William Blake : biographie d'un visionnaire de la création artistique
Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater
William Blake était un génie artistique qui donna naissance à la peinture, à la gravure et à la poésie. Cependant, il vivait dans l’obscurité et à sa mort, il était très pauvre. De son vivant, on ne reconnut jamais la vision de son art, son style spirituel et ses instants fantastiques et idéalistes. Quasiment sans le savoir, il anticipa dans sa peinture et dans ses vers les bases de l’étape du romantisme qui arriva peu après son époque.
Blake est possiblement l’un des artistes de notre histoire les plus singuliers et intéressants. Il était connecté au caractère sacré et au mysticisme biblique si particulier duquel il avait pour habitude de s’inspirer. Cependant, il était également quelqu’un d’inquiétant que l’on prenait pour un fou car il disait qu’il souffrait de visions depuis l’âge de 4 ans.
Au cours de sa vie, il affirma à plusieurs reprises recevoir la visite d’entités ailées et de démons. Ces présences guidèrent son style et son art et définissent une grande partie de ses gravures et de ses livres. Des œuvres telles que Urizen, Le livre d’Athania, Le livre de Los, Vala ou les Quatre Zoas s’insèrent dans le style prophétique qui n’avait jusqu’alors été que rarement vu. Tout cela lui valut de recevoir le surnom de Bad Blake.
Un artiste singulier
Que cette caractéristique soit le résultat de la folie, d’une maladie ou d’une simple force créative, William Blake est aujourd’hui considéré comme une référence dans le monde de l’art. Il représente cet esprit incompris. Un individu qui voyait dans le création un moyen d’atteindre la divinité. Un moyen de s’échapper du monde matériel dans lequel il s’est toujours senti prisonnier.
La peinture et les lettres furent pour lui un canal esthétique particulier. Grâce à ces activités, il pouvait se défaire de la solitude, des émotions et des idéaux visionnaires accablants.
Premières années, le jeune graveur aux visions prophétiques
William Blake naquit à Londres en 1757. Il appartenait à une famille de classe moyenne. il fut éduqué auprès de ses 7 frères et sœurs au sein d’une maison dans laquelle deux dimensions très concrètes régnaient : la Bible et l’art. Les historiens pensent que les parents de Blake appartenaient à la secte religieuse radicale connue sous le nom de Dissenters. C’est certainement quelque chose qui marqua énormément la vision mystique et spirituelle qui inspirait tant la maturité artistique de Blake.
L’artiste n’alla jamais à l’école, mais il fut toujours très attiré par le dessin. Il copiait les travaux de Raphaël, Michel-Ange, Maarten Heemskerck et Albrecht Durer. Avec l’aide de sa mère, il put même explorer le genre poétique et travailler sur les œuvres de Ben Jonson et Edmund Spenser.
C’était un jeune doté d’une grande détermination artistique. C’était une envie si forte qu’elle lui permit, en 1772, de devenir apprenti graveur. Cette formation dura 7 ans. Il devint ensuite artiste de la Society of Antiquaires et de la Royal Society. A 21 ans, il commença à travailler pour différents éditeurs en recopiant les gravures des tombes des rois et reines dans l’Abbaye de Westminster.
Une fois admis à l’école de dessin de la Royale Académie d’Art, il compléta sa formation en tant que peintre. Lors de cette première étape de vie, les œuvres réalisées par Blake faisaient déjà, pour la majeure partie, référence aux visions qu’il expérimentait en étant enfant. Selon Blake, il était courant que des moines, des anges et des démons soient présents autour de lui.
William Blake, un dissident intellectuel
En 1782, William Blake se maria à la jeune Catherine Boucher. C’était une femme de classe moyenne à laquelle il apprit à lire et à écrire. Il l’initia également au monde de l’art en la formant à la gravure. Ainsi, elle devint sa compagne dans la vie aussi bien que dans le travail.
A cette époque, William et son frère Robert réunirent le capital suffisant pour ouvrir une imprimerie. Cela leur permit de soutenir tous les intellectuels dissidents de l’époque. Parmi eux, des philosophes, écrivains et scientifiques révolutionnaires tels que Joseph Priestley, Richard Price, Henry Fuselli et Mary Wollstonecraft (l’une des premières féministes et mère de Mary Shelley, tutrice de Frankenstein).
William Blake publia dans le même temps de nouvelles œuvres personnelles. On peut par exemple citer Poetical Sketches, Chants d’innocence et d’expérience ou Visions des filles d’Albion. Dans ce dernier ouvrage, il défendait des aspects avancés tels que le droit des femmes à la réalisation personnelle.
A cette époque, il commença à innover dans sa technique de gravure. A la suite de l’une de ses visions, il testa la technique de l’eau-forte pour illustrer les recueils de poèmes. Il créa ainsi des ouvrages qu’il appela lui-même des livres enluminés.
A cette époque, entre 1775 et 1789, deux grandes révolutions eurent lieu dans le monde : l’américaine et la française. Tous les mouvements sociaux agissaient comme une source d’inspiration pour William Blake. Il plaida toujours pour une liberté caractérisée par l’individualisme, très en accord avec l’approche de Nietzsche.
“Si les portes de la perception étaient nettoyées, toute chose apparaîtrait à l’homme telle qu’elle est, infinie.”
-William Blake-
L’art incompris et critiqué de William Blake
En 1804, William Blake commença son travail sur son projet le plus ambitieux : Jérusalem. C’est un livre qu’il illustra et écrivit tout en commençant à exposer nombreuses de ses œuvres. Parmi elles, Les pèlerins de Canterbury et Satan s’adressant à ses potentats. Cependant, toutes ses œuvres (aussi bien littéraires qu’artistiques) ne reçurent que des moqueries, de l’indifférence ou des critiques qui lui valurent les surnoms de Lunatique malchanceux ou Blake le fou.
A partir de 1809, Blake se renferma dans son propre ostracisme. La désillusion et la prise de conscience du fait que son travail ne serait jamais reconnu le poussèrent à se séparer peu à peu de ses gravures, de ses pinceaux et de ses vers. Peu à peu, il coula vers l’obscurité et la pauvreté absolue. Il mourut à l’âge de 65 ans et il fut enterré dans le cimetière de Bunhill Fields à Londres.
L’héritage d’un artiste qui décida de se concentrer sur son intérieur
William Blake n’était pas un peintre de la nature comme le furent de nombreux artistes britanniques de l’époque. Il évita l’observation directe car son observation provenait directement de son intérieur. De cet univers convulsif et habité par des visions prophétiques. Son regard ne se basait pas sur les couchers de soleil. Il ne se basait pas non plus sur les arbres particuliers, les océans ou les abbayes comme dans l’œuvres de Caspar David Friedrich.
Dans l’héritage poétique et dans les gravures de Blake, on identifie l’obscurité de l’inaccessible. C’est cette force mystique qui effraie parfois, qui inquiète et qui semble révéler une message indéchiffrable. Pour de nombreux critiques, son œuvre avait trait au blasphème. D’autres identifièrent dans ses vers et ses dessins cette approche prémonitoire qui a fait de lui une figure clé et exceptionnelle du romantisme.
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- Bindman, D (2003) “Blake como pintor” en The Cambridge Companion a William Blake , ed. Morris Eaves. Cambridge: Cambridge University Press
- Hamblen, Emily (1995) William Blake: poeta y místico . EP Dutton & Company.
- Peter Ackroyd, “Genius spurned: Blake’s doomed exhibition is back”, The Times Saturday Review, 4 April 2009
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