Voici les larmes d'émotion d'un enfant autiste à un concert de Coldplay
Cette vidéo émouvante a été enregistrée à un concert du groupe Coldplay au Mexique.
La scène et ses chansons sont rentrées en symbiose avec un enfant autiste et son papa. Ce moment merveilleux et intense a été partagé par les parents de l’enfant sur les réseaux sociaux et il a fait le tour du monde.
Les images ont un grand pouvoir, qui nous émeut et qui construit un espoir, un concept, une idée sur les personnes qui sont atteintes d’autisme.
Voir un père et son fils autiste se connecter de cette manière, et partager ces moments plein d’émotions, est précieux.
De plus, cette vidéo nous sert à faire tomber une croyance très enracinée, qui affirme que les personnes autistes ne ressentent rien.
C’est la même croyance qui consiste à dire que les autistes sont déconnectés du monde et même d’eux-mêmes (selon la définition du dictionnaire).
La vidéo qui a fait le tour du monde
Il est évident que les personnes autistes ont des difficultés lorsqu’elles veulent se connecter aux autres ou se mettre à leur place, et lorsqu’elles doivent sortir de leur monde pour se présenter à quelqu’un d’autre.
Pourtant, cela ne les empêche pas de ressentir : souvent, nous pouvons les comprendre à travers l’expression des émotions que leur entourage leur crée.
C’est l’une des raisons pour lesquelles l’émotivité de ce moment vécu par cette famille dépasse toutes les frontières :
Ses “je t’aime”, une grande leçon d’amour
Comme nous le disions, penser que les personnes autistes n’ont pas d’émotions ou de sentiments est une croyance erronée.
Peut-être que cela vient du fait que nous utilisons souvent la métaphore de la bulle, nous croyons qu’ils sont hors du monde et nous ne comprenons pas ce qu’ils ressentent.
Ici, nous aimerions partager avec vous une histoire sur l’amour de Raquel Braojos Martín, “Qu’est-ce qu’aimer ?”, prix du meilleur récit court de “Raconte-moi l’autisme”. Nous vous assurons qu’après cette lecture, vous n’aurez plus rien à ajouter…
— On m’a dit que les autistes n’ont pas de sentiments, ton frère ressent l’amour et ce genre de choses ? Ou pas ?
La première fois que l’on m’a posé la question, j’ai ressenti un mélange d’indignation, de fureur et pour ne pas le nier, de doutes.
La première fois que l’on m’a posé la question, c’était une petite fille. J’ai baissé les épaules, regardé par terre et refusé cette idée avec ferveur.
J’adorais mon petit frère et l’idée que lui ne m’aime pas m’atterrait. J’étais trop petite pour comprendre qu’aimer, ce n’était pas dire des mots ni épeler des “je t’aime” à tout va, et j’ai ressenti de la peur.
À ce moment, Ruben ne savait pas parler mais il s’accrochait à nous avec ses petites mains. Seulement à nous, à sa famille. Nous ne savions pas si c’était de la colère, de la tendresse ou une manière de soulager son stress.
Des années après, il a appris à parler et “je t’aime” a été l’une des choses que nous lui avons apprise avec insistance.
Et ainsi, il le disait, le répétait mais cela ne le faisait pas résonner plus réel, même si nous adorions l’entendre.
C’était le problème. La plupart des gens croient qu’il n’y a qu’une seule manière d’aimer, qui est la nôtre.
Nous attendons de tous qu’ils passent par les mêmes filtres de comportement. Cela est étonnant car ‘nous’ savons dire “je t’aime”, mais nous pouvons aussi faire du mal, et utiliser les sentiments en notre faveur.
Nous sommes conscients de la douleur et des mensonges, mais “Eux” ne le seront jamais.
Nous ne sommes ni purs ni cristallins, alors comment pouvons-nous leur donner un exemple de la façon dont il faudrait aimer ?
Et même si le doute sur mon frère a toujours subsisté, je me souviens clairement la première fois où j’ai su que mon frère aimait quelqu’un :
Notre oncle Daniel nous emmenait souvent nous promener et ressentait une adoration particulière pour mon frère.
