Biais interprétatifs et trouble dysmorphique corporel : comment sont-ils liés ?

Les personnes atteintes de cette entité clinique souffrent beaucoup de la surévaluation de leur corps en tant qu'objet esthétique. En ce sens, quels sont les préjugés qu'elles manifestent ?
Biais interprétatifs et trouble dysmorphique corporel : comment sont-ils liés ?
Gorka Jiménez Pajares

Rédigé et vérifié par le psychologue Gorka Jiménez Pajares.

Dernière mise à jour : 09 mars, 2023

Le trouble dysmorphique corporel est une entité clinique qui caractérise ceux qui sont profondément préoccupés par des défauts réels ou imaginaires de leur physique. En fait, le défaut peut être à peine perceptible par les personnes qui les entourent, bien que le mal-être qu’ils ressentent soit extraordinaire.

La préoccupation de ces personnes pour leurs défauts est généralement très intrusive, répétitive, limitante et incontrôlable. Il peut s’agir de n’importe quel contenu, comme la forme, la taille, la proportion, la couleur ou l’asymétrie des zones du corps. Cela affecte profondément le fonctionnement des personnes, provoquant souvent des altérations du fonctionnement social.

« En général, la personne a tendance à avoir plus d’une préoccupation en même temps et le ou les défauts physiques perçus ont tendance à varier dans le temps. »

-Amparo Belloch-

Femme couvrant son visage devant un miroir
Le trouble dysmorphique corporel peut être très limitant pour ceux qui en souffrent.

En quoi consiste le trouble dysmorphique corporel ?

Pour l’American Psychiatric Association (2014), ces personnes sont très préoccupées par au moins un élément qu’elles perçoivent comme défectueux dans leur corps, comme l’acné, une marque, un corps peu musclé ou un nez proéminent. Cependant, pour les observateurs extérieurs, ces éléments sont à peine perceptibles. De plus, le patient réagit à ses inquiétudes par des comportements dysmorphiques répétitifs.

Ceux-ci peuvent consister à souvent se regarder dans des miroirs afin d’évaluer l’apparence du défaut, ou les patients peuvent essayer de couvrir le défaut avec différents types de vêtements ou de maquillage. D’un autre côté, ils ont aussi tendance à abandonner et à éviter tout contact. En fait, le contact zéro est l’une des stratégies utilisées par les personnes atteintes de ce trouble.

Les symptômes peuvent atteindre une telle sévérité que la détérioration qu’ils provoquent est très importante d’un point de vue clinique. Ils impactent et détériorent les sphères personnelle, familiale, sociale, scolaire et professionnelle.

« L’isolement est courant dans ces cas, bien qu’ils réagissent parfois également par de la colère et un comportement agressif. »

-Amparo Belloch-

Sous le joug de l’interprétation

Ces personnes présentent des altérations des fonctions exécutives. Plus précisément, des biais se produisent lors du traitement et de l’interprétation des détails.

Ainsi, au lieu de codifier l’information corporelle de manière intégrée, elles la traitent de manière centrée sur l’imperfection. Par conséquent, l’interprétation qu’elles en font a une valence négative qui menace la personne.

Quelques biais d’interprétation dans le trouble dysmorphique corporel

D’autres biais trouvés chez ces patients font référence à la façon dont ils se perçoivent, comment ils interprètent leurs perceptions et comment celles-ci finissent gravées en eux :

  • Ils ont tendance à se concentrer sur les détails au détriment de l’ensemble du corps.
  • Sur le plan neuropsychologique, ils ont du mal à traiter les visages et les stimuli faciaux.
  • Ils présentent une attention hypersélective à tout ce qui est imparfait, que le défaut soit sur eux-mêmes ou sur les autres. En fait, ils ont tendance à se comparer aux autres sur des défauts spécifiques. Par exemple : « Cette femme a moins de poitrine que moi, n’est-ce pas ? ».
  • La façon dont ils traitent leur univers émotionnel est biaisée. Ainsi, les émotions transmises par les expressions faciales sont interprétées négativement, même si elles sont neutres.
  • Ils présentent une augmentation dysfonctionnelle de la conscience de soi. C’est-à-dire qu’ils sont excessivement conscients de leur apparence, ce qui leur fait exagérer la perception qu’ils ont de leurs défauts. Par conséquent, ils construisent une image irréelle, déformée, altérée et défigurée d’eux-mêmes.
  • Ils croient que la façon dont ils se voient est la façon dont les autres les voient. Ceci, potentiellement, les rend excessivement timides. Ils s’observent souvent « de l’extérieur ». C’est-à-dire qu’ils pensent : « si je sors dans la rue avec autant d’acné, les gens dehors verront mon visage comme une paella ».
  • L’importance excessive qu’ils accordent à l’apparence a un impact sur la façon dont ils perçoivent qu’ils sont acceptés en tant qu’individus dans la société.
  • Ils anticipent l’avenir. Pour ce faire, ils répètent dans leur esprit différentes images de ce qui peut se passer, dans le but de les contrôler et de les anticiper.
  • Des troubles émotionnels surviennent. Par exemple, ils ressentent une honte excessive à propos de leurs défauts, ce qui produit un affect négatif intense face à l’échec d’« être normal, comme tout le monde ». Ceci constitue un facteur qui renforce les biais cognitifs décrits ci-dessus.
patient en thérapie
La thérapie cognitivo-comportementale peut être d’une grande aide dans le trouble dysmorphique corporel.

Il existe une multitude de biais interprétatifs qui favorisent et entretiennent le développement du trouble. Ces personnes n’ont pas la capacité d’intégrer le petit défaut dans la totalité de leur corps. Ainsi, ce dernier est amplifié et occupe toute la sphère mentale de la personne. Le défaut envahit tout. Cependant, il existe des traitements efficaces, comme la thérapie cognitivo-comportementale.

« Les préjugés de type interprétatif font référence à la présence de standards très élevés sur l’importance de l’aspect physique, de la beauté et de la perfection par rapport à l’apparence. »

-Amparo Belloch-


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