Le questionnement socratique : la méthode la plus efficace pour lutter contre la dépression
Savez-vous quelle est la méthode thérapeutique la plus efficace pour les personnes souffrant de dépression ? Certaines personnes dépressives peuvent espérer des réponses de la part de leurs thérapeutes. Une étude suggère que poser des questions pourrait être la clé.
Cette étude, réalisée par de chercheurs de l’Université d’État de l’Ohio, est la première qui a révélé que les patients souffrant de dépression présentaient des changements positifs dans leurs symptômes dépressifs, lorsque leurs thérapeutes utilisaient la technique appelée le questionnement socratique. L’étude a été publiée dans la revue Behaviour Research and Therapy.
Le questionnement socratique et la thérapie cognitive
Le questionnement socratique est un outil thérapeutique de restructuration cognitive de la thérapie cognitive.
Le questionnement socratique consiste à poser une série de questions bien orientées, et le thérapeute demande au patient de considérer de nouvelles perspectives quant à sa personne et sa place dans le monde.
Selon Justin Braun, co-auteur de l’étude et doctorant en psychologie à l’Université d’État de l’Ohio : “Les personnes dépressives peuvent être coincées dans une forme de négativité de la pensée”.
“Le questionnement socratique permet aux patients d’examiner la validité de leurs pensées négatives et d’obtenir une perspective plus réaliste et plus large.”
Du point de vue de la thérapie cognitive, les personnes souffrent de dépression de par l’interprétation qu’elles font des événements, et non pour ce qu’ils sont en réalité.
Lors de la thérapie, on cherche à ce que la patient assouplisse la signification qu’il donne aux évènements, et qu’il trouve de lui-même des interprétations plus fonctionnelles et réalistes.
Ainsi, la thérapie ne réduit pas seulement la dépression, mais elle protège également le patient contre de futurs épisodes dépressifs.
D’après Daniel Strunk, co-auteur de l’étude et professeur de psychologie à l’Université d’État de l’Ohio : “De nombreuses autres études se sont focalisées sur la manière dont la relation entre le patient et le thérapeute pouvait encourager une réponse thérapeutique positive.”
“En parcourant les études antérieures, nous avons trouvé que le questionnement socratique permettait une plus grande amélioration des symptômes que la simple relation thérapeutique.”
En quoi les questionnement socratique est-il efficace ?
55 patients ont participé à l’étude. Pendant 16 semaines, ils ont suivi une thérapie cognitive pour leur dépression, dans l’Université d’État de l’Ohio.
Les patients ont rempli un questionnaire au début de chaque session. L’objectif d’un tel questionnaire était de mesurer les symptômes dépressifs de chacun.
Les chercheurs ont ensuite analysé les enregistrements vidéo des trois premières sessions de chacun des patients, et ont estimé la fréquence à laquelle le thérapeute a utilisé des méthodes de questionnement socratique.
Ils ont observé que, lors des sessions dans lesquelles les thérapeutes utilisaient le plus souvent le questionnement socratique, on constatait une nette amélioration des symptômes dépressifs chez les patients.
Selon Braun, “les patients se familiarisent peu à peu avec ce processus de questionnement et commencent à s’éloigner de leurs propres pensées négatives. Lorsqu’ils le font, ils ont tendance à présenter une diminution considérable de leurs symptômes dépressifs.”
Par exemple, un patient peut dire à son thérapeute que toute sa vie est un échec et qu’elle ne vaut pas la peine d’être vécue car son mariage se termine par un divorce.
Le thérapeute peut alors poser une série de questions socratiques pour défier les croyances du patient quant à sa situation.
À titre d’exemple, les chercheurs ont suggéré cette liste de questions :
- Pensez-vous que toutes les personnes qui ont traversé un divorce ont échoué?
- Pensez-vous à quelqu’un pour qui ce n’est pas le cas ?
- Selon vous, en quoi le fait de divorcer signifie échouer en tant que personne ?
- Quelle preuve de succès au sein de votre couple avez-vous ?
Selon Strunk : “le but est d’aider les patients à apprendre à utiliser ce temps pour réfléchir sur eux-mêmes.”
“Nous pensons que l’une des raisons qui explique les effets positifs et durables de la thérapie cognitive, c’est que les patients apprennent à questionner leurs pensées négatives et qu’ils continuent de les questionner une fois la séance terminée.”
Strunk ajoute également que les patients “finissent par se rendre compte de la distance instaurée entre leurs interprétations et la réalité.”
Les spécialistes continuent leurs recherches avec de nouveaux patients, cette fois dans le cas du traitement de la dépression clinique.
L’un des objectifs de ces nouvelles études est de caractériser précisément les patients, pour que l’utilisation du questionnement socratique soit le plus efficace possible.
Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.