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Qu'est-ce que le trouble de l'apport alimentaire évitant/restrictif ?

7 minutes
Il y a des enfants et des adultes qui, sans se soucier de leur apparence physique ou de leur poids, mangent très peu. Ils sont très sélectifs et pointilleux, ce qui affecte leur santé physique. Cet article explique en quoi consiste ce diagnostic.
Qu'est-ce que le trouble de l'apport alimentaire évitant/restrictif ?
Dernière mise à jour : 10 juin, 2023

Vous avez un enfant qui mange très peu ou qui ne préfère qu’un type de produits bien précis ? Le trouble de l’apport alimentaire évitant/restrictif (ARFID) est une affection clinique récente dont on ne sait pas encore tout. Il décrit des enfants et des adultes très capricieux et sélectifs qui, du fait de leurs manies, ne couvrent pas tous leurs besoins nutritionnels.

Ce sont des comportements qui « rendent dingues » les familles et mettent continuellement en danger la santé de la personne concernée. D’un point de vue psychologique, c’est aussi un vrai défi. Ces patients limitent leur alimentation en raison de facteurs tels que l’aversion pour l’apparence de l’aliment, en raison de son goût, de sa couleur ou de sa texture. De la même manière, ils ont peur de s’étouffer.

Il s’agit d’une réalité complexe et délicate qui mérite bien d’être analysée, pour prendre en compte cette nouvelle catégorie dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-V).

L’ARFID n’est diagnostiqué qu’en cas de séquelles physiques graves sur la santé du patient.

Trouble de l’apport alimentaire évitant/restrictif : définition et symptômes

Le trouble de l’apport alimentaire évitant/restrictif était autrefois appelé « trouble sélectif de l’alimentation ». Avec la nouvelle mise à jour du DSM-V, cette condition qui apparaît de manière significative parmi la population d’enfants et d’adolescents a été décrite plus en détail. C’est ce qui est mis en évidence dans une recherche publiée dans le Journal of Eating Disorders.

Dans un échantillon de 173 enfants âgés de 7 à 17 ans, 22,5 % des patients répondaient aux critères ARFID (abréviation du trouble). Nous sommes face à une condition clinique qui est loin des problèmes alimentaires ordinaires. Dans ces cas, les patients ne montrent pas d’obsession pour l’apparence physique ou la perte de poids. Il n’y a pas non plus de dysmorphie corporelle.

On voit surtout des gens qui restreignent leur consommation pour des raisons arbitraires, au point de ne plus satisfaire leurs besoins nutritionnels et énergétiques. Des études telles que celles menées à la Johns Hopkins School of Medicine indiquent également qu’il n’y a pas une sensibilisation ou une connaissance adéquate de l’ARFID de la part des prestataires de soins de santé.

Cela met une partie de la population en danger et, par conséquent, il est nécessaire de visibiliser ce trouble. Voyons cela de plus près.

Quels sont les symptômes de l’ARFID ?

Il est possible que beaucoup de pères et mères s’inquiètent en ce moment pour cet enfant qui mange peu ou qui est très difficile. La vérité est que parfois, nous ne savons pas quand un comportement alimentaire passe de capricieux ou difficile à problématique. Cela explique pourquoi il a été décidé, en 2013, de préciser et de décrire précisément cette condition dans le DSM-V.

Quel est le schéma qui construit le trouble de l’apport alimentaire évitant/restrictif ? La liste suivante le révèle :

  • Anémie.
  • Reflux gastrique.
  • Système immunitaire affaibli.
  • Crampes, étourdissements et évanouissements.
  • Avoir froid la plupart du temps.
  • Il y a souvent des maux d’estomac.
  • Troubles intestinaux tels que la constipation.
  • Peau sèche, faiblesse musculaire, perte de cheveux.
  • La personne n’aime pas manger par peur de s’étouffer.
  • Perte de poids frappante, due à une mauvaise alimentation.
  • Rejet de nombreux produits en raison de leur texture, de leur couleur ou de leur saveur.
  • Les adolescentes ou les femmes adultes cessent d’avoir leurs règles.
  • Détérioration psychosociale et grand risque pour la vie de la personne.
  • L’enfant a un centile de croissance plus faible que prévu.
  • Beaucoup de ces personnes souffrent de troubles anxieux.
  • Cette sélectivité ou ce caprice alimentaire s’aggrave avec le temps.
  • L’adulte montre une maigreur très prononcée dont il n’a pas conscience.
  • Les patients ne mangent qu’un très petit nombre d’aliments.
  • Dans de nombreux cas, ces patients finissent par être alimentés par sonde.

L’ARFID est fréquemment associé à des troubles anxieux.

Le trouble de l’apport alimentaire évitant/restrictif est courant chez quels types de personnes ?

