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HAL 9000 : intelligence et évolution

7 minutes
Connaissez-vous le personnage de HAL 9000 ?
HAL 9000 : intelligence et évolution
Sergio De Dios González

Rédigé et vérifié par le psychologue Sergio De Dios González

Écrit par Leah Padalino
Dernière mise à jour : 11 novembre, 2022

Aujourd’hui encore, le film mythique 2001, l’Odyssée de l’espace, continue de surprendre et de captiver les spectateurs. Et cette magie dure depuis 1968, ce qui est assez incroyable. Ce film n’a absolument rien à envier à la science-fiction actuelle. Il est magistral du début à la fin et représente, pour beaucoup, le meilleur film qui ait jamais existé. Evolution et intelligence, machines et hommes, HAL 9000 et Bowman et une fin qui nous laisse bouche-bée composent l’une des plus grandes œuvres du cinéma.

Peu de films survivent aussi bien au passage du temps, et peu de films des années 60 ont des effets qui continuent de surprendre. 2001, l’Odyssée de l’espace nous apporte la plus grande ellipse temporelle jamais vue : du jet d’un os à un vaisseau spatial, telle est la façon de Stanley Kubrick de résumer l’évolution humaine.

Le film n’a quasiment pas de dialogue. Il s’agit d’une expérience purement visuelle, accompagnée d’une bande-son qui n’aurait pas pu être mieux choisie. L’oeuvre parle d’elle-même et nous présente les principales réflexions de l’humanité. Elle parvient à unir la science au monde mystique, le scepticisme à la spiritualité, remet en question les progrès technologiques et notre propre intelligenceDes inventions qui étaient impensables à l’époque apparaissent et le spectateur fait la connaissance d’un personnage qui semble très humain alors qu’il n’a rien d’un homme : HAL 9000.

Il est impossible de résumer en peu de termes ce que suppose 2001, l’Odyssée de l’espace, que ce soit à travers ses apports au cinéma ou par l’expérience qu’il propose au spectateur. Nous centrerons donc notre attention sur l’ordinateur iconique et intelligent HAL 9000. Mais avant cela, nous allons brièvement nous intéresser à la trame du film.

L’expérience 2001, l’Odyssée de l’espace

Dire que 2001, l’Odyssée de l’espace est une oeuvre pour se distraire et s’évader serait assez loin de la réalité. Il s’agit d’un film totalement novateur qui fait vivre une expérience au spectateur. Le scénario a été imaginé par Kubrick et l’écrivain Arthur C. Clarke; il se déroule en parallèle à son roman homonyme. Le film est spectaculaire sur le plan visuel et sa bande-son est splendide. Loin d’être un simple composant émotionnel, elle constitue un élément fondamental qui dote le film d’une formidable base philosophique.

La trame repose sur des questions philosophiques, scientifiques et évolutives qui ont toujours accompagné l’être humain. La bande-son choisie est majoritairement l’oeuvre de Richard Strauss. Le choix de la composition Ainsi parlait Zarathoustra (Strauss, 1896) n’est pas anodin; il s’agit d’un poème symphonique qui s’est inspiré de l’oeuvre homonyme de Friedrich Nietzsche. Il y exposait, entre autres arguments, son idée de l’Übermensch ou Surhomme. Cette idée, tout comme celle de l’éternel retour, vont être deux des piliers fondamentaux du film.

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Nous parlons beaucoup de l’évolution mais peu du futur. Lorsque nous pensons à l’évolution, nous associons automatiquement ce concept à l’idée de “nous venons du singe”. Or, nous pensons rarement au futur de notre propre évolution. Quand nous voyons 2001, c’est une chose à laquelle nous ne pouvons éviter de réfléchir : et s’il nous restait encore beaucoup de phases d’évolution ? Et si nous n’étions qu’une étape avant d’arriver au surhomme de Nietzsche ?

Ce que le film de Kubrick nous propose va bien au-delà du sceptique. Il unit l’idée d’évolution à celle d’une intelligence supérieure, plus développée et, en définitive, extraterrestre. Une autre histoire liée à l’ordinateur HAL 9000 se déroule parallèlement à la trame principale : elle nous amène à réfléchir à la nature de nos progrès et à douter de nos idées sur l’humain.

La trame principale

Elle est liée à l’évolution. Au début, nous observons un groupe de primates qui, grâce à l’apparition d’un monolithe, parviennent à développer des outils. Nous assistons à la naissance des premiers hommes. Puis, tout à coup, une ellipse temporelle nous conduit au moment où l’homme est parvenu à conquérir l’espace. 

