Pourquoi y a-t-il des parents qui n'acceptent pas que leurs enfants aient grandi ?
Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater
Peu importe qu’ils aient 15, 20 ou 35 ans. Certains parents n’acceptent pas que leurs enfants aient grandi et résistent à faire la place à tout ce qui doit arriver selon la loi naturelle : