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La chime de l'amour : pourquoi tombons-nous amoureux-ses ?

9 minutes
La chime de l'amour : pourquoi tombons-nous amoureux-ses ?
Valeria Sabater

Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater

Écrit par Valeria Sabater
Dernière mise à jour : 15 novembre, 2021

Albert Einstein a dit une fois, qu’expliquer ce que nous ressentons d’une personne exclusivement en termes de “chimie de l’amour”,  c’est lui ôter ce qu’elle a de magique. Cependant, que nous le voulions ou non, il existe des processus tels que l’attraction ou la passion la plus obsessionnelle, où la neurochimie délimite un territoire fascinant et complexe. Elle définit également une partie de ce que nous sommes.

L’amour, d’un point de vue romantique ou philosophique, est ce dont les poètes et les écrivain-e-s nous parlent tous les jours. Nous aimons tou-te-s nous immerger dans ces univers littéraires où s’idéalisent des sentiments qui, quelquefois, cèdent la place à plus de mystères que de certitudes. Cependant, sur le fait de tomber amoureux-ses – d’un point de vue biologique – ce sont les neurologues qui peuvent nous fournir les informations les plus précises. Moins évocatrices, mais objectives et réelles.

La rencontre de deux personnalités est comme le contact de deux substances chimiques: s’il y a réaction, les deux sont transformées.

CG Jung

En outre, les anthropologues nous offrent une perspective intéressante qui correspond très bien à la chimie de l’amour que nous connaissons grâce à la neuroscience. En fait, quelque chose a toujours captivé le domaine. C’est l’idée d’identifier les processus qui sous-tendent les couples qui créent des liens durables, qui sont capables de construire un compromis stable et heureux.

Les anthropologues nous expliquent que l’humanité semble utiliser trois «tendances» cérébrales distinctes. La première est celle où l’impulsion sexuelle guide une grande partie de notre comportement. La deuxième se réfère à «l’amour romantique», où ont lieu des relations de dépendance de haut coût émotionnel et personnel. La troisième est celle qui façonne l’attachement sain, où le couple construit une complicité significative dont les deux membres bénéficient.

Maintenant, au-delà de la compréhension de ce qui garantit la stabilité et le bonheur dans un couple, il y a un aspect qui nous intéresse tou-te-s. Nous parlons du fait de tomber amoureux-ses. Nous parlons de la chimie de l’amour, ce processus étrange, intense et déconcertant qui nous fait parfois poser les yeux, l’esprit et le cœur sur la personne la moins appropriée. Ou, au contraire, sur la plus adéquate en définitive…

La chimie de l’amour et ses ingrédients

Il est fort probable que plus d’un-e de nos lecteur-trice-s pense que le fait de tomber amoureux-se ne soit expliqué que d’un point de vue neurochimique. Cette attraction est le résultat d’une formule dont les variables correspondent à la chimie de l’amour et aux neurotransmetteurs qui interviennent dans ce processus. Là où notre cerveau capricieux orchestre à volonté telle magie, tel désir et obsession…

Ce n’est pas comme ça. Chacun-e de nous a certaines préférences, très profondes, idiosyncratiques et parfois même inconscientes. Il y a aussi des preuves évidentes que nous tombons souvent amoureux-ses de personnes ayant des caractéristiques similaires aux nôtres : degré d’intelligence similaire, même sens de l’humour, mêmes valeurs…

Cependant, il y a quelque chose de frappant et à la fois fascinant dans tout cela. Nous pouvons être dans une salle de classe avec 30 personnes avec des caractéristiques similaires aux nôtres, des goûts et les valeurs similaires sans que nous ne tombions jamais amoureux-ses de toutes. Le poète et philosophe indien Kabir a dit que le chemin de l’amour est étroit et que dans le cœur il n’y a de place que pour une personne. Alors…quels autres facteurs conduisent à un tel sort ? Qu’est-ce que nous comprenons comme la chimie de l’amour ?

“Dopamine, norépinéphrine, sérotonine… Nous sommes une usine de médicaments naturels quand nous tombons amoureux.”

-Helen Fisher-

L’arôme des gènes

Intangible, invisible et imperceptible. Disons à présent que nos gènes donnent lieu à un parfum particulier capable d’éveiller l’attraction en certaines personnes et pas en d’autres. On imagine aisément que plus d’un lecteur remue un de ses sourcils en une grimace de scepticisme subtil.

