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Schizophrénie paranoïde : définition, causes et traitement

8 minutes
Schizophrénie paranoïde : définition, causes et traitement
Dernière mise à jour : 04 novembre, 2017

Vous avez sans aucun doute entendu plus d’une fois quelqu’un dire d’une autre personne qu’elle « était paranoïaque » ou qu’elle « faisait de la paranoïa ». Il n’est pas rare que nous ayons recours au terme « paranoïaque » pour désigner une personne croyant que quelqu’un la suit, lui veut du mal, se moque d’elle ou va à son encontre. En revanche, d’un point de vue académique, les termes « paranoïde » ou « paranoïaque »  représentent bien plus que cela. Dans cet article, nous vous présenterons un sous-type de psychose : la schizophrénie paranoïde.

Historiquement, le terme « psychotique » fut défini de différentes manières, aucune de celles qui furent universellement acceptées. Nous comprenons le terme « psychotique » comme une personne souffrant d’un ensemble spécifique de symptômes qui peuvent être classés en deux grandes catégories : les symptômes positifs et les symptômes négatifs. Nous les verrons en détail.

Schizophrénie, une maladie mentale grave

Le DSM-IV-TR (manuel diagnostic et statistique des troubles mentaux) définit la schizophrénie comme une altération qui persiste pendant au moins 6 mois et qui inclut au moins un mois de symptômes de phase active. Ces symptômes sont les suivants : idées délirantes, hallucinations, langage désorganisé, comportement gravement désorganisé ou catatonique et symptômes négatifs.

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Les symptôme positives paraissent refléter un excès ou une distorsion des fonctions normales, tandis que les symptômes négatifs reflètent une diminution ou une perte des fonctions normales. Les symptômes positifs incluent des distorsions de la pensée inférentielle (communément appelée idées délirantes, dans lesquelles sont inclues les idées « paranoïaques » que nous avons évoquées précédemment). Elles incluent également les hallucinations, un langage désorganisé et un comportement gravement désorganisé.

Pour leur part, les symptômes négatifs comprennent des restrictions dans le domaine et l’intensité de l’expression émotionnelle (aplanissement affectif), de la fluidité et de la productivité de la pensée et du langage (alogie), et du lancement d’un comportement dirigé vers un objectif (aboulie).

« La science ne nous a toujours pas appris si la folie correspond ou non, au plus sublime de l’intelligence. »

-Edgar Allan Poe-

Les idées délirantes

Les idées délirantes sont des croyances erronées qui habituellement impliquent une mauvaise interprétation des expériences ou des perceptions. Leur contenu peut inclure des thèmes variés (par exemple de persécution, d’auto-référence, somatiques, religieux ou grandioses). Les idées délirantes de persécution sont les plus fréquentes.

La personne qui souffre d’idées délirantes de persécution (idées paranoïdes ou paranoïaques) croit qu’elle est dérangée, suivie, trompée, épiée ou ridiculisée. Les idées délirantes d’auto-référence sont également courantes : la personne croit que certains gestes, commentaires, passages de livres, journaux, chansons ou autres éléments de son environnement lui sont spécialement dédiés.

 « Le fou ne peut pas se réincorporer à la réalité, il vit en permanence sa fantaisie. »

-Carlos Castilla del Pino-

Bien que les idées délirantes étranges soient considérées comme typiques de la schizophrénie, la « bizarrerie » peut être difficile à juger, spécialement dans des cultures différentes. Les idées délirantes sont considérées comme étranges si elles sont clairement improbables et incompréhensible et si elles ne dérivent pas d’expériences courantes de la vie (par exemple, penser que quelqu’un à implanter une puce sous sa peau pour « espionner » ses moindres faits et gestes).

Un autre exemple d’idée délirante étrange est la croyance du fait qu’un être étrange a volé les organes internes et les a remplacés par ceux d’une autre personne sans laisser aucune blessure ou cicatrice. Généralement, on considère comme étranges les idées délirantes qui expriment une perte de contrôle sur l’esprit ou le corps.

Les croyances délirantes peuvent générer des problèmes sociaux, conjugaux ou professionnels. Les personnes ayant des idées délirantes peuvent être capables de comprendre les arguments des autres personnes prouvant que leurs idées sont irrationnelles. Néanmoins, elles sont elles-mêmes incapables de l’accepter. Nombreuses de ces personnes peuvent développer un affect irritable. Cette irritabilité peut se comprendre dans le même temps, comme une réaction à leurs croyances délirantes.

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Psychose ou schizophrénie paranoïde

Le diagnostic d’un sous-type de schizophrénie en particulier se base sur les manifestations cliniques que présente le/la patient-e. Ainsi, et selon le DSM-IV-TR, il existe différents types ou sous-types de schizophrénie :

  • Paranoïde
  • Désorganisée
  • Catatonique
  • Indifférenciée
  • Résiduelle

Comme nous l’avons dit précédemment, nous allons nous concentrer sur la schizophrénie paranoïde dans cet article.

