellement à de nouvelles dynamiques qu’il est important de prendre en compte. Analysons-les.

Les pays aux revenus plus élevés discriminent davantage

Dans l’enquêteWorld Values Survey analysée par l’OMS, un fait frappant est devenu clair : les pays à revenu élevé, curieusement, ont un moindre degré de respect pour les personnes âgées. Maintenant, avec ce manque de considération, nous nous référons essentiellement aux pensées et aux stéréotypes que nous avons tendance à nourrir concernant les personnes âgées.

D’une manière ou d’une autre, nous nous laissons inconsciemment emporter par certains schémas de pensée et préjugés que nous ne remettons même pas en question. La même chose se passe avec le sexisme. De même, la discrimination envers les personnes âgées reste ironique et contradictoire. En 2050, on estime que le nombre de personnes de plus de 60 ans atteindra 2 milliards.

Nous allons être une société de plus en plus vieillissante et, pourtant, nous continuerons à avoir une perception négative de ce secteur de la population.

La discrimination envers les personnes âgées et les idées que nous renforçons

L’Université d’Alberta au Canada a mené une étude en 2019 dans laquelle le degré de discrimination envers les personnes âgées a été une fois de plus démontré. Donna Wilson, l’auteur de cet ouvrage, souligne que cette réalité est la forme de préjugé la plus courante et que le problème est que nous n’en sommes pas conscients. Nous ne sommes pas non plus conscients de sa prévalence ou de l’impact que l’âgisme présente.

Or, il est fort probable que l’on se demande comment et de quelle manière ce phénomène s’exerce. Pour commencer, la discrimination fondée sur l’âge est liée aux pensées que nous avons envers ce groupe, ainsi qu’aux sentiments et aux jugements à cet égard. Voici quelques exemples :

  • Dire que nos aînés ne sont pas capables d’apprendre de nouvelles choses, qu’ils sont incapables d’utiliser un portable, l’ordinateur…
  • Les considérer comme des personnes invalides, destinées uniquement à être prises en charge par d’autres.
  • Prendre pour acquis qu’ils n’entendent pas bien, qu’ils ne comprennent pas les choses…
  • Se dire qu’ils ne sont plus utiles à la société.
  • Les personnes âgées ne sont pas représentées dans le monde du cinéma et de la télévision.
  • L’âgisme se traduit également par des barrières architecturales. Les villes ne sont pas adaptées aux personnes âgées.
  • Considérer la nudité et l’intimité des personnes âgées comme inesthétiques. Leur sexualité est stigmatisée.
  • Par ailleurs, il est important de parler d’âgisme institutionnel. Un exemple de cela est de ne pas donner d’opportunités d’emploi à ceux qui, même à un certain âge, veulent continuer à travailler. Il est également important de souligner la situation de vulnérabilité que vivent de nombreuses personnes âgées en résidence.
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L’âgisme a un impact psychologique

L’âgisme va au-delà d’un simple préjugé ou d’une pensée négative : cette forme de discrimination s’exerce à travers de nombreux domaines. Par exemple, on sait qu’à partir d’un certain âge, certaines interventions et traitements médicaux sont limités. Comme on peut bien le supposer, tout cet ensemble de réalités discriminatoires ne passe pas inaperçu auprès des personnes âgées.

Des sentiments d’inutilité, de frustration, un sentiment d’abandon, de traitement paternel ou encore d’infantilisation finissent par diminuer leur santé physique et psychologique. Rendre invisible et discriminer un secteur aussi important et vaste de notre société en dit beaucoup sur nous. Nos aînés sont une valeur ajoutée, ils sont une alliance pour notre présent auprès de qui nous pouvons apprendre et que nous devons valoriser pour ce qu’ils ont fait et pour ce qu’ils sont.

Dans une société de plus en plus vieillissante, il est temps d’apporter des changements et des avancées. Un monde qui ne donne pas d’espace, de valeur et d’attention aux personnes âgées n’avance pas : il régresse.


Toutes les sources citées ont été examinées en profondeur par notre équipe pour garantir leur qualité, leur fiabilité, leur actualité et leur validité. La bibliographie de cet article a été considérée comme fiable et précise sur le plan académique ou scientifique


  • Donna M. Wilson, Begoña Errasti-Ibarrondo, Gail Low. Where are we now in relation to determining the prevalence of ageism in this era of escalating population ageing? Ageing Research Reviews, 2019; 51: 78 DOI: 10.1016/j.arr.2019.03.001

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