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Consommation psychédélique et mort de l'ego

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La mort de l'ego est une expérience d'unité et de transcendance que certains cherchent à réaliser grâce à l'utilisation de drogues psychédéliques. Même s’il n’est pas exclu qu’ils y parviennent, il est également vrai que l’expérience est très dangereuse. Nous en parlons aujourd'hui.
Consommation psychédélique et mort de l'ego
Dernière mise à jour : 17 septembre, 2024

La mort de l’ego est un concept créé par le bouddhisme et équivaut à ce que cette philosophie appelle «l’illumination». Traditionnellement, il s’agit d’un état d’unité complète avec l’univers et s’obtient après une longue formation en méditation transcendantale. Cependant, un secteur de l’Occident a repris cette idée et en a fait une expérience possible utilisant les psychédéliques.

Comme on le sait, de nombreux psychédéliques induisent une expérience chimique de dissociation. C’est-à-dire une séparation entre le soi et le corps ou entre la conscience mentale et corporelle. Certains pensent qu’un état de cette nature équivaut à la mort de l’ego. Qu’il soit accessible via des psychotropes ou qu’il ne soit pas encadré dans un processus d’évolution spirituelle.

Au-delà de toute considération, expérimenter la mort de l’ego, supposée ou réelle, grâce à l’utilisation de psychédéliques, comporte plusieurs risques. Certaines de ces substances doivent être utilisées dans une proportion considérable pour atteindre le but recherché. De même, dans certains cas, elles pourraient avoir des effets à long terme, voire irréversibles.

“Adam Parsons”

La mort de l’ego peut imposer une perception prématurée. Carl Jung a dit : « Méfiez-vous des connaissances que vous n’avez pas acquises. » La mort de l’ego peut forcer l’esprit à voir des parties de lui-même auxquelles il n’est pas prêt à faire face.

La mort de l’ego

Pour les bouddhistes, l’ego est un ensemble de conditionnements hérités qui se manifestent principalement à travers les désirs et les peurs. Atteindre un état dans lequel les deux éléments disparaissent équivaut à se libérer et à créer un lien d’unité avec tout ce qui existe. Ce serait, pour ainsi dire, la pleine réalisation de l’être et l’état de conscience le plus pur qui puisse être atteint.

En Occident, l’ego a davantage à voir avec la combinaison de l’idée qu’un individu se fait de lui-même ou de l’image de soi. La valeur que vous vous accordez ou l’estime de soi et les croyances, les goûts et l’idéologie ou l’identité de soi. La consolidation de ces trois éléments intervient généralement au bout de 5 ans.

Le DMN

La combinaison de l’image de soi, de l’estime de soi et de l’identité donne lieu à la formation du réseau en mode par défaut (DMN) du cerveau. Cela équivaut aux schémas habituels de pensée et de comportement et serait ce que nous appelons communément « l’ego ».

Les auteurs d’un article publié dans Neuroscience of Consciousness soutiennent que pendant l’expérience psychédélique, l’intégration de l’information est interrompue, laissant place à la phénoménologie de la mort du moi.

De leur côté, ceux qui recherchent cette expérience visent à désactiver le DMN et à permettre l’émergence d’autres réseaux habituellement inactifs dans le cerveau. Certains qualifient ce processus de « recâblage » ou de «réinitialisation» du cerveau.

En théorie, la mort de l’ego est une expérience qui aide à renouveler les schémas de pensée et augmente l’ouverture émotionnelle et l’empathie. Le plus important est que cela nous permettrait de nous voir sans les conditionnements habituels et, comme dans le cas des bouddhistes, de faire l’expérience de l’unité avec le cosmos et d’accéder à un éveil spirituel. Est-ce possible grâce à l’utilisation de psychédéliques ?

L’usage de psychédéliques et la mort de l’ego

Les psychédéliques sont des drogues hallucinogènes qui provoquent des changements dans la conscience et la perception du temps et de l’espace. Il en existe d’origine naturelle, comme la mescaline (qui provient du cactus) ou préparée en laboratoire, comme le LSD.

Ces substances sont utilisées depuis des temps immémoriaux. Bien que des thérapies spécifiques n’aient pas encore été développées, plusieurs études soutiennent leur utilisation dans les soins de santé mentale. Comme celle rapportée par la revue Pharmacopsichiatry.

L’utilisation de psychédéliques et la mort de l’ego semblent être liées. Une recherche publiée dans Frontiers in Human Neuroscience montre qu’il existe une corrélation positive entre la dose de drogue psychédélique, l’intensité de l’expérience et la dissolution de l’ego. Autrement dit, plus la dose est élevée, plus l’ego risque de mourir.

De son côté, il existe des centaines de témoignages indiquant que la consommation de psychédéliques génère l’expérience de la mort de l’ego. Il existe également un nombre important de déclarations indiquant le contraire.

Certaines personnes indiquent qu’après avoir ingéré ces substances et subi une dissociation, elles sont incapables de se restructurer. Autrement dit, elles ont du mal à se reconnaître, même physiquement.

D’autres, dans les nombreux forums sur Internet sur le sujet, rapportent également avoir subi un vide de sens après cette expérience. C’est-à-dire qu’elles ont commencé à croire que leur vie n’avait aucune valeur. Car «elle est nulle» par rapport à cette réalité transcendante qu’elles ont réussi à percevoir. Une personne peut souffrir d’une dépression nerveuse suite à la consommation de psychédéliques. Une surdose comporte un risque de décès.

Considérations finales

Les bouddhistes atteignent la mort de l’ego après un entraînement ardu et profond, note un ouvrage paru dans Cognitive Science. Accéder à cette expérience grâce à l’utilisation de psychédéliques, du jour au lendemain, n’est pas seulement une mauvaise idée. Cela comporte effectivement également des dangers pour la santé physique et mentale. L’utilisation de tout médicament doit toujours être supervisée par un professionnel compétent.

Par conséquent, il est important de faire preuve de prudence et d’être informé avant de prendre des psychédéliques dans le but de tuer l’ego. Par ailleurs, il faut souligner que ce type d’expérience ne garantit pas un éveil spirituel.


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