La plupart des recherches sur l’ARFID portent sur la population des enfants et des adolescents. On sait que ce trouble est plus fréquent chez les enfants, mais il peut également apparaître dans la population adulte. Ainsi, des travaux tels que ceux partagés par l’Université de Pennsylvanie soulignent que les adultes ayant des habitudes alimentaires « difficiles » sont plus susceptibles de développer cette condition.

D’autre part, il est également courant que les personnes atteintes du spectre de l’autisme (TSA) soient plus susceptibles de développer une ARFID.

Comment le trouble de l’apport alimentaire évitant/restrictif est-il diagnostiqué ?

Le bon diagnostic nécessite une intervention multidisciplinaire. Des professionnels de la santé et des psychologues spécialisés dans le comportement alimentaire sont nécessaires. Découvrez les clés de chaque domaine.

Diagnostic médical

Il est important de noter que le trouble de l’apport alimentaire évitant/restrictif ne peut être diagnostiqué que si le comportement a des conséquences physiques graves. Les médecins évaluent si une carence nutritionnelle ou le recours à une alimentation complémentaire ou entérale est dû à un problème psychologique.

Diagnostic psychologique

Pediatrics in Review fait allusion à l’importance du DSM-V dans l’orientation des critères de diagnostic. Bien que la nature de cette condition ait été expliquée précédemment, consultez maintenant les points clés pour l’identifier :

  • Les antécédents médicaux du patient sont nécessaires.
  • Un net désintérêt pour la nourriture doit apparaître.
  • Peur de l’étouffement ou d’effets physiologiques secondaires.
  • Ce comportement n’est pas associé à d’autres troubles alimentaires tels que l’anorexie.
  • La restriction n’est pas fondée sur des raisons culturelles ou sur le manque de nourriture de la personne.
  • Évitement d’aliments ou sélection de ceux-ci en fonction de l’odeur, du goût, de la texture, etc.

Quels sont les traitements de ce trouble ?

Il est courant que les personnes atteintes d’ARFID passent par tout un parcours entre différents spécialistes, comme ceux en nutrition, gastro-entérologie ou psychiatrie ; ils reçoivent toujours des traitements inefficaces et des diagnostics erronés. Aborder les problèmes de comportement alimentaire nécessite une approche multidimensionnelle, à travers des unités spécialisées dans les troubles alimentaires.

Connaître les causes associées

Le trouble de l’apport alimentaire évitant/restrictif présente généralement une comorbidité frappante avec d’autres conditions cliniques. En général, il est courant de trouver les réalités suivantes :

  • Troubles de l’apprentissage.
  • Trouble du spectre autistique (TSA).
  • Trouble obsessionnel compulsif (TOC).
  • Trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH).
  • Beaucoup de ces patients présentent des problèmes d’anxiété.
  • Les recherches publiées dans le Journal of Eating Disorders, dont il a été question au début, mettent en évidence la prévalence du trouble généralisé du développement.

À l’heure actuelle, des programmes expérimentaux sont menés afin de savoir quelle approche thérapeutique est la plus appropriée pour les patients présentant un trouble de l’alimentation évitante/restrictive.

Approches thérapeutiques

Les approches thérapeutiques sont toujours personnalisées pour chaque patient, à partir du diagnostic. Dans ces cas et à partir des unités spécialisées dans les troubles alimentaires (troubles du comportement alimentaire), on applique les stratégies énumérées ci-dessous :

  • Soins médicaux réguliers.
  • Intervention psychosociale pour améliorer les habitudes alimentaires.
  • Approche avec des psychotropes selon les besoins du patient.
  • Traiter les complications physiques dérivées d’une alimentation déficiente.
  • Au Massachusetts General Hospital, on a mené une étude pilote dans laquelle on applique la thérapie cognitivo-comportementale et on inclut la famille du patient. Pour le moment, son efficacité est inconnue mais c’est un modèle qui fonctionne dans la plupart des troubles alimentaires.

Des avancées bien engagées pour traiter le trouble de l’apport alimentaire évitant/restrictif

Pour conclure, comme nous l’avons souligné au début, nous ne savons encore pas tout sur ce type de trouble du comportement alimentaire. Au fur et à mesure que la littérature scientifique progressera dans ce champ, nous comprendrons mieux son étiologie et les thérapies les plus appropriées pour son approche.

Pour l’instant, les progrès sont positifs, la sensibilisation générale à ce problème de santé mentale étant la plus importante.


    Toutes les sources citées ont été examinées en profondeur par notre équipe pour garantir leur qualité, leur fiabilité, leur actualité et leur validité. La bibliographie de cet article a été considérée comme fiable et précise sur le plan académique ou scientifique


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