Caractéristiques de la schizophrénie de type paranoïde

La principale caractéristique de la schizophrénie paranoïde consiste en la présence d’idées délirantes claires ou d’hallucinations auditives. En revanche, la personne ne présente pas de déficiences dans son raisonnement ou son affectivité. Fondamentalement, les idées délirantes sont des idées de persécutions, de gloire ou les deux, mais des idées délirantes basées sur des thèmes différents peuvent se présenter (par exemple, la jalousie, la religion, la somatisation).

Les idées délirantes dans la schizophrénie paranoïde peuvent être multiples, mais elles sont habituellement organisées autour d’un thème cohérent. Il est également habituel que les hallucinations soient en lien avec le contenu de la thématique délirante.

« La caractéristique principale de la schizophrénie paranoïde consiste en la présence d’idées délirantes claires ou d’hallucinations auditives. »

Symptômes associés à la schizophrénie paranoïde

Les symptômes associés incluent l’anxiété, la colère, le repli sur soi et la tendance au conflit. La personne peut présenter un air de supériorité et de condescendance. Elle peut également présenter des manières pompeuses, de la timidité, un manque de naturel ou de véhémence extrême dans les relations personnelles.

Les thèmes persécuteurs peuvent prédisposer la personne à un comportement suicidaire, et la combinaison d’idées délirantes de persécution et de gloire à des réactions de colère peuvent la prédisposer à la violence (bien que ce ne soit pas nécessairement le cas, cela dépend des individus).

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En fait, les agressions spontanées ou inattendues sont peu communes. L’agression est plus fréquente chez les jeunes garçons et chez les individus ayant des antécédents de violence, manque de respect du traitement, abus de substances et impulsivité. De toute manière, nous devons avoir à l’esprit que la majorité des personnes schizophrènes ne sont pas agressives. Elles sont victimes d’agressions ou d’abus avec une fréquence plus importante que celles qui ne le sont pas. Plus que des agresseurs potentiels, elles sont des victimes potentielles.

« Tous les hommes sont fous et, malgré leurs précautions, ils se différencient seulement dans le fait que certains sont plus fous que d’autres. »

-Nicolas Boileau-

Le point de départ de la psychose tend à être plus tardif que dans d’autres types de schizophrénie. Ainsi, les caractéristiques distinctives de celle-ci peuvent être plus stables dans le temps. Certaines informations suggèrent que le pronostic du type « paranoïde » peut être considérablement meilleur que celui d’autres types de schizophrénie. En général, ces personnes sont capables de mener une vie avec une grande autonomie.

Quelles en sont les causes ?

Les causes ne sont encore aujourd’hui pas totalement claires et il existe encore de nombreuses controverses à leur sujet. Quoi qu’il en soit, des facteurs de risque et des pronostics ont été établis. Ce sont les suivants :

  • Facteurs environnementaux : la date de naissance a été reliée à l’incidence de la schizophrénie. Par exemple, fin de l’hiver/début du printemps dans certaines zones. L’incidence de la schizophrénie et des troubles qui y sont liés est plus importante chez les enfants grandissant en milieu urbain et dans certains groupes ethniques minoritaires.
  • Facteurs génétiques : il y a une importante contribution de facteurs génétiques lorsqu’il faut déterminer le risque d’être atteint de schizophrénie. Une large gamme d’allèles à risques, communs et rares confère la prédisposition à la maladie. Ces allèles s’associent à d’autres troubles mentaux, comme le trouble bipolaire, la dépression et l’autisme.
  • Facteurs physiologiques : les complications lors de la grossesse et l’accouchement avec hypoxie (manque d’oxygène), et un âge paternel élevé sont associés à un risque plus élevé pour le fœtus en développement de souffrir de schizophrénie. De plus, d’autres situations prénatales et périnatales néfastes, comme le stress, l’infection, la malnutrition, le diabète maternel et d’autres affections médicales sont également associées au risque de schizophrénie. Néanmoins, la grande majorité des enfants qui présentent ces facteurs de risque ne développent pas de schizophrénie.
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Traitement de la psychose paranoïde

La psychose paranoïde chronique se traite par une combinaison de médicaments, principalement neuroleptiques, antipsychotiques, anxiolytiques et le soutien au travers d’une psychothérapie. En revanche, le traitement se prend rarement correctement car le/la malade n’est pas conscient-e de sa maladie : iel se sent mal, mais iel pense que c’est la conséquence de ce qui se passe en dehors de lui, et non pas de ce qui se passe dans sa tête. Les traitements pharmaceutiques se prennent à vie. Dans les cas sévères, il est nécessaire d’envisager une hospitalisation.

Comme nous l’avons vu, la schizophrénie de type paranoïde a des caractéristiques qui la différencient des autres sous-types de schizophrénie. Il est commun d’avoir des idées délirantes de persécution, de gloire ou les deux. Néanmoins, la capacité de raisonnement reste plus ou moins intacte, ce qui permet aux patient-e-s de conserver un niveau élevé d’autonomie.

 

Bibliographie:

American Psychiatry Association (2014). Manual diagnóstico y estadístico de los trastornos mentales (DSM-5), 5ª Ed. Madrid: Editorial Médica Panamericana.

Chinchilla Moreno A. Las esquizofrenias. Barcelona: Elsevier Masson; 2007.

 

 

 


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