Grossophobie : le véritable éléphant de la salle

La phobie des graisses est l'un des produits sociaux les plus pervers. A travers elle, nous pouvons en venir à craindre un élément tant associé à notre être, notre corps.
Grossophobie : le véritable éléphant de la salle
Sergio De Dios González

Rédigé et vérifié par le psychologue Sergio De Dios González.

Dernière mise à jour : 26 janvier, 2023

Vivre de l’autre côté de ce qui est considéré comme normal par une bonne partie de la société a un coût très élevé. La phobie des graisses (grossophobie) est l’un des phénomènes qui affecte directement les personnes qui n’ont pas un faible indice de masse corporelle (IMC).

La peur des graisses n’est associée à rien de positif. Elle est liée à des intuitions ou présuppositions nées chez ceux qui ne recherchent qu’un marché pour s’enrichir. Des entreprises qui ne pensent qu’à se remplir les poches ou simplement à se sentir mieux via la comparaison avec les autres.

La grossophobie est la peur des graisses.

Préjugés et origine de la grossophobie

Nombreuses sont les personnes qui lorsqu’elles voient quelqu’un avec un IMC supérieur à ce qui est considéré comme recommandé, pensent que c’est une personne insatisfaite. Ils supposent automatiquement que c’est le cas. Ces personnes font aussi souvent l’erreur de supposer que cette personne manque de volonté pour manger sainement ou aller à la gym.

Se positionner dans cette vision nous donne une image très positive de nous-mêmes. Si nous prenons soin de nous-mêmes, cela veut dire que nous faisons preuve de volonté.  Et c’est pourquoi nous avons un IMC considéré correct.   On suppose que l’autre n’aime pas son corps et que sa volonté est trop fragile et son esprit trop faible face à la tentation de la malbouffe.

Il est beaucoup plus facile d’assumer cette ligne de pensée, plutôt de penser que l’autre est comme il est tout simplement parce qu’il le souhaite et se sent bien. Nous aurions alors à nous demander si tous ces sacrifices que nous faisons servent à réaliser quelque chose que nous voulons vraiment réaliser.

De plus, il est beaucoup plus facile de supposer que ces personnes manquent de volonté, car cette pensée alimente l’idée que nous contrôlons notre corps et qu’en faisant “les choses correctement”, nous ne serons jamais gros. Cependant, la réalité est bien différente…

Par ailleurs, lorsque une personne obèse se présente, elle suscite souvent la compassion et le chagrin chez les autres. Une réaction similaire à celle vécue par ceux qui souffrent d’une maladie.

La grossophobie est une phobie très limitante.

Quand la peur des graisses nous fait mal

La grossophobie, au sein des phobies, est particulièrement limitante. Elle suppose une lutte avec quelque chose qui nous appartient, avec une partie de nous avec laquelle nous ne pourrons cesser de vivre. Essayer de le faire nous causerait du tort, cela signifierait arrêter de vivre.

Rares sont ceux qui essaient de suivre cette voie. Ils se dissocient ou ignorent leur corps. Mais le prix qu’ils paient est très élevé. Ils s’isolent des signaux du corps. La douleur les rend plus alertes par la suite – avec les conséquences que ce phénomène peut avoir sur le plan médical. Ils associent tout ce qui est désagréable au sujet de leur corps à l’obésité.

D’autre part, de nombreuses personnes obèses renoncent à pratiquer des activités agréables,  comme le sport, une journée à la piscine ou une longue douche. Ce n’est pas parce qu’elles ne veulent pas être vues, c’est qu’elles veulent arrêter de se voir. Elles souhaitent ainsi couvrir un corps qu’elles ne supportent pas…

Ces personnes cessent de vivre en compagnie de leur corps, d’être en symbiose avec lui. Leur vie comprend une bataille qui se déroule en arrière-plan. Souvent un combat lié à un désir adopté et dans lequel la compassion, la compréhension et l’affection n’ont pas leur place.


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