je te libère de moi
Relu et approuvé par le psychologue Sergio De Dios González
Je ne vais pas si mal, je te l’assure. J’ai découvert des personnes qui me font beaucoup rire. Je me retrouve, le matin, quand tu n’es pas là pour le café ; l’après-midi, quand je rentre du travail et qu’il n’y a personne sous la couverture…
Je ne vais pas si mal, crois-moi. Je vais bien, même si je te vois encore une fraction de seconde dans chaque café, chaque fois que je tire cette couverture et cherche quelque chose sur quoi m’appuyer. Je te le dis : ce n’est pas la même chose d’être qu’être présent; tu n’es plus là, mais tu es toujours.
Je vais bien. J’ai ouvert mes bras pour les remplir de nouveaux souvenirs dans lesquels tu n’apparais pas. Et pourtant j’avoue : je n’en ai toujours pas assez pour arrêter d’avoir froid.
Tu n’es plus là, même si je te vois
L’écrire est le moyen le plus dur et le moins courageux que j’ai trouvé pour te dire que tu me manques inconditionnellement, mais que j’ai besoin de vivre avec moi – autant ou comme tu le faits sans moi. C’est-à-dire que si nous ne pouvons plus être un, la meilleure chose est que je commence à apprendre à être moi. Fondamentalement, que celui/celle qui doit être avec moi est moi-même.
Et toi, tu n’es plus là depuis longtemps, même si je peux continuer à te voir dans tous les endroits où je vais. Tu sais, ceux qui conservent tout l’amour que j’ai encore pour toi car nous nous devons et nous leur devons tout le bonheur que nous fumes un jour. Car malgré le chagrin reste le fait que nous sûmes nous faire rire véritablement.
Ce sera difficile d’arrêter de se voir. Mais le meilleur conseil que je puisse nous donner est d’être aussi fort que nous avons osé l’être lorsque nous avons décidé de commencer. Je sais que ce n’est pas pareil, que tu étais là et que j’étais là. Nous pouvons néanmoins le faire, je peux le faire.
je te libère de moi
Ils m’ont également dit là-bas – et c’est la vraie fonction de ces mots- que la meilleure façon de mettre fin à la douleur est de la libérer. Pour cette raison, sans rancune et sans haine, je t’offre toute la liberté dont tu as besoin. Je ne parle pas de quelque chose qui est déjà clair, que tu es parti. Mais à te laisser être pour de vrai, sans culpabilité ni remords, sans pleurer.
Pour cela, le mieux, du moins pour l’instant, c’est qu’on oublie tout : les dimanches chez toi, les films partagés lors desquels je m’endormais toujours, les repas qu’on ne partagera plus jamais. Laissons aller les rêves que nous n’avons pas réalisés, ma mauvaise humeur qui empêchait ton sourire, ta tristesse, notre joie. Tournons la page.
Disons adieu aux villes qui nous ont vus ensemble, aux premières fois qui continueront toujours d’être, à ce que tu m’as appris et à ce que j’aurais pu t’apprendre. Commençons à zéro. Je te libère de moi, de la même manière que le fait chaque recoin qui nous vit un jour et ne nous reverra plus.
Je dis adieu sans savoir du tout comment le faire, car je sais que c’est obligatoire si je ne veux pas que cet adieu le soi de moi, définitivement. Je suis sûr que tu es également d’accord sur ce point : si nous ne pouvons pas être comme nous le voulions, le plus sain est que nous soyons autrement. Et si maintenant il n’y a plus moyen, la seule chose qui puisse nous guérir, c’est que nous ne soyons plus.
“Aujourd’hui, je te libère.
je te libère de moi
de mes maux,
de ces infinis dimanches après-midi,
de la haine de mes anniversaires,
de ne pas savoir comment te donner quelque chose
que tu n’as pas ou que tu ne perdes pas.
Je te libère de ma déception,
de ton karma,
de mes nouvelles,
de cette contradiction qui m’a envahi
et ce que je représente.
Je te libère de mes appels
de mes enchevêtrements,
de mes cheveux,
chinois, longs et ébouriffés
qui s’emmêlaient entre tes doigts et m’a faisait mal.
je te libère de ma conscience
des chutes, des remises sur pieds,
de cette fuite.
Je te libère de ces points de suspension,
points et virgules,
des questions ou des exclamations,
bref de toutes les règles d’orthographe qu’il y eut et aura.
Je te libère avec cette porte que tu viens de fermer,
pour que tu partes,
que tu me quittes,
pour que tu me vois loin et m’aimes moins chaque jour,
Même si ça me fait mal au plus profond de mon cœur. “
-Mario Benedetti-
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