Il y a toujours quelqu'un qui vous regarde : le panoptique de Foucault
On parle de panoptique de Foucault pour faire référence à une thèse du philosophe français du même nom sur le pouvoir, le contrôle et la domination. Au sens strict, un panoptique est un bâtiment dans lequel est placé un poste de surveillance couvrant l’ensemble du lieu. Cela signifie que ceux qui regardent les écrans depuis le poste de surveillance peuvent observer tout ce que font les personnes qui se trouvent à l’intérieur du bâtiment, mais que eux ne sont en revanche pas visibles.
Dans le cadre de la théorie du panoptique de Foucault, on utilise un concept analogue, mais d’un point de vue plus symbolique et abstrait. En effet, selon Foucault, dans la société opère un mécanisme similaire à celui du panoptique original, qui correspond essentiellement aux fonctionnements d’une prison.
Cependant, les mécanismes de surveillance et de contrôle dans la société sont beaucoup plus sophistiqués et imperceptibles. Il y a des poches d’observation de tout ce que nous faisons, mais ceux-ci passent inaperçus ou sont acceptés sans plus de résistance. Voilà ce que propose la théorie du panoptique de Foucault : nous sommes constamment surveillés et contrôlés.
Le panoptique de Foucault et la société disciplinaire
Pour Foucault, l’évolution de l’histoire nous a conduit à construire une société disciplinaire. C’est-à-dire une société qui évolue autour des mandats et des obédiences. Le facteur qui rend tout cela possible est la surveillance, qui correspond précisément au panoptique de Foucault.
Dans la société disciplinaire, on cherche à uniformiser le comportement des personnes. Pour ce faire, une série de prix et de punitions sont mis en place. Ceux qui se conforment à la norme sont récompensés et ceux qui s’en écartent sont punis. Si tous les individus ont un esprit plus ou moins égal, il est plus facile d’exercer un contrôle sur eux. En même temps, le moyen de les contrôler consiste à uniformiser leurs esprits.
Les examens d’État dans de nombreux pays en sont un exemple. Ceux-ci s’appliquent à tous les étudiants et attribuent un score. Selon ce score, des privilèges sont acquis ou perdus. Cette mesure uniformise tout le monde et détermine une place dans le système. C’est aussi un moyen de contrôler l’apprentissage, sans s’avérer être un moyen idéal pour mesurer les connaissances.
La surveillance invisible
La théorie du panoptique de Foucault établit que les instances qui observent sont invisibles pour ceux qui sont surveillés. C’est un pouvoir abstrait et imprécis, qui s’applique à travers de nombreux agents. Pensez, par exemple, à une entreprise. Peut-être un employé ne verra-t-il jamais personnellement le propriétaire. Mais celui-ci exerce un contrôle sur l’employé par le biais d’une série d’instances. Parfois, les chefs immédiats, parfois les caméras dans les installations, etc. L’employé est visible pour le propriétaire, car ceci contrôle son temps et ses déplacements, mais la même chose ne se produit pas dans le sens opposé.
L’un des aspects soulignés par Foucault est précisément le contrôle du temps et des mouvements. Il se travaille à l’école, au travail et dans divers établissements et espaces. Les gens doivent se déplacer à travers certains espaces et pas d’autres. Ils devraient s’asseoir ou se lever. Ils doivent également régler leur temps en fonction de différents pouvoirs.
Peut-être que beaucoup de gens pensent que cela est parfaitement normal et qu’il est approprié qu’il en soit ainsi, de sorte qu’il existe un ordre social. Cependant, cette obsession pour le contrôle et la discipline n’existe pas dans toutes les époques de l’histoire, ni dans toutes les sociétés.
Maîtrise de soi et autocensure
Foucault a plaidé pour l’idée qu’un jour la punition physique ne soit plus nécessaire pour forcer les gens à agir comme le veut leur maître. La société actuelle a tout normalisé. Elle a déterminé les bons et les mauvais, dans de nombreux cas de manière totalement arbitraire. Cela finit même par envahir les aspects les plus intimes d’une personne, y compris la sexualité.
Le message symbolique envoyé aux grandes institutions (écoles, État, médias, etc.) est si puissant que les mêmes personnes contrôlées collaborent à l’exercice du pouvoir. Elles “se contrôlent” et “s’autocensurent”. Ils craignent une sanction, une exclusion.
Foucault n’a pas vu les progrès impressionnants de la technologie en matière de surveillance. Le sujet a dépassé ses craintes. Les technologies de l’information permettent de surveiller en permanence chacun de nous. Nous le savons et cela nous fait ressentir une peur imprécise. Il y a un grand désir de ne pas être différent des autres, d’être en uniforme. Ainsi, le grand pouvoir semble se consolider de plus en plus.
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Jay, M. (2007). ¿ Parresía visual? Foucault y la verdad de la mirada. Estudios visuales: Ensayo, teoría y crítica de la cultura visual y el arte contemporáneo, 4, 7-22.
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