Vivre avec le trouble de la personnalité limite
Rédigé et vérifié par le psychologue Sergio De Dios González
Le trouble de la personnalité limite ou TPL est l’un des troubles de la personnalité qui contribue le plus à rendre difficile la vie quotidienne de celui qui en souffre ainsi que celle de sa famille. Il s’agit d’un trouble psychologique peu fréquent puisqu’il est détecté chez environ 2% de la population et qui est généralement diagnostiqué à partir de 20-25 ans. Cependant, les symptômes du TPL existent dès le développement de la personnalité c’est-à-dire aux alentours des 12-13 ans.
Bien que ce trouble soit peu fréquent, il a été étudié en profondeur en raison des difficultés et des problèmes quotidiens qu’il implique lorsque l’on doit vivre avec. Comme il s’agit d’un trouble caractérisé par l’impulsivité, une grande peur de l’abandon et un manque de régulation émotionnel, nous pouvons comprendre que c’est un problème qui regroupe de nombreux inconvénients différents lorsqu’il faut vivre une vie « normale ».
Pour toutes ces raisons, dans cet article nous souhaitons illustrer la vie avec le trouble de la personnalité limite et ce qui peut être fait lorsque le trouble est présent. Les points développés dans cet article sont basés sur des témoignages différents de personnes atteintes du TPL et sont associés à des conseils tirés du manuel du Dr. Marsha M.Linehan, experte mondiale de ce trouble.
Les problèmes d’impulsivité
En premier lieu, la victime du TPL est atteinte d’un niveau élevé d’impulsivité qui varie en fonction de l’état moral de la personne et des situations qu’elle vit. Vivre avec le trouble de la personnalité limite implique de vivre avec une tendance très importante à avoir des comportements impulsifs qui poussent la personne à prendre des décisions et à avoir des comportements qu’elle regrettera ensuite. En d’autres mots : pour une personne, vivre avec le TPL « c’est comme vivre avec un ballon de baudruche dans les mains qui peut exploser à n’importe quel moment ».
Ainsi, l’impulsivité chez la personne atteinte du TPL s’expérimente de différentes manières. Par exemple, au niveau des relations interpersonnelles ont peut prendre des décisions très rapidement et de manière pressée en fonction de ce que nous ressentons à un moment. D’autre part, au niveau professionnel, vivre avec le trouble de la personnalité limite peut impliquer de changer constamment de travail sans connaître réellement la raison de ce manque de conformité avec les différents postes. De plus, tout cela suppose une instabilité constante qui peut nuire à la régulation émotionnelle.
« Vivre avec le trouble de la personnalité limite implique de vivre avec une tendance très importante aux comportements impulsifs qui poussent la personne à prendre des décisions sans réfléchir et à avoir des comportements qu’elle regrettera. »
En fait, les personnes atteintes du TPL doivent acquérir des stratégies et des habilités cognitives et comportementales afin de gérer leur impulsivité. De plus, il est fondamental dans ces cas de savoir utiliser des affirmations positives et flexibles lorsqu’il faut valoriser les situations de la vie quotidienne et les expériences vécues.
L’insécurité que provoque la peur de l’abandon
Bien souvent, vivre avec le trouble de la personnalité limite revient à « ne pas pouvoir profiter des relations car on a peur que la personne que l’on aime ne s’en aille » comme l’expliqua une patiente de 37 ans diagnostiquée comme atteinte du TPL depuis ses 19 ans. Ainsi, nous pouvons comprendre que le TPL se caractérise par une peur importante de l’abandon. La personne se concentre tant sur la relation qu’elle en perd de vue les aspects positifs de celle-ci comme une anticipation de l’abandon probable.
D’autre part, il n’est pas nécessaire que la peur de l’abandon se manifeste verbalement. En effet, la personne atteinte du TPL ne dit pas forcément à son partenaire, amie ou membre de la famille « j’ai peur que tu m’abandonnes ». La peur de l’abandon s’exprime généralement par la jalousie, l’envie de contrôle de l’autre, le fait de ne pas avoir d’activités individuelles ou de ne pas vouloir être seul. La thérapie pour la personne atteinte du TPL peut l’aider à gérer la peur de l’abandon et à éradiquer les comportements jaloux et contrôleurs.
S’il est certain que les personnes atteintes de TPL ont du vivre des expériences d’abandon au niveau familial ou sentimental ; le problème est qu’elles ne parviennent pas à surmonter ces abandons et qu’elles généralisent ces expériences à quasiment tous les domaines de leur vie personnelle. Pour cela, avec les personnes qui souffrent du TPL on aborde l’importance du fait de soigner les blessures du passé et on travaille sur différentes techniques pour surmonter la peur.
La montagne russe des émotions
Le patient atteint de TPL développe une difficulté à réguler ses propres émotions, c’est l’un des symptômes considéré comme étant le plus caractéristique de cette maladie. En fait, les patients doivent quotidiennement faire face à une quantité d’émotions intenses et bien souvent disproportionnées par rapport à la situation qu’ils sont en train de vivre. Pour cela, « vivre avec le trouble limite de la personnalité revient à vivre très intensément, pour le meilleur et pour le pire ».
Nous devons également comprends que les problèmes de régulation des émotions trouvent leur origine au cours de l’enfance. Lorsque les sentiments de l’enfant ne sont pas validés, il se persuade que ce qu’il ressent n’est ni important, ni correct. Ainsi, il n’acquière pas la capacité d’étiqueter les émotions et de savoir les atténuer. La conséquence sera qu’à l’âge adulte, le fait d’avoir le TPL soit synonyme de « ressentir une grande quantité d’émotions qui émergent toutes en même temps ».
« Vivre avec le trouble limite de la personnalité revient à vivre très intensément, pour le meilleur et pour le pire ».
Les personnes atteintes du TPL expérimentent le meilleur et le pire du monde des émotions car il leur est difficile d’ajuster leur réponse émotionnelle et elles disposent d’un répertoire réduit d’émotions qui sont toutes très intenses. C’est l’une des raisons pour lesquelles de nombreuses sessions de la thérapie contre le TPL sont dédiées à la capacité de régulation émotionnelle. Pour cela, on travaille sur l’identification des émotions et sur des techniques permettant de les atténuer comme par exemple la relaxation, les intentions paradoxales, les techniques de distraction et le mindfulness.
Finalement, il est important de souligner le fait que vivre avec le trouble de la personnalité limite requière beaucoup de patience et d’empathie de la part des autres. En effet, comme dans tous les troubles de la personnalité, l’entourage de celui qui souffre partage ses problèmes et se voit également affecté.
Si vous souffrez du TPL, rappelez vous du fait que les personnes qui vous aiment le plus peuvent se sentir désemparées face à vous et peuvent ne pas savoir comment vous aider. Il est recommandé d’avoir recours à l’aide d’un professionnel spécialisé qui soit capable de vous orienter.
Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.