L'individualisme dans la relation de couple, un phénomène courant
Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater
“Chacun chez soi. Tu fais des projets, j’ai déjà les miens. Si tu as des problèmes, résous-les toi-même et n’attends pas de moi que je solutionne ta vie“. L’individualisme dans une relation de couple est un phénomène courant et souvent assez décourageant.
Il est vrai qu’il est toujours bon d’avoir son indépendance, son propre espace distinctif au sein d’une relation affective. Cependant, il semble que nous ayons atteint cet extrême dans lequel l’individualisme sain dérive en un égoïsme néfaste, celui dans lequel nous ne recherchons que notre propre bien-être.
Les extrêmes ne sont jamais bons, mais il semble que ces dernières années, ces pôles malsains abondent en excès. Les psychologues et les sociologues appellent “supers célibataires” ceux qui ne cherchent qu’à satisfaire leurs propres besoins. Loin de construire un lien mature, adulte et conscient, ils ne cherchent que leur propre bonheur, faisant preuve d’un ego presque enfantin.
Maintenir un certain individualisme dans une relation de couple est sain jusqu’au moment où l’autre ne devient qu’un instrument à utiliser quand cela nous arrange.
L’individualisme dans la relation de couple : pourquoi cela se produit-il ?
L’individualisme dans une relation de couple ne serait pas un problème si les deux partenaires voyaient les choses de la même manière. Il est vrai que chacun est libre de construire le type de lien qu’il souhaite à tout moment, pour autant que l’autre personne l’accepte. Nous avons polyamour, les couples du week-end et tant d’autres formules gratifiantes si elles sont acceptées.
Cependant, nous nous retrouvons parfois dans des situations que nous n’avions pas prévues ou imaginées. Soudain, on peut entamer une relation avec une personne qui, par exemple, trouve toujours des excuses à l’idée de vivre ensemble.
Ce sont des personnes qui ne prennent en compte que leurs problèmes, leurs points de vue et leurs besoins. Des personnes qui ne valident pas les sentiments des autres parce que seuls les leurs sont importants.
Certains disent que les couples devraient venir avec une bande-annonce – comme dans les films – pour savoir à l’avance si cela vaut la peine ou non de commencer cette relation. Car avoir un partenaire individualiste, c’est vivre avec quelqu’un qui a une nette tendance à décider et à agir sans réfléchir ni tenir compte des autres.
Supersingles : ne me donnez pas de responsabilités
Avant de poursuivre, nous insistons une fois de plus sur le fait que l’individualisme (bien géré) est le facteur qui ne doit pas être dilué dans une relation. C’est-à-dire qu’il est toujours bon de combiner les deux individualismes pour créer un “nous” enrichissant et sain, celui où les deux parties gagnent sans perdre leur propre identité.
Cependant, chez les supersingles, l’individualisme atteint des extrêmes qui ne sont pas très recommandable. Voyons cela plus en détail :
- L’égoïsme atteint même l’aspect sexuel. Les personnes individualistes ne se préoccupent que d’elles-mêmes lorsqu’il s’agit de profiter des relations sexuelles.
- Lorsque des difficultés surviennent, ils s’éclipsent et évitent toute responsabilité. Ils déversent sur leur partenaire l’obligation de résoudre tous les problèmes.
- Les individualistes veulent une vie facile et ne cherche qu’à satisfaire leurs besoins immédiats. Ils ont peu de résistance à la frustration, se sentent dépassés par des aspects insignifiants et ne savent pas ou ne veulent pas partager leurs préoccupations, leurs tâches ou leurs projets.
- L’individualisme dans la relation du couple se définit également par le fait de ne pas vouloir établir de plans pour l’avenir. Ils préfèrent se concentrer sur le moment immédiat.
L’individualisme dans les relations de couple et les relations liquides
L’individualisme sape la relation, car la satisfaction de ses propres besoins est toujours la principale priorité, à tout moment et en toute circonstance. Ce sont des relations dans lesquelles il n’y a qu’un “je” et jamais un “nous”. Ce portrait s’inscrit très bien dans la théorie des relations liquides énoncée par le sociologue Zygmunt Bauman.
La société de consommation imprègne et façonne également la manière dont nous entrons en relation les uns avec les autres. Nous créons des liens en recherchant le renforcement momentané et le rush d’endorphine et de dopamine.
Ce produit (l’autre) est bon pour nous tant qu’il satisfait nos besoins. Dès qu’il exige trop de nous ou que nous n’obtenons plus un niveau satisfaisant de plaisir et de bien-être, cette relation se défait.
L’individualisme dans une relation définit la personne qui se dérobe à la délicate et belle tâche de construire un lien d’amour. Les individualistes ne cherchent qu’à consommer et à satisfaire leurs besoins, et fuient tout ce qui implique de faire un effort.
Engagement et individualisme peuvent coexister ensemble
L’individualisme n’est pas une caractéristique des milléniaux ou de ce 21e siècle. En fait, c’est un comportement qui s’est développé tranquillement au fil des décennies. Les baby-boomers, cette génération entre 50 et 65 ans, ont déjà commencé à montrer un caractère plus indépendant et moins conditionné par les liens familiaux, le devoir, le conformisme…
Tout cela a sans doute consolidé bon nombre des avancées sociales dont nous jouissons aujourd’hui. Cependant, parfois, ce sillage est poussé à l’extrême au point de faire naufrage dans le plus pur égoïsme et dans ce matérialisme narcissique qui consiste à ne chercher que soi-même.
Cependant, des études telles que celles menées à l’Université de Notre Dame soulignent quelque chose d’intéressant. L’individualisme et l’engagement mutuel peuvent et doivent coexister ensemble.
C’est la capacité et la volonté de créer un espace commun où l’on peut prendre soin de l’autre, mais sans perdre son identité. Il s’agit de construire un “nous” où le “je” ne s’estompe pas.
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- Michalka, K.H., Konieczny, M.E. & Ellis, E. Individualism and Marriage: Ideal Types for Making Sense of the Relationship between Self and Sacrifice. Qual Sociol 40, 287–310 (2017). https://doi.org/10.1007/s11133-017-9357-8
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