Intéroception : au-delà des cinq sens
Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater
L’intéroception est la capacité à reconnaître les stimuli et sensations que nous envoie notre corps. C’est l’art d’habiter et de comprendre cette belle enveloppe physique pleine de connexions, de récepteurs, de cellules et de tissus délicats qui nous envoient les messages les plus variés, ceux que nous n’écoutons pas toujours. Malgré tout, des pratiques comme le mindfulness peuvent nous aider à y parvenir.
Certains disent que, dans le fond, nous devons être contents de ne pas avoir ce sens si développé ou aussi précis que peuvent l’être la vue ou l’odorat. Personne ne peut apprécier d’écouter comment un leucocyte fait face à un agent infectieux, comment nos sucs gastriques se ségrèguent ou quel bruit fait un neurone au moment de mourir, pour ne donner que quelques exemples.
Comprendre le sens de l’intéroception, de tous ces signaux que nous envoie notre organisme nous aide à agir de façon saine dans notre quotidien.
Cependant, il convient de préciser qu’il n’y a pas besoin d’atteindre ces extrêmes pour apprécier ce que le sens de l’intéroception peut réellement nous fournir. Ainsi, et pour seul exemple, une chose qui a été démontrée en 2011 grâce à une étude réalisée par le psychophysiologue Hirokata Fukushima est que cette fonction est intimement liée à l’empathie.
Quand nous entrons en connexion avec quelqu’un pour comprendre ses émotions, ses besoins ou ses préoccupations, notre organisme réagit d’une façon très particulière et presque fascinante. Les états affectifs des autres sont comme des stimuli qui ne nous sont presque jamais indifférents : le cerveau réagit, le cœur réagit… et la peau peut le faire aussi.
Comprendre plus profondément les mystères de la fonction intéroceptive nous permettrait sans doute d’en savoir un peu plus sur la façon dont sont reliés le corps et l’esprit. Par ailleurs, et ce n’en est pas moins important, cela nous aiderait aussi à mieux nous occuper de notre santé: nous comprendrions ces indicateurs qui, parfois, nous préviennent que quelque chose ne va pas dans notre corps.
L’intéroception dans notre vie quotidienne
Les personnes passent une bonne partie de leur temps à prendre soin d’elles. Nous faisons attention à notre hygiène, nous nous nourrissons de façon équilibrée, nous faisons du sport, nous aimons faire bonne impression, nous choisissons nos vêtements en fonction de notre style, nous nous coiffons, nous nous maquillons, nous prenons soin de notre peau et essayons d’avoir un sommeil réparateur.
Or, aussi curieux que cela puisse paraître, nous oublions de faire une chose dans cette routine: écouter notre propre corps. Nous ne faisons pas attention à ce qu’il nous dit quand il nous envoie, par exemple, un message de douleur: une tension accumulée dans la nuque, une céphalée qui semble nous donner des coups de marteaux au niveau des sinus… Notre esprit est stressé et l’organisme tout entier réagit face à cette émotion déstabilisante sans que nous lui prêtions l’attention qu’il mérite, sans que nous percevions ce qu’il se produit réellement en nous.
Les sportifs, en revanche, ont normalement un sens de l’intéroception bien développé. Les bons athlètes sont capables de discerner quand une sensation physique est normale ou pathologique, quand cette douleur dans un mollet peut être due à une simple surcharge ou indiquer une blessure musculaire. Parfois, ils sont même capables d’avancer avec la douleur pendant des heures pour atteindre leur but ou pour donner le meilleur d’eux-mêmes au cours d’un match. La connexion esprit-corps, dans ce cas, présente une alliance efficace pour améliorer notre rendement quand nous en avons besoin.
L’intéroception et le cortex insulaire
L’intéroception a été un champ d’études très habituel dans le domaine de la psychophysique, la psychologie des émotions, l’apprentissage et le biofeedback. Ainsi, au cours de ces dernières années, il a été normal de fréquemment trouver une nouvelle étude permettant d’approfondir un peu plus ce sens si spécial et important chez l’être humain.
Un aspect qu’il est intéressant de prendre en compte est que des processus aussi basiques que la soif, la faim, le sommeil ou la sensation de froid et de chaud sont des messages que nous envoie notre sens de l’intéroception. Ce sont des mécanismes qui garantissent notre survie et dont nous devons être conscients. D’autres, en revanche, sont plus subtiles et passent souvent inaperçus.
Si nous nous interrogeons maintenant sur la structure ou l’air de notre cerveau qui régule ces processus, nous pouvons nous appuyer sur un travail publié en 2012 dans une revue de neuropsychologie. Le cortex insulaire, une aire très profonde située dans la partie latérale du cerveau, se charge de réguler des processus comme la conscience de nos émotions et les sensations corporelles.
Le cortex insulaire est un centre de contrôle où, d’une certaine façon, on remarque très précisément cette union toujours intéressante et méconnue de notre part entre l’esprit et le corps…
Mindfulness et intéroception
Nous le signalions au début: une façon de prendre conscience de notre sens de l’intéroception est de pratiquer le mindfulness. Cette pratique basée sur la méditation et l’attention pleine nous permet d’entrer en connexion avec nos sensations physiques pour mieux nous lier à notre être et comprendre notre esprit, nos besoins et la façon dont l’environnement et ses processus influent sur notre organisme.
Être capables d’écouter et de discerner chacun des signaux que nous envoie quotidiennement notre corps est une façon de gagner en santé et en qualité de vie. Nous gérerions mieux le stress, nous anticiperions même des indicateurs de possibles pathologies (comme l’hypertension). Par ailleurs, en ayant connaissance de nos limites et en étant conscients de ne pas être des machines, nous pourrions être plus productifs. Au final, nous sommes bien un merveilleux mais pourtant délicat ensemble de cellules, tissus et émotions…
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- Craig, A. D. (2003). Interoception: The sense of the physiological condition of the body. Current Opinion in Neurobiology. https://doi.org/10.1016/S0959-4388(03)00090-4
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