Savez-vous ce qu'est le débriefing ?

Savez-vous ce qu'est le débriefing ?
Francisco Pérez

Rédigé et vérifié par Psychologue Francisco Pérez.

Dernière mise à jour : 03 janvier, 2023

Le débriefing psychologique est une intervention brève qui a lieu dans les premiers jours suivants un événement traumatique. Cet événement peut être une catastrophe naturelle (tremblement de terre, inondation …), un accident de la circulation, aérien ou ferroviaire, etc.

Un groupe de collègues ou de personnes ayant vécu l’événement de manière similaire est constitué pour réaliser le debriefing. L’objectif est de favoriser le soutien intragroupe entre ceux qui ont été impliqués dans une même situation dans des conditions similaires.

Le but est donc de créer un espace où tous les sentiments, pensées et réactions liés à ce qui a été vécu peuvent être exprimés de manière sûre. Cela aidera à prévenir de futurs troubles mentaux.

Ces personnes se réunissent pour ventiler la charge émotionnelle accumulée à travers l’expérience. Le débriefing est dirigée par un psychologue. La réunion cherche à ce que les personnes qui étaient présentes lors de l’événement traumatique exposent verbalement ce qu’elles ont exérimenté.

Par conséquent, le debriefing est une technique conçue pour fermer et intégrer des événements potentiellement traumatisants. Cette technique introduit en outre un apprentissage émotionnel et technique. Cet outil est considéré comme une aide précieuse pour éviter l’exacerbation des symptômes chez les professionnels des urgences.

le débriefing

Les professionnels souffrent également

Les professionnels des urgences sont également humains. En effet, ils endurent, souffrent et ont parfois eux aussi besoin d’aide. Nous les oublions souvent.  Ces professionnels présentent un risque élevé de subir des dommages psychologiques associés à leur travail. Il est donc particulièrement important de leur procurer une assistance immédiate, parfois à des fins préventives, dans des situations à fort impact.

Des tâches leurs sont souvent attribuées indépendamment de leur âge, de leur formation, de leurs compétences ou de leur expérience. Cela peut provoquer l’apparition de symptômes de stress de plus en plus important. C’est parfois le professionnel lui-même qui est incapable de reconnaître que la situation le dépasse.

En cas de catastrophe, l’intervention ne s’adapte pas à un horaire fixe ou prévisible. Dans l’organisation des équipes, les exigences attendues du professionnel sont diverses et urgentes.

Les ressources qui doivent être mises en oeuvre (s’ils les possèdent) sont nombreuses. Des réponses qui ne sont pas très opérationnelles mais qui, au regard de la dimension et des caractéristiques de la situation à traiter sont nécessaires, peuvent apparaître.

Les symptômes expérimentés par un professionnel des urgences

Les symptômes qu’un professionnel des urgences peut expérimenter après une catastrophe sont variés. Physiologiquement, le technicien qui développe sa fonction sous pression peut souffrir de fatigue, de nausée, de frissons, de manque d’air, etc.

Au niveau cognitif, il sera certainement très alerte et vigilant. De plus, il aura des pensées négatives qu’il ne saura comment arrêter. Sa réponse affective sera la peur, l’anxiété, l’irritation et même le “choc” émotionnel.

Au niveau moteur, il se trouvera dans l’incapacité de se reposer. Il aura par ailleurs un discours accéléré et criera dans la conversation. Un débriefing est utilisé pour éviter que ces symptômes ne s’accentuent. Ce dernier est incontestablement un outil exceptionnel.

Pourquoi est-il important de reconnaître notre propre stress et d’agir en conséquence ?

Les effets du stress sur les professionnels d’urgence peuvent être vraiment nuisibles. Voyons quelques-uns de ces effets :

– Sur le lieu de travail :

  • Détérioration de la qualité de leur travail
  • Augmentation de l’absentéisme au travail
  • Moins d’implication
  • Augmentation des conflits avec des collègues, supérieurs ou subordonnés

– Dans l’environnement familial :

  • Avoir des conflits avec le conjoint ou d’autres parents
  • Parler des émotions négatives et des histoires pour lesquelles le parent n’est pas préparé
  • S’isoler, se fermer afin de ne pas impliquer le membre de la famille
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Démarrage du débriefing

L’aide aux professionnels des urgences ne s’arrête pas à l’intervention. Elle  doit être prolongée une fois le changement d’équipe réalisé. Il s’agit d’actions qui devraient être explicites dans l’organisation du travail. Une sorte de travail de maintenance pour éviter l’usure des parties les plus importantes de l’engrenage : les personnes.

