Test de Rorscharch : la technique projective pour évaluer la personnalité
Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater
Le test de Rorscharch est l’une des techniques de psychodiagnostic projectif les plus connues. Pour certains, ce n’est guère plus qu’un outil pseudo-scientifique.
Cependant, d’autres psychologues affirment que, même si elle a presque cent ans, cette ressource reste tout à fait intéressante à l’heure d’évaluer certains troubles de la pensée et de la personnalité.
Parler de cet instrument, c’est se référer presque à une icône de notre culture. Il est courant de le voir dans une multitude de films. Il a inspiré la bande dessinée de manière occasionnelle et même Andy Warhol était fasciné par ce jeu de cartes aux taches évocatrices et mystérieuses.
Cependant, au-delà de ce sillage de popularité, il convient de noter que peu de techniques dans le domaine de la psychologie ont suscité autant de controverse et d’intérêt que ce dernier.
Des psychologues tels que Pieter Drenth, un expert en psychodiagnostic, regrettent, par exemple, que le test de Rorscharch soit toujours présent dans bon nombre de nos contextes sociaux (pensez qu’il s’agit du deuxième test médico-légal le plus utilisé après MMPI-2, l’inventaire de la personnalité multiphasique du Minnesota).
D’autre part, il convient de noter que de 1999 à aujourd’hui, cette technique a été revue et analysée de nombreuses fois. En 2013, par exemple, une étude approfondie a été réalisée par le psychologue Joni Mihura, de l’Université de Toledo (États-Unis) où il a été conclu que le test de Rorscharch pouvait être solide et valable.
Cependant, elle doit être appliquée correctement : il faut, par exemple, tenir compte du fait qu’elle ne peut jamais être la principale technique principale à l’heure d’établir un diagnostic, quel qu’il soit. Il s’agit essentiellement d’un test projectif simple devant être utilisé de manière complémentaire à d’autres stratégies psychologiques de collecte d’informations (plus valables).
Le test de Rorscharch, qui l’a conçu ?
Hermann Rorschach est un jeune psychologue suisse. Il découvre la psychanalyse à la Clinique universitaire de Zurich dirigée par Eugen Bleuler. Son père était peintre, il a donc toujours eu des contacts étroits avec le monde de l’art et sur la façon dont cette ressource, selon lui, peut également servir à approfondir la psyché humaine.
En 1917, après avoir rencontré le psychiatre Szymon Hens et découvert son travail sur la façon dont certaines taches d’encre peuvent être utilisées pour explorer la personnalité, Rorschach développe une autre technique partant de cette théorie, une technique qui révolutionnera le monde de la clinique.
Cette technique, il l’a appelé Psychodiagnostik (Psychodiagnostic). Il s’agit d’une procédure basée sur des feuilles avec des dessins où la diversité des figures perçues favorise l’activation de processus inconscients, permettant ainsi l’exploration de la personnalité pathologique. Rorscharch recherchait principalement un test pour détecter la schizophrénie.
Malheureusement, Hermann Rorscharch n’a pas eu le temps d’améliorer cette technique ni d’observer les effets de son test. Il meurt 9 mois après avoir présenté son intéressant instrument de diagnostic.
“L’esprit est comme un iceberg, il flotte avec un septième de son volume sur l’eau.”
-Sigmund Freud-
Qu’est-ce que le test Rorscharch ?
Il y a un certain nombre d’aspects que nous devrions connaître sur le test de Rorscharch. Premièrement, bien qu’il ait presque 100 ans, il est toujours utilisé.
Il a été révisé (et transformé) à de nombreuses reprises. Dans les années 60, par exemple, le psychologue John Exner a conçu une méthodologie rigoureuse pour standardiser le test et ses résultats.
Aujourd’hui, le test de Rorscharch se caractérise donc comme suit.
La description
Le test de Rorschach consiste en 10 images de taches d’encre. Certaines sont en noir et blanc, d’autres en blanc et gris, et encore d’autres en couleur.
- Le test doit être effectué par un psychologue ou un psychiatre spécialisé dans ce test.
- Le professionnel formé montre chacune des cartes une par une. La personne est invitée à décrire ce qu’elle voit.
- La personne est autorisée à prendre la carte et à l’observer dans la position et l’orientation souhaitées.
- Ils sont libres de faire l’interprétation qu’ils souhaitent. On leur explique qu’il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises réponses. Il s’agit seulement de verbaliser ce qu’il voit, en toute liberté.
- Ils peuvent dire qu’ils voient une chose, plusieurs choses différentes, voire, rien du tout.
- Une fois que la personne a donné son explication, le professionnel peut (et devrait) poser des questions supplémentaires. L’objectif est d’essayer de détailler un peu plus les impressions exprimées par le patient.
L’interprétation du test de Rorscharch
Rappelons qu’Hermann Rorscharch a conçu ce test pour détecter la schizophrénie. Pour autant, à partir de 1939, cet objectif change pour s’adapter à ce qu’il est aujourd’hui : un test de personnalité projectif. Un type de test psychologique où analyser les émotions, les motivations et certaines pensées.
Il y a donc un aspect sur lequel nous nous devons d’être clairs. Au-delà de ce que l’on voit dans ces taches, le bilan réalisé par le psychologue et le psychiatre importe.
L’interprétation du patient n’est pas le seul élément observé ; les réactions sont observées, la manière de communiquer, de répondre, d’évoquer ce qui est vu… C’est un ensemble complexe de stimuli et de facteurs que le professionnel spécialisé doit analyser.
Les formes
- Le plus courant est de voir des formes de papillons, de papillons de nuit et de figures humaines.
- La troisième carte prétend être deux figures humaines entrelacées. Ici, la personne peut évoquer des descriptions telles que “des gens qui s’aiment”, “des gens qui se détestent”… Tout dépend de leur approche unique.
- Il y a des cartes où les taches d’encre sont rouges. Dans ces cas, la colère, la peur, etc. se manifestent généralement.
Les facteurs qui accompagnent l’administration du test
Les professionnels doivent observer et analyser les multiples facteurs qui accompagnent l’administration de cette technique. Ce sont les suivants :
- Temps de réponse,
- Commentaires non liés au test,
- Originalité ou non des réponses données,
- Comportement, attitude, disposition.
Quelle est la validité du test de Rorscharch ?
L’étude réalisée par le Dr Joni Mihura citée au début souligne un élément important. Le test de Rorscharch n’est pas valide pour diagnostiquer les troubles de la personnalité.
De plus, en 1999, même la communauté clinique a été invitée à demander un moratoire. Il a été recommandé de ne pas l’utiliser comme technique de diagnostic avant d’avoir obtenu des données plus complètes sur sa validité.
À ce jour, ce test n’a démontré son efficacité que sous un aspect, qui est son point fort : évaluer la psychose. Au-delà de ce détail, il est souvent considéré comme étant une relique de la psychologie.
En somme, ce test n’est qu’un test projectif de plus. Bien qu’il ne soit pas un outil parfait, il peut être utilisé en combinaison avec d’autres tests à l’heure de recueillir des informations sur un patient.
Toutes les sources citées ont été examinées en profondeur par notre équipe pour garantir leur qualité, leur fiabilité, leur actualité et leur validité. La bibliographie de cet article a été considérée comme fiable et précise sur le plan académique ou scientifique
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