La colère, cette vieille connaissance
Rédigé et vérifié par le psychologue Sergio De Dios González
Certaines personnes expriment leur colère dès qu’elles la ressentent, d’autres la répriment ou la camouflent derrière des mots agréables… Certains la transmutent même en un autre type d’émotion plus plaisante… La colère est une émotion complexe. Elle requiert une profonde révision. Et une réflexion intérieure.
Nous nous sommes souvent surpris à élever la voix ou à réagir de façon démesurée pour une bêtise. Même si parfois, il est vrai que nous nous attendions à une réprimande de nos parents, de notre conjoint, de notre chef ou de nos amis à cause d’une chose que nous avions faite. Qu’est-ce qui se cache réellement derrière la colère ?
J’entends souvent les gens dire qu’exprimer sa colère est positif. Qe nous devons évacuer tout ce que nous ressentons pour être plus tranquilles. Mais est-ce vraiment le cas ? Devons-nous vraiment dire la première chose qui nous vient à l’esprit à l’autre personne, sans trop y réfléchir? Pour mieux connaître cette émotion, nous allons la décomposer de façon minutieuse.
Qu’est-ce que la colère ?
En général, nous ressentons de la colère quand nous considérons qu’une ou plusieurs personnes nous ont offensés personnellement et intentionnellement. Nous avons l’impression d’avoir été humiliés. Il ne s’agit pas seulement de ne pas avoir réussi à faire quelque chose que nous voulions. Une insulte ou une injure doivent être présentes, ou du moins le sentiment d’avoir été insultés ou injuriés.
Nous pouvons aussi ressentir de la colère quand nous observons des injustices sociales. Si nous marchons dans la rue et sommes témoins de la maltraitance d’un enfant par son père ou sa mère, nous pouvons ressentir de la rage ou une grande indignation.
“Tout le monde peut se mettre en colère, c’est facile. Mais se mettre en colère après la bonne personne, au degré juste, au bon moment, pour la bonne raison et de la bonne façon, tout le monde n’en a pas la capacité, ce n’est pas facile.”
-Aristote-
Beaucoup parmi vous doivent penser “je connais des gens qui sont très en colère quand l’imprimante ne marche pas”. Dans ce cas, même si cela semble faux, un cas d’humiliation a aussi lieu. Comment? Il existe des personnes si négatives qu’elles interprètent tout ce qui se produit dans leur vie comme une attaque. Si l’imprimante ne fonctionne pas, leur pensée pourrait ressembler à “la vie se moque de moi et elle me le montre en ne laissant pas l’imprimante fonctionner”.
Nous nous rendons donc compte qu’il n’y a pas forcément besoin d’agent physique et externe pour nous soumettre à une humiliation. Il suffit que nous interprétions l’intentionnalité d’une chose pour nous mettre en colère. Cet aspect est particulièrement important parce qu’il place le projecteur sur notre personne. Sommes-nous dérangés par les autres ou nous dérangeons-nous nous-mêmes?
Colère et ego
Lorsque nous réagissons avec colère, nous cherchons d’une certaine façon à sauvegarder ou à augmenter notre estime de soi. Par conséquent, quand nous sentons que notre ego est menacé, nous pouvons réagir avec colère face à la situation.
Si nous nous fâchons lorsque quelqu’un nous klaxonne quand nous conduisons, c’est parce que nous pensons qu’il récrimine notre façon de conduire. Nous avons l’impression que notre identité est menacée et pensons que notre façon d’être et d’agir est incorrecte.
Aristote, le célèbre philosophe grec, disait que “c’est une traîtrise digne d’un esclave d’être insulté et de laisser les personnes de son rang être attaquées”. Une telle affirmation justifie le fait de laisser libre cours à sa colère. Mais réagir avec rage face à une insulte en vaut-il la peine ? Nous perdons parfois trop d’énergie dans des tâches qui ne requièrent aucun effort.
Un jour, les disciples de Bouddha se sont approchés de lui et, inquiets, lui ont demandé: “Maître, où que nous allions, les gens se moquent de nous et nous insultent. Comment faites-vous pour ne pas être affecté ?”. Face à cette question, Bouddha leur répondit: “l’insulte peut sortir de ces gens mais elle ne m’atteint jamais”. Ce précieux enseignement de Bouddha vient contrecarrer l’argument de la traîtrise précédemment cité. Le premier implique de la souffrance, le second de la paix et de la sérénité. Lequel préférez-vous ?
Colère et action
Lorsque nous sentons que notre identité personnelle est attaquée, une grande activation physiologique se produit. Elle s’accompagne d’une tendance à attaquer la personne que nous jugeons responsable du dommage. Cette attaque peut aussi bien être physique que verbale. La réponse dépendra de notre degré de contrôle et d’interprétation de la situation.
D’autres fois, lorsque la personne qui est responsable de l’offense est notre chef, notre façon d’exprimer notre colère peut consister à moins travailler. Nous savons que si nous répondons avec agressivité, les conséquences pourraient être désastreuses (un licenciement, par exemple). Par conséquent, dans des situations où nous pouvons courir un risque, nous choisissons d’agir de manière plus indirecte.
Une fois que nous avons déchargé toute notre colère sur quelqu’un, une émotion a tendance à apparaître : la culpabilité. Après avoir réfléchi à la situation, bien souvent, nous nous sentons coupables parce que nous savons que nous avons dépassé les bornes. La culpabilité agit pour nous faire réfléchir: notre réaction a-t-elle été adéquate ou pas du tout?
Enfin, nous devons mentionner ces personnes qui semblent toujours en colère. Dans ce cas, nous pourrions parler d’un trait de colère, c’est-à-dire qu’elles en ont fait un mode de vie. Leurs schémas mentaux se sont configurés de façon à ne réagir qu’avec colère. En fait, il existe différents questionnaires et tests pour mesurer la colère, comme le STAXI-2, initialement élaboré par Charles B. Spielberg.
Comment gérer la colère
Pour calmer la colère, il n’y a rien de mieux que de réaliser quelques respirations diaphragmatiques. En même temps, nous devons nous demander si cette personne que nous jugeons coupable de notre état avait réellement l’intention de nous offenser.
Nous réagissons souvent à cause de notre surcharge d’exigences. Nous passons une mauvaise journée et n’importe quelle chose nous frustre sur le plan émotionnel… Par conséquent, comprendre ou essayer d’envisager le fait que les autres peuvent aussi avoir de mauvaises journées nous aidera à accepter leurs façons de réagir. Et à ne pas les prendre trop à cœur.
Si notre chef nous parle mal à cause d’une chose que nous avons faite, cela peut aussi vouloir dire qu’il a parlé de la même façon à un autre employé. Nous ne devons pas le prendre personnellement. La personne a simplement réagi de cette façon.
Même si les autres semblent pouvoir dominer nos états émotionnels, le pouvoir de contrôler notre colère est entre nos mains. Nous choisissons de nous fâcher ou non. Laisser une chose aussi précieuse que votre bonheur entre les mains des autres n’est pas un prix à payer.
Pour finir, je vous invite à vous considérer comme des agents actifs face à une injure et non comme des personnes passives qui ne font que réagir. Le pouvoir est entre vos mains.
Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.