Le second monolithe apparaît, nous indiquant que l’homme est prêt à évoluer. Or, pour cela, il devra détruire sa propre création pour éviter que celle-ci ne le dépasse : HAL 9000. Ensuite, un autre monolithe nous transporte dans une nouvelle dimension spatiale et temporelle, avec une réflexion sur la vie humaine et le passage du temps. Enfin, un dernier monolithe apparaît dans une scène qui est liée à La création d’Adam de Michel-Ange. Nous assistons à la mort de l’homme et, en même temps, à sa renaissance dans un nouvel être qui sera rendu à la terre : l’éternel retour et le surhomme. 

La trame d’HAL 9000

La création de l’homme, la perfection d’une machine qui se rebelle contre son créateur. Est-ce une métaphore de l’humanité ? HAL semble incroyablement humain et ses créateurs ne savent même pas s’il a des sentiments. Or, il en a sûrement. Alors, qu’est-ce qui nous rend humains ?

 

 

La nature d’HAL 9000

HAL 9000 est la pièce fondamentale de la mission vers Jupiter dans le vaisseau Discovery. Les astronautes ignorent le véritable but de leur mission. HAL a été créé pour ne pas commettre d’erreur : il est simplement parfait. Il a par ailleurs été programmé dans un seul but : réaliser la mission et ne pas dévoiler la nature de cette dernière aux occupants du vaisseau.

Tout semble se passer comme d’habitude dans le Discovery, jusqu’à ce que HAL informe Bowman d’une faille qui, finalement, n’existe pas. Comment est-il possible qu’un ordinateur parfait incapable de commettre des erreurs se trompe ? Cela pousse les astronautes à se méfier de lui et à songer à le déconnecter. HAL ne peut pas les entendre mais est capable de lire sur les lèvres. En découvrant les plans des astronautes, il finit par ressentir un sentiment très humain : la peur.

Mais que s’est-il produit ? HAL est programmé pour ne pas échouer et, en même temps, pour ne pas révéler la nature de la mission. La réponse de Bowman fait naître une certaine incertitude en lui et HAL a peur que la mission n’atteigne pas son objectif. Il doit donc décider entre raconter la vérité à Bowman pour ne pas mettre la mission en péril ou garder le secret, quelque chose qui pourrait tout faire échouer. HAL se trouve face à un dilemme dont il a du mal à s’échapper et finit par avoir recours à quelque chose de totalement humain : le mensonge.

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L’humanité d’une machine

En faisant cela, HAL 9000 cesse d’être uniquement une machine. La mission l’obsède et il se comporte de manière irrationnelle à cause de sa souffrance. Il est le maître de ses pensées, de ses sentiments et est conscient de sa propre existence. Lorsqu’il apprend que les astronautes veulent le déconnecter, il ressent la peur la plus humaine qui soit : la peur de la fin de son existence. Kubrick nous dessine l’un des dangers de notre contemporanéité : le moment où les machines dépassent et dominent l’être humain.

Certains parallélismes ont été relevés entre 2001 et L’Odyssée d’Homère. Par exemple, le mot “odyssée” apparaît déjà dans le titre du film. Mais le plus intéressant est la similitude entre le personnage de HAL 9000 et le cyclope Polyphème. Les cyclopes n’ont qu’un seul œil, ce qui, sur le plan visuel, nous rappelle “l’œil” rouge de HAL.

Polyphème a attaqué et assassiné les compagnons d’Ulysse et c’est finalement ce dernier qui l’a vaincu; il l’a fait en l’enivrant et en l’étourdissant. HAL, de son côté, se rebelle et met fin à la vie des astronautes. Mais c’est finalement Bowman qui parvient à le déconnecter et HAL perd conscience progressivement jusqu’à mourir. Bowman est le seul qui réussit à survivre et deviendra le surhomme.

Conclusion

En définitive, ce film nous livre une profonde réflexion sur la nature humaine et l’intelligence. La trame et en particulier sa fin constituent une véritable expérience, un voyage vers les profondeurs de l’humanité. Sans s’appuyer sur les mots, Kubrick parvient à nous livrer une histoire qui se plonge dans une infinité de questions philosophiques et nous apporte un personnage brillant, celui d’HAL 9000. Un personnage qui, même s’il n’a pas de forme humaine, est extraordinairement humain.

“Je suis désolé Dave, je ne crois pas pouvoir faire ça.”

-HAL 9000-

 

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