Par ailleurs, le soutien de groupe ou les réunions de soutien émotionnel possèdent des partisans et des détracteurs. De nombreuses organisations utilisent cette technique, dans certaines de ses versions, pour aider à gérer les émotions des personnes aidant lors d’une catastrophe.

Ces réunions possèdent une série de règles et sont dirigées par un expert. Au cours de ces dernières, les participants racontent de manière différenciée les événements objectifs et les réactions cognitives et émotionnelles qu’ils ont expérimenté.

Une réunion détendue du groupe de travail devrait être encouragée une fois que le changement d’équipe est réalisé ou lorsque le sauvetage est terminé. Les participants y seront encouragés à :

  • Raconter les événements vécus
  • Parler des sentiments ressentis
  • Les informer des symptômes qu’ils peuvent ressentir ou qu’ils pourraient subir au cours des prochains jours
  • Leur donner des indications sur la façon d’agir sur ces symptômes
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Phases du débriefing

Le processus de débriefing ne s’improvise pas. En effet, il est structuré selon les phases suivantes :

  • Explication des objectifs
  • Faits : chaque membre s’identifie et explique ce qui s’est passé
  • Pensées : chaque membre décrit ce qu’il a vu et entendu et les pensées qu’il a eues
  • Réaction : les réactions sont commentées. Chaque membre est invité à se concentrer sur le pire qu’il a vécu
  • Symptômes : chaque membre commente les réactions de stress ressenties immédiatement après l’incident et les réactions actuelles
  • Enseignement : le débriefing insiste sur la normalité de ces réactions. Il y est enseigné ou rappelé des mécanismes d’adaptation
  • Réentrée : les doutes sont clarifiés. Il est possible de dire tout ce qui n’a pas été dit auparavant. Un soutien supplémentaire est proposé

Les professionnels des urgences peuvent continuer à manifester certains symptômes après le debriefing, après le retour à la “normalité”. Ces symptômes comprennent le rejet du repos, l’autocritique sur la façon d’agir, le sentiment d’être mal compris par des proches ou des connaissances, etc.

Comme nous avons pu le constater, le stress pouvant survenir après l’intervention en cas d’urgence ou de catastrophe peut atteindre des niveaux très élevés et être difficile à gérer. Par conséquent, le débriefing se tient entre les premières 24 et 72 heures après l’incident critique.

Debriefing cherche à mettre des mots sur la souffranceà structurer l’événement et à atténuer le stress produit par l’expérience. Ceci est réalisé de manière structurée, sous la direction d’un expert.

Il s’agit d’apprendre à comprendre et à gérer les réactions normales dérivées d’un événement traumatique difficile. Cela s’effectue dans un espace où les personnes se sentent enfin en  sécurité, accompagnées et guidées thérapeutiquement dans le processus d’intégration et de résolution.

Références bibliographiques

Costa Marcé, A. et Gracia Blanco, M. de. (2002). Débriefing et typhon psychologique en intervention, en crise : une révision. Debriefing and Psychological Triage in crisis intervention : a review23(5), 198-208.

Echeburúa, E. et Corral Gargallo, P. de. (2007). Intervention en crise chez les victimes d’événements traumatiques : quand, comment et pour quoi ? Crisis intervention in victims of traumatic events: when, how and what for?15(3), 373-387.



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  • Costa Marcé, A. & Gracia Blanco, M. de. (2002). Debriefing y tría psicológica en intervención, en crisis: una revisión. Debriefing and Psychological Triage in crisis intervention: a review, 23(5), 198-208.

  • Echeburúa, E. & Corral Gargallo, P. de. (2007). Intervención en crisis en víctimas de sucesos traumáticos: ¿cuándo, cómo y para qué? Crisis intervention in victims of traumatic events: when, how and what for?, 15(3), 373-387.


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