Il y a des personnes qui sont comme l'âne de Buridan

Il y a des personnes qui sont comme l'âne de Buridan

Dernière mise à jour : 23 mars, 2017

Vous devez probablement penser, à cet instant même : mais c’est quoi, cet âne de Buridan ? Depuis quelques siècles, nous nous servons de la caricature animale pour transformer nos compagnons en protagonistes d’histoires. Les contes pour enfants regorgent de cette pratique, en personnifiant des cigales, des fourmis, des cochons et, bien sûr, des ânes.

Bien. L’âne de Buridan est le protagoniste d’un paradoxe médiéval qui prétendait, grâce au raisonnement par l’absurde, attaquer la raison en tant que source maximale et unique de connaissance. Concrètement, cette histoire est née pour critiquer la démonstration rationnelle de l’existence de Dieu qu’a faite Jean Buridan, bien qu’elle puisse servir également à attaquer le reste des démonstrations qui ont été tentées. Dans cet article, nous allons l’utiliser dans un autre sens, mais nous allons d’abord découvrir l’histoire de cet âne historique.

L’histoire de l’âne de Buridan

Ce n’était pas un âne qui avait quelque chose de particulier ; la chose curieuse à propos de son histoire était la situation dans laquelle il se trouvait. On peut en trouver différentes versions. Certaines racontent qu’il se trouvait à la même distance de deux tas de foin et d’autres disent qu’il se trouvait à la même distance d’un tas de foin et d’un seau d’eau. Ce que conte le paradoxe est que l’âne, très rationnel, ne pouvant se décider pour l’un des tas de foin, finissait par mourir de faim.

C’est absurde, non ? Oui, mais aussi absurde que cela puisse paraître, vous connaissez certainement une personne qui est comme l’âne de Buridan. Vous-même l’avez peut-être été à un certain moment. Normalement, les options que nous envisageons au moment de prendre une décision ne sont pas équidistantes, mais elles peuvent être similaires au niveau de l’attrait que nous leur trouvons.

Que se passe-t-il alors ? Nous nous mettons à approfondir les choses, à évaluer les pour et les contre et… Que se passe-t-il très souvent aussi ? Parfois, l’une des deux options disparaît et, dans le pire des cas, les deux, et nous nous retrouvons sans rien. Sachez que l’indécision est la plus grande voleuse d’opportunité.

Personnes qui ressemblent à l’âne de Buridan

Comme nous le disions au début, cette histoire est née comme une critique à l’usage prépondérant de la raison en tant que moyen de locomotion pour parcourir le monde. En fait, ce sont les personnes excessivement rationnelles qui se retrouvent piégées dans des paradoxes similaires à celui de notre âne, le pire étant qu’elles terminent souvent comme lui.

Parfois, elles échappent à cette fin non pas parce qu’elles sont capables de prendre une décision mais parce que le temps ou d’autres personnes finissent par décider des choses en éliminant l’une des options. Dans un groupe, leur comportement est caractéristique : elles ne prendront jamais de décision entre des plans qui sont tous attractifs, mais une fois que les autres auront choisi, elles lutteront dans le sens contraire. Ainsi, les personnes qui sont comme l’âne de Buridan sont immobilistes par nature et de très bons “bourreaux” dans les situations de groupe que nous avons décrites.

Les gens qui entourent ce type de personnes finissent par les percer à jour et essayent de leur présenter le moins de décisions et d’options possibles, craignant un blocage ou une paralysie rationnelle. D’un autre côté, ce sont également les personnes auxquelles les autres ont recours pour leur raconter leurs problèmes car elles savent qu’elles ont un entraînement analytique si développé qu’elles feront une analyse générale et profonde de la situation en très peu de temps.

Les entreprises le savent également car elles cherchent un profil déterminé pour prendre des décisions et un autre profil pour se faire une idée de ce qu’il se passe lors d’une situation déterminée. La même chose se produit avec les politicien-ne-s ; certain-e-s sont doué-e-s pour faire une analyse de la réalité mais sont ensuite complètement bloqué-e-s lorsqu’il faut prendre des décisions et la transformer.

Nous trouvons un exemple de rationalité maximale dans l’un des personnages les plus charismatiques de la télévision, Sheldon Cooper. En fait, lui-même se compare à l’âne de Buridan dans l’une de ces scènes de Big Bang Theory qui n’a pas de prix. Nous ne vous la raconterons pas pour ne pas vous spoiler, mais vous pouvez la voir dans le septième épisode de la dixième saison.

Si nous quittons le petit écran, nous pouvons nous diriger vers les cabines d’essayage des boutiques de vêtements et nous verrons toutes ces personnes qui entrent avec deux habits à essayer, n’ont de l’argent que pour en acheter un et sont tellement douées qu’elles sont capables de désespérer la personne qui les accompagne, aussi patiente soit-elle.

Les critiques de ce paradoxe affirment que les décisions humaines sont rarement comme celles de notre âne, malgré tout le respect qu’on peut porter à Buridan. Ils disent cela car les décisions humaines ne se basent pas sur une différence objective de valeur mais sur une perception de la différence de valeur. Malgré tout, nous connaissons tou-te-s des personnes qui, face à deux options, n’arrivent pas à se décider.


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