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L'effondrement : une série endiablée sur la faillite de notre système

4 minutes
Huit épisodes en plan-séquence qui vont vous tenir en haleine. L'effondrement est une série apocalyptique que vous devez absolument regarder.
L'effondrement : une série endiablée sur la faillite de notre système
Cristina Roda Rivera

Rédigé et vérifié par Psychologue Cristina Roda Rivera

Dernière mise à jour : 27 décembre, 2022

L’effondrement est une série de la société de production audiovisuelle indépendante Les Parasites. La série imagine une société après l’effondrement du système actuel, où chacun doit se battre pour sa survie. Les collapsologues le prédisent pour les prochaines années. Comment réagirons-nous cependant, si l’effondrement se produisait vraiment demain ?

Chacun des huit épisodes en plan-séquence se déroule dans un lieu différent et met en scène des individus luttant contre l’effondrement de notre civilisation industrielle. Le réalisme des situations et le rythme des chapitres sont impressionnants ; une vingtaine de minutes suffit pour plonger le spectateur dans l’intrigue.

À la station-service, les conducteurs se battent pour les dernières gouttes d’essence. Au supermarché, les clients parcourent les étals presque vides. Les aides-soignants d’une maison de retraite ne savent plus comment nourrir leurs résidents et la peur déclenche le drame. Cette angoisse que projette la série inspirent-elle alors action et engagement ?

https://youtu.be/fTF2-mGkgYA

L’effondrement

La série ne précise pas en quoi consiste exactement l’effondrement. L’idée était que cela se produise assez rapidement afin de susciter un sentiment d’urgence tout au long des chapitres et pour que le spectateur se concentre sur les conséquences.

Dans ce monde post-effondrement, où l’État a perdu toute forme d’autorité, seule la loi du plus fort prévaut. Les plus riches s’en sortent, les autres sont obligés de se débrouiller seuls et de coopérer avec plus ou moins de succès. La rareté des ressources fait que chacun devient un potentiel pillard ou assassin.

Ce n’est toutefois pas seulement l’intrigue qui est pertinente. La tension que génère le plan-séquence fait que l’on ne peut pas s’empêcher de regarder les épisodes en une seule nuit, malgré les conséquences de l’insomnie.

L’effondrement : serions-nous comme ça en réalité ?

La frénésie audiovisuelle survient parce que nous voulons savoir comment s’en sortent les gens. Et c’est là que l’effet de réalité fictive fonctionne pleinement : l’effondrement est si réaliste qu’on l’imagine se produire ainsi.

Le problème est qu’il s’agit d’une histoire qui traite de l’individualisme et de la violence. Chaque personnage est dans l’obligation de faire des choses totalement immorales, qu’il ne ferait pas ou ne justifierait pas dans d’autres circonstances.

C’est alors que l’on comprend que L’effondrement n’est pas simplement une autre série de science-fiction. Elle ne raconte pas une dystopie qui nous semble lointaine. Plus encore, cela nous est étrangement familier.

Les débats politiques dans lesquels personne ne parle d’environnement ou s’ils le font, c’est uniquement pour critiquer les idées de l’autre. Apparaît également le scientifique qui parle de stopper la catastrophe maintenant, de manière radicale. Comme cela arrive dans la réalité, personne ne l’écoute.

Personne ne veut changer son comportement individuel. Les gouvernements, soutenus par le peuple, ne feront rien pour protéger les habitants. Ils ont déjà une alternative. Le spectateur sait tout cela. C’est ce qui fait le plus peur : la familiarité avec certaines situations, l’étrange « déjà vu » de nombreuses recettes pour le changement climatique délaissées…

Le récit transmis à travers la peur est-il toutefois propice à impliquer les citoyens dans le changement individuel et collectif  ? Cette question en amène une autre : avons-nous vraiment le temps d’en concevoir un ?

Les idées qui ont fait fonctionner la série

Le collectif Les Parasites a été fondé par d’anciens élèves de l’Ecole Internationale de Création et Production Audiovisuelle (EICAR) à Paris. Pour maintenir son indépendance, Les Parasites est principalement financé par un compte Tipeee. Il produit des courts métrages et les distribue gratuitement.

Grâce à cette indépendance, ce collectif a pu réaliser des travaux comme Artificial Love ou La Boucherie Éthique. Cette dernière aborde le changement climatique et l’élevage. Elle se fait l’écho des problèmes écologiques qui se posent dans le secteur.

La question du changement climatique et ses conséquences a toujours intéressé Les Parasites, depuis longtemps. En octobre 2018, ce collectif a réalisé un entretien croisé pour YouTube entre l’un des fondateurs de la collapsologie Pablo Servigne et l’astrophysicien Jacques Blamont.

Pour ces réalisateurs engagés, il est temps d’arrêter de jouer à l’autruche face à la menace climatique. Le dernier épisode de la série est une critique féroce de la politique des petits pas et de l’indifférence brutale des individus pour ce sujet.

Dans L’effondrement, ses réalisateurs semblent tourner une histoire basée sur la théorie d’Olduvaï qui affirme que la civilisation industrielle s’effondrera vers 1930. À partir de ce point de départ, les épisodes éveillent chez le spectateur un sentiment d’urgence et de malaise.

La série montre davantage de personnes enclines à l’entraide que d’autres classiques post-apocalyptiques, tels que Mad Max ou The Road. Cela résulte du fait qu’il ne s’agit pas d’une compétition. L’effondrement est déjà en cours et notre seule option est de choisir comment y faire face.

Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.