Est-il vrai que les filles sont matures plus tôt que les garçons ?
Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater
Ce sujet soulève toujours quelques polémiques. Dire que les filles sont plus matures que les garçons est une évidence pour beaucoup mais aussi une forme de discrimination pour d’autres.
Cependant, de nombreuses familles et d’éducateurs perçoivent chez les filles des capacités plus précoces. Par exemple, elles savent réguler leur comportement plus jeunes. Elle font souvent preuve d’une plus grande maîtrise de leurs émotions. Parfois même, on leur attribue une meilleure capacité de réflexion.
Attention néanmoins, nous ne parlons pas ici de potentiel intellectuel. On mesure la maturité des enfants dans la manière dont ils traitent les informations et dans leur capacité à contrôler leurs impulsions. Selon des données scientifique, tout cela semble se développer plus tôt chez les filles.
Cela trouve son origine dans un fait particulier. Il s’agit de la restructuration du cerveau qui a lieu pendant l’enfance. Voyons tout cela plus en détail.
“Ce n’est que lorsque ce cerveau émotionnel a reçu l’affection dont il avait besoin qu’il peut développer une pleine capacité intellectuelle.”
-Alvaro Bilbao
Quelques éléments pour comprendre pourquoi les filles deviennent matures plus rapidement
Dire qu’il existe de légères différences dans le fonctionnement neurologique des hommes et des femmes n’est pas une discrimination. C’est un fait scientifique. Nous savons pertinemment que les deux sexes suivent des processus neuromaturatifs identiques qui leur permettent d’obtenir un cerveau flexible et efficace, prêt à interagir avec leur environnement.
Cependant, le cerveau féminin commence ce développement neurologique plus tôt. C’est là que réside la clé et le mystère de la raison pour laquelle les filles sont matures plus tôt que les garçons.
L’un des travaux de recherche les plus intéressants et les plus révélateurs sur ce sujet est celui réalisé à l’Université de Newcastle, au Royaume-Uni en 2013. Passons brièvement ces données en revue.
Le changement se produit entre 10 et 19 ans
L’objectif de cette étude de l’Université de Newcastle était de connaître le niveau de développement des connections dans le cerveau humain entre 4 et 40 ans. Pour le savoir, Markus Kaiser et son équipe, en collaboration avec le National Institutes of Health (NCBI), ont réalisé des examens IRM sur un large échantillon de population dans cette tranche d’âge.
L’élément le plus significatif qui a pu être observé est qu’entre l’âge de 10 et 19 ans, les filles commencent à montrer une plus grande organisation de leur cerveau. On a également observé une meilleure activité neurologique chez elles. Chez les garçons en revanche, ce processus de maturité commence entre 15 et 21 ans.
La raison pour laquelle les filles sont matures plus tôt que les garçons réside dans “l’élagage synaptique”
Le cerveau des nourrissons et des adolescents a besoin d’un phénomène presque magique pour se développer. Il s’agit de l’élagage synaptique.
Ce processus d’optimisation des connexions cérébrales consiste à “élaguer” (à éliminer) les connexions (ou les synapses) qui ne sont pas utilisées régulièrement. De cette manière, il ne reste plus que les connexions qui sont utilisées fréquemment.
Ce processus est rendu possible grâce à ce qu’on appelle la myélinisation. Elle permet de renforcer les connexions afin qu’elles puissent fonctionner au maximum de leurs performances.
Ce processus commence plus tôt chez les filles. Environ vers 10 ou 12 ans. Il se poursuit ensuite jusqu’à 19 ans ou plus. Chez les garçons, l’élagage synaptique commence vers l’âge de 15 ans.
Ce mécanisme d’élimination sélective des connexions cérébrales est appelé le détachement préférentiel. Un tel phénomène explique, par exemple, le fait que les filles fassent preuve d’une plus grande maturité dans les aspects émotionnels mais aussi dans le contrôle des impulsions. Évidemment, il peut toujours y avoir des exceptions.
Les filles sont matures plus tôt que les garçons, mais leurs besoins sont les mêmes
Certains mettent en garde contre le risque de mal interpréter le fait que les filles soient matures plus vite que les garçons. Parfois même, des personnes utilisent ce fait pour exercer une pression sur les jeune fille elles-mêmes. Par exemple, certaines familles peuvent alors leur confier des responsabilités qu’elles ne donnent pas à leurs frères.
On peut alors entendre des commentaires du genre “ne prends pas les choses de cette façon, tu es plus mature que ton frère”. Cependant, de telles affirmations ne sont pas très pédagogiques. Ce petit avantage qui, en moyenne, leur est accordé n’est néanmoins pas un acquis, ni même une excuse pour leur donner plus de responsabilités.
Il faut traiter tous les enfants de la même manière. Et ce, quel que soit leur sexe, En effet, il convient de traiter chaque enfant et adolescent en fonction de ses besoins individuels.
Les spécialistes du développement cérébral de l’enfant soulignent la nécessité d’accorder une attention personnalisée aux garçons et aux filles dès leur plus jeune âge. Et ce, afin d’optimiser la plasticité de leur cerveau et l’élagage synaptique.
Cet avantage en terme de maturité qu’ont les filles sur les garçons pourrait se perdre. De la même façon, la maturité cérébrale des garçons pourrait même se voir encore plus retardé
Nous savons à présent que les filles arrivent à maturité plus tôt que les garçons. Nous savons également que rien n’est aussi important pour le cerveau d’un enfant qu’un élagage sain de leurs neurones. Rappelons que ce phénomène se produit entre 10 et 21 ans.
Cependant, les neuroscientifiques nous mettent en garde. L’exposition précoce aux écrans et l’hyperactivité que cela peut entraîner pour leur cerveau nuit au bon développement du cerveau. Il en va de même du manque d’exercice, de l’absence de lien social et de la mauvaise alimentation
Les enfants du XXIe siècle sont souvent très exposés aux nouvelles technologies. De plus, leur mode de vie sédentaire peut entraîner un retard dans la maturité de leur cerveau et dans cet élagage synaptique dont nous avons parlé.
Se préoccuper de la plasticité cérébrale des tout-petits, encourager leur curiosité, leur permettre de nouer des liens avec leurs camarades et leur faire faire de l’exercice physique en plein air sont des éléments essentiels pour investir dans leur bien-être, leur santé et dans leur bonheur. Gardons cela à l’esprit.
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- Sol Lim, Cheol E. Han, Peter J. Uhlhaas(2013) Preferential Detachment During Human Brain Development: Age- and Sex-Specific Structural Connectivity in Diffusion Tensor Imaging (DTI) Data. Cerebral Cortex, Volume 25, Issue 6, June 2015, Pages 1477–1489, https://doi.org/10.1093/cercor/bht333
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