Psychologie du pardon : le détachement de la rancune pour nous permettre d'avancer
Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater
La psychologie du pardon est également une forme de détachement. Elle fait référence à tout acte de courage par lequel nous laissons de côté l’amertume qui nous tenaille et nous rend captif-ves pour accepter ce qui est arrivé et nous permettre d’avancer. Il s’agit également d’une restructuration du “moi”, d’un parcours psychologique où la réparation des dommages et des émotions négatives permet de trouver progressivement, au quotidien, la paix intérieure.
Chaque fois que nous cherchons une bibliographie relative à la psychologie du pardon nous trouvons surtout des œuvres et des documents liés à la croissance personnelle, à l’étude de la morale et même au monde de la religion ou de la spiritualité. Maintenant, existe-t-il des études scientifiques sur ce qu’est le pardon, comment y parvenir et qu’est-ce que cela suppose pour que notre équilibre physique et émotionnel accepte cette mesure ?
La réponse, évidemment, est “oui”. En effet, la “American Psychological Associaton” dispose de multiples travaux et recherches sur ce qu’est pardonner ou non, ainsi que sur la manière dont nos sociétés et ce monde si rempli de conflits tout au long de l’histoire n’a pas toujours été en mesure d’avancer en ce sens : une dimension qui est également fondamentale pour notre bien-être mental.
En effet, et il est important de ne pas l’oublier, beaucoup d’entre nous peuvent avoir une épine enfoncée, un compte à régler avec un événement de notre passé affectant notre bonheur actuel, lequel réduit notre capacité à construire un présent beaucoup plus satisfaisant. Tout le monde, d’une manière ou d’une autre, garde sa petite part de ressentiment envers quelque chose ou quelqu’un qu’il serait opportun de commencer à guérir…
Pardonnez pour éviter “l’usure” personnelle
La meilleure façon de plonger dans ce domaine de la psychologie est de différencier ce qu’est le pardon de ce qui ne l’est pas. Pardonner, en premier lieu, ne signifie pas nous dire que ce qui s’est passé à un moment donné était bien si ce n’était pas le cas. Cela ne signifie pas non plus “accepter” ou se réconcilier avec la personne qui nous a fait du mal ; encore moins nous forcer à nous sentir proche de cette dernière ou à ressentir de la pitié pour elle.
La psychologie du pardon, en effet, nous offre les stratégies appropriées pour que nous puissions prendre les mesures suivantes :
- Accepter que les choses se sont passées de cette manière particulière. Rien de ce qui s’est passé à ce moment précis dans notre passé ne peut être changé. Par conséquent, il faut arrêter de spéculer, de perdre de l’énergie, notre humeur et notre santé à imaginer comment les choses auraient pu être si nous avions agi différemment, si nous avions fait ceci plutôt que cela.
Pardonner, c’est apprendre à “lâcher prise” pour réinventer un nouveau “moi” qui assume le passé mais qui se voit fort afin de profiter du présent.
La psychologie du pardon nous dit par ailleurs que nous ne sommes pas obligé-e-s de comprendre ou d’accepter les valeurs ou les pensées de la personne qui nous a fait du mal. Pardonner, ce n’est pas offrir la clémence ou chercher des justifications pour ce qui nous fait souffrir. Nous ne devrions jamais abandonner notre dignité.
- Il s’agit plutôt de faciliter le deuil du ressentiment, de retirer progressivement les couches à colère, l’intensité du désespoir et ce blocage qui nous empêche de respirer… Pour cela, il est nécessaire que nous cessions de haïr celui/celle qui nous a fait du mal.
Par ailleurs, il existe un aspect important que nous oublions habituellement. Le pardon est la pierre angulaire de toute relation, qu’elle soit de couple, d’amitié, etc. Rappelons-nous que tout le monde ne voit pas les choses de la même manière que nous ; en effet, il existe autant de perceptions, d’approches et d’opinions qu’il y a de jours dans une année.
Nous percevons parfois certaines actions comme des affronts ou des actes de mépris alors qu’il ne s’agit en réalité que d’un simple désaccord ou d’un malentendu. Ainsi, et afin d’arrêter de voir des trahisons là où il n’en existe pas, nous devons être capables d’élargir notre sens de la compréhension et notre capacité de pardon.
La psychologie du pardon, clé de la santé
Le docteur Bob Enright de l’Université du Wisconsin est l’un des experts les plus célèbres dans l’étude de la psychologie du pardon. Après plus de trois décennies d’analyse de cas, menant des études et écrivant des ouvrages sur le sujet, il conclut avec quelque chose qui pourrait attirer notre attention. Tout le monde n’y parvient pas, nous ne sommes pas tou-te-s capables de faire le pas pour offrir le pardon. La raison de cela réside dans le fait de considérer le pardon comme une forme de faiblesse.
Il s’agit d’une erreur. Une des meilleures idées que nous offre la psychologie du pardon est que le faire, franchir le pas, outre le fait de nous permettre d’avancer avec plus de liberté dans notre présent, nous donne l’opportunité d’intégrer dans notre être de nouvelles valeurs, de nouvelles stratégies pour affronter n’importe quelle source de stress et d’anxiété. Parce que pardonner et recycler les ressentiments en libertés est un acte de courage et de force.
En outre, le Docteur Enright nous rappelle qu’il existe de nombreuses raisons qui justifient de faire le pas vers le pardon. La meilleure de toutes est que nous allons gagner en santé. Il existe de nombreuses études qui montrent la relation étroite entre le pardon et la réduction de l’anxiété, la dépression et d’autres troubles qui réduisent complètement notre qualité de vie.
La personne qui jour après jour reste piégée dans le cycle de la mémoire, dans les griffes du ressentiment et dans cette haine persistante du passé concentrée dans un événement particulier ou dans une personne déterminée, développe en plus du malheur est un stress chronique. Personne ne mérite de vivre de cette façon. Parce qu’il n’existe pas d’émotion plus toxique que la colère combinée à la haine…
Mettons donc en pratique certaines des stratégies suivantes pour faciliter le chemin du pardon :
- Pardonner n’est pas oublier, c’est apprendre à penser mieux en comprenant que nous ne sommes pas obligé-e-s de faciliter une réconciliation, mais d’accepter ce qui s’est passé sans nous sentir “faible” pour franchir ce pas. Pardonner, c’est nous libérer de nombreux fardeaux que nous ne méritons pas de supporter à vie.
- La haine enlève de l’énergie, de la volonté et de l’espoir. Nous devons donc apprendre à pardonner pour survivre, pour vivre avec plus de dignité.
- L’écriture thérapeutique et la tenue d’un journal peuvent nous aider.
- Nous devons comprendre également que le temps, par lui-même, n’aide pas. Laisser passer les jours, les mois et les années ne nous empêchera pas de haïr ou d’oublier ce qui s’est passé. Ne remettons pas au lendemain le mal-être que nous ressentons aujourd’hui.
- Le pardon est un processus. Il s’agit de quelque chose que nous devons également comprendre. Peut-être que nous ne pourrons jamais complètement pardonner à l’autre personne, mais nous pouvons décharger une bonne partie de tout ce ressentiment pour pouvoir “respirer” un peu mieux …
Pour conclure, nous voyons que le domaine de la psychologie du pardon est très vaste et qu’il dispose également d’une relation très étroite avec le domaine de la santé et du bien-être. Il s’agit d’une discipline qui nous offre des stratégies fabuleuses à appliquer dans n’importe quel domaine de notre vie, dans notre travail et dans nos relations quotidiennes. Pardonner est donc l’une des meilleures capacités et vertus à développer en tant qu’êtres humains.
Références bibliographiques
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