Ruben adorait être avec Daniel, il lui obéissait et riait beaucoup avec lui. Mon frère décidait du chemin que nous devions prendre et pauvre de celui qui se mettait en travers de ses choix !
Mais Daniel est mort. Cela a été soudain, d’un jour à l’autre, personne ne s’y attendait. Il a été difficile de l’expliquer à mon frère.
Daniel est parti, mais pas de l’esprit de mon frère. Quand, après un moment, nous avons repris les mêmes chemins (avec notre grand-père), mon frère me disait souvent :
—Toi rappeler ? Promenade avec oncle Dani.
Certains d’entre vous peuvent penser : «Ah, trait caractéristique de l’autisme, ce n’est pas qu’il aimait ton oncle mais qu’il y était habitué. Il lui manque comme n’importe quelle routine». Cela aurait pu être vrai lors des premières semaines, mais pas après.
—Qu’est-ce que tu as ici ? — Ai-je un jour demandé à mon frère alors que je l’avais trouvé cherchant quelque chose dans un tiroir.
Il a voulu le cacher, comme si c’était quelque chose de honteux. J’ai forcé un peu et je lui ai pris les mains. C’était une ancienne photo de réunion de famille.
Il y avait notre grand-père, notre cousin, notre oncle Daniel et moi. C’était plusieurs années après sa mort et mon frère avait changé de vie.
De fait, il passait ses après-midi collé à sa console vidéo. Les promenades étaient terminées, notre grand-père, qui nous emmenait sur les mêmes chemins, commençait à avoir une maladie dégénérative.
—Quelle belle photo —ai-je dit.
—Je ne peux pas—a-t-il dit en essayant de la cacher à nouveau.
—Bien sûr que tu peux—ai-je répondu—, tu aimes la photo ?—. Au début, je ne comprenais ce qu’il voyait de si spécial sur une photo où il n’était pas.
—Je l’aime, oui. Oncle Dani —il l’a montré sur l’image—. Quand j’étais petit, moi beaucoup avec oncle Dani
Ses yeux brillaient et ses petits mains bougeaient comme si cela faisait des années qu’il voulait me le dire. Je l’ai senti, bien sûr que je l’ai senti. J’ai même pleuré un peu : c’était de l’amour.
—Et qui est cette petite fille qui se trouve sur ses genoux ?—ai-je demandé.
— Toi, petite.
Quand notre grand-père est mort, mon frère, au lieu de regarder ses photos, a eu une autre réaction.
Il entrait dans la maison dans ma grand-mère et au lieu d’aller directement dans le salon, il courait dans le couloir, ouvrait la porte de l’ancienne chambre de notre grand-père, où il avait passé ses dernières années malade et il observait l’intérieur de la pièce, comme s’il pouvait voir son souvenir dedans.
C’est comme s’il attendait de voir notre grand-père dans son lit. D’autres fois, Ruben s’asseyait dans son fauteuil roulant et restait sans bouger, à attendre.
Parfois, des années après, quand il croit que personne ne le voit, mon frère ré-ouvre une fente de la porte de la chambre.
Il me prend la main, et m’emmène avec lui près de l’ordinateur pour me montrer les découvertes de la semaine : des séries qu’il veut que je regarde, des constellations qu’il veut que je mémorise, des cartes, des photos, des chansons. Et il insiste alors que je suis occupée.
Il aime que je sois dans son monde, et que j’en fasse partie. Mais quand il veut être avec nous, il nous choisit toujours nous. Nous sommes toujours au sommet de sa colline.
Quand il est fatigué de sa propre solitude, il commence à crier «Raquel, viens…» «Regarde, maman…». Car l’amour, ce n’est pas des mots qui volent, des promesses vides, des chansons, des poésies, ni des caresses.
Aimer, c’est penser aux personnes qui comptent pour vous, c’est vouloir partager du temps avec elles tant qu’elles sont encore là. Aimer, c’est cela et rien de plus. Merci, mon frère, de me l’avoir appris.
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