Les rumeurs : comment les définir et quels sont les dangers qu'elles renferment
Rédigé et vérifié par Psychologue Gema Sánchez Cuevas
La rumeur, le ragot, ceux qui font croire au fleuve qu’il n’est pas fait d’eau mais qu’il coule souvent plus fluidement que ce liquide élémentaire. Nous avons tous entendu des rumeurs et nous en avons surement diffusé quelques unes. En des temps plus anciens, elles ont fait trembler des familles entières alors qu’elles circulent aujourd’hui d’une autre façon en raison de la manière dont le partage d’informations a évolué.
Si la rumeur est si importante, c’est parce qu’elle a un énorme potentiel pour générer des déséquilibres, qu’ils soient sociaux ou personnels. Nous ne prenons aucun plaisir à y être intégrés car elles ne sont normalement pas chargées de bonnes intentions : d’une certaine façon, ce sont des messages cachés.
Les rumeurs : qu’est-ce que c’est ?
Normalement, ce sont des messages qui suivent la tradition des troubadours d’aller de bouche à oreille (même si, dans l’actualité, nous dirions plutôt de message en message). Le paradoxe de la rumeur est qu’elle ne se base pas sur des preuves mais gagne en véracité au fur et à mesure que les personnes la partagent. Ce type de message suit à la perfection la loi de “répétez un message continuellement, faites en sorte que beaucoup de gens le croient et cela finira par devenir une vérité”.
La source ou le foyer initiaux des rumeurs ne sont normalement pas faciles à identifier, surtout parce que le message, en étant répété, se transforme; la rumeur qui parvient à la centième personne, très souvent, ne ressemble presque pas à l’élucubration qui a été diffusée au tout début. Par ailleurs, au début, la rumeur est un message bref et simple à propos duquel on a un certain doute. “J’ai entendu qu’il allait bientôt y avoir des licenciements”, “Ana est en arrêt maladie cette semaine et elle était très triste la semaine dernière, il se peut qu’elle soit déprimée”.
Cependant, nos cerveaux préfèrent les certitudes face aux hypothèses. Ainsi, ce qui n’était au début qu’une hypothèse a presque fini par se transformer en un dogme. Pour compléter la définition de rumeur, nous pourrions dire qu’elle répond à des lois très claires :
- La loi de la clandestinité : la source est inconnue. Par ailleurs, il existe un phénomène vérifié qui est que les êtres humains ont l’habitude d’oublier la source d’un message avant son contenu.
- La loi de l’indéniable : une rumeur est difficilement remise en question, tout simplement à cause de l’effort cognitif que cela supposerait. Personne n’aime douter d’une personne qui assure que l’information qu’elle transmet est véridique.
- La loi de la curiosité : la rumeur renforce la curiosité, que ce soit parce qu’elle nous implique d’une certaine façon ou parce que le thème auquel elle fait référence a quelque chose d’immoral.
- La loi de la rapidité : sa capacité de propagation et de reproduction la rendent imparable.
- La loi de la proximité : elle se transmet dans des cercles de relations sociales.
- La loi du changement : elle agit comme un arbre. De nouvelles rumeurs en surgissent, pour combler les vides laissés par la rumeur initiale.
Une autre propriété des rumeurs est que leur forme de propagation est normalement virale. En d’autres termes, chaque récepteur est en même temps un émetteur potentiel de l’information, à laquelle il rajoutera très souvent son opinion; la manière et le ton sur lequel il la partagera la rendra encore plus médiatique.
Comment éliminer les rumeurs ?
La réponse est aussi simple qu’impossible: en évitant que les personnes en parlent. Il existe une réponse plus réaliste, bien que tout aussi difficile -ou un peu moins-. Il s’agirait de faire un exercice de critique à propos de l’information que nous recevons. Nous demander si la source qui nous la raconte est une source fiable, demander (si c’est possible) à la propre source jusqu’à quel point elle a confiance en l’information qui nous a été donnée; il serait bon de savoir, par ailleurs, si la circulation de cette information est bénéfique à quelqu’un et jusqu’à quel point cette personne est impliquée dans la diffusion de la rumeur.
Par ailleurs, s’il y a bien des rumeurs auxquelles nous devons faire attention, c’est celles qui font référence à des minorités ou des groupes qui n’ont que très peu de possibilités pour se défendre. Une phrase dit que “l’histoire est toujours racontée par les vainqueurs et que le prix de la défaite à payer par les vaincus est précisément d’accepter ce récit”. Nous pouvons trouver un exemple de cette phrase dans n’importe quelle dictature européenne qui a existé dans la première moitié du XXème siècle.
Sans avoir à faire un voyage dans le temps et en restant dans l’actualité, en regardant les minorités qui nous entourent, nous pouvons nous rendre compte que beaucoup des stéréotypes qui règnent dans l’imaginaire collectif sont nourris de manière systématique par des rumeurs, qui alimentent à leur tour des préjugés et qui provoquent, en dernière instance, des discriminations.
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