  • Cependant, plus que des gènes, celui qui dégage une odeur particulière – dont nous ne sommes pas conscient-e-s, mais qui guide notre comportement d’attraction – est notre système immunitaire, et en particulier les protéines du CMH.
  • Ces protéines ont une fonction très spécifique dans notre corps : elles déclenchent la fonction défensive.
  • On sait par exemple que les femmes sont inconsciemment attirées par des hommes ayant un système immunitaire différent du leur. C’est l’odeur qui les guide dans ce processus. Si elles préfèrent des profils génétiques différents du leur, c’est pour une raison très simple : la progéniture. Un tel appariement donnerait lieu à un enfant doté d’un pool génétique plus riche.
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Dopamine : Je me sens bien avec toi, “je dois” être à tes côtés mais je ne sais pas pourquoi

Nous pouvons avoir une personne extrêmement attirante devant nous. Pourtant l’approche peut échouer. Ça ne nous fait pas du bien : la conversation ne coule pas, il n’y a pas d’accord, pas de confort, pas de connexion. Beaucoup n’hésiteraient pas à dire “il n’y a pas de chimie”. Ce n’est pas faux.

  • La chimie de l’amour est authentique et ce pour une raison très simple : chaque émotion est induite par un neurotransmetteur particulier. Il s’agit d’un produit chimique que le cerveau libérera sur la base de stimuli et de facteurs plus ou moins conscients.
  • La dopamine, par exemple, cette composante biologique qui nous «enflamme». C’est une substance chimique essentiellement liée au plaisir et à l’euphorie. Des gens deviennent soudainement l’objet de toutes nos motivations presque instinctivement. Être avec eux génère un plaisir indéniable, un bien-être sensationnel et une attirance parfois aveugle.
  • La dopamine, à son tour, est le neurotransmetteur qui joue également le rôle de l’hormone et est associée à un système de récompense très puissant. Au point d’avoir dans notre cerveau jusqu’à 5 types de récepteurs.

Ainsi, nous avons tou-te-s expérimenté ce besoin persistant d’être avec une personne en particulier et pas une autre. Tomber amoureux-ses nous rend sélectif-ve-s et la dopamine nous oblige à nous concentrer sur celui de “notre monde” au point d’en être « obsédé-e ».

La norépinéphrine : à tes côtés tout est plus intense

Nous savons qu’une personne nous attire parce qu’elle induit en nous des montagnes russes de sensations chaotiques, intenses, contradictoires et parfois même incontrôlables. Nous transpirons des mains, mangeons moins, dormons quelques heures ou pas, nous pensons moins clairement. Ainsi, presque sans nous en rendre compte, nous nous satellisons autour d’une seule pensée : la figure de l’être aimé.

  • Avons-nous perdu notre raison ? Pas du tout. Nous sommes sous le contrôle de la norépinéphrine, qui stimule la production d’adrénaline. C’est elle qui fait accélérer notre cœur, qui fait que nous transpirons des paumes des mains et que nous activons au maximum tous nos neurones noradrénergiques.
  • Le système de noradrénaline a un peu plus de 1 500 neurones de chaque côté du cerveau. C’est peu, mais quand il est activé il se déchaîne pour ainsi dire, en un immense sentiment de joie, d’exubérance, de nervosité excessive. Au point de désactiver par exemple le sentiment de faim ou de sommeil.

Chérie, tu me stimules la “phényléthylamine”

Quand nous sommes amoureux-ses, un composé organique nous domine complètement: la phényléthylamine. Comme le mot lui-même l’indique, c’est un élément qui partage de nombreuses similitudes avec les amphétamines. Combinée à la dopamine et à la sérotonine, elle constitue la parfaite recette d’un amour de conte de fées.

  • Curieusement, une célèbre source de phényléthylamine, est le chocolat. Sa concentration n’y est toutefois pas aussi élevée que dans le fromage. De plus, la phényléthylamine du chocolat est métabolisée très rapidement par rapport à celle de certains produits laitiers.
  • Interrogeons-nous sur le rôle exact de ce composé organique. C’est tout simplement incroyable. Ce dispositif biologique cherche à «intensifier» toutes nos émotions.

La phényléthylamine est comme le sucre dans une boisson ou le vernis que l’on place sur une toile : tout devient plus intense. C’est elle qui intensifie l’action de la dopamine et de la sérotonine, elle qui constitue la véritable chimie de l’amour pour nous rendre heureux-ses, accompli-e-s et incroyablement motivé-e-s…

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La sérotonine et l’ocytocine : l’union qui fortifie notre histoire d’amour

Les neurotransmetteurs dont nous avons parlé jusqu’à présent (dopamine, norépinéphrine et phényléthylamine) sont les trois étincelles de l’incontestable pouvoir qui régit les premiers moments de l’amour. Le désir, la nervosité, la passion ou l’obsession de la personne aimée y guident chacun de nos comportements.

Cela ne veut pas dire qu’ocytocine et la sérotonine soient absentes des premiers instants. Elle sont bien présentes. Elles acquièrent cependant de l’importance un peu plus tard. Ces deux neurotransmetteurs vont intensifier notre sentiment d’attachement, nous encourageant à entrer dans cette étape enrichissante de la relation.

Détaillons-les :

  • L’ocytocine est l’hormone qui façonne l’amour en «majuscules». Nous ne parlons plus de simple “engouement” ou d’attraction (où les substances mentionnées ci-dessus sont impliquées). Nous faisons référence à ce besoin de prendre soin de l’être aimé, de lui donner de l’affection, de le caresser, d’en faire partie sur le long terme. 

D’autre part, il convient de noter une fois de plus que l’ocytocine est associée avant tout à la génération de liens affectifs. Pas seulement à ceux liés à la maternité ou à la sexualité. On sait par exemple que plus notre contact physique est grand, plus nous chérissons, câlinons ou embrassons, plus notre cerveau libérera d’ocytocine.

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  • La sérotonine, pour sa part, pourrait se résumer en un mot : le bonheur. Si elle est si liée à l’amour, c’est pour une raison très simple. Elle donne lieu au sentiment qu’être à côté d’une personne en particulier, c’est expérimenter un bonheur intense. Pour autant, il est nécessaire d’investir en efforts et engagements en cette relation pour maintenir cet état émotionnel si bienfaisant.
  • La sérotonine nous procure du bien-être lorsque les choses vont bien, nous apportant de l’optimisme, de la bonne humeur et de la satisfaction.
  • Cependant, lorsqu’après être tombé-e amoureux-se, l’autre s’éloigne, que la relation se refroidit ou ne dépasse pas le plan sexuel, les niveaux de sérotonine peuvent s’effondrer. Approchant parfois l’état de l’impuissance et l’angoisse, la dépression peut apparaître.
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Pour conclure, comme nous l’avons vu, la chimie de l’amour orchestre, que nous le voulions ou non, une grande partie de notre comportement. Elle le fait à la fois dans l’engouement des premiers moments et dans les étapes ultérieures, où d’autres facteurs nous orientent vers l’engagement et la stabilité du couple.

Aussi, Dr. Helen Fisher souligne dans ses travaux que l’être humain n’est pas la seule créature capable de tomber amoureuse. Comme Darwin l’a lui-même souligné à l’époque, il y a dans notre monde plus de 100 espèces, d’éléphants, d’oiseaux et même de rongeurs qui choisissent une compagne pour toute leur vie. Elles ressentent ce que des expert-e-s ont qualifié “d’amour romantique primitif”, mais de l’amour tout de même…

Définir cette émotion universelle en termes de chimie est peu évocateur, comme le disait Einstein. C’est toutefois ce que nous sommes en fin de compte : un fabuleux réseau de cellules, des réactions électriques et d’influx nerveux capables d’offrir le bonheur le plus exquis


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  • Giuliano, F.; Allard J. (2001). Dopamine and sexual function. Int J Impot Press.
  • Sabelli H, Javaid J. Phenylethlyamine modulation of affect: therapeutic and diagnostic implications. Journal of Neuropsychiatry 1995; 7:6-14.
  • Fisher, H. (2004). Why We Love: The Nature and Chemistry of Romantic Love. New York: Henry Holt.
  • Garrido, José María (2013). La química del amor. Madrid. Chiado Editorial
  • Fisher, Helen (2009). Por qué amamos. Madrid: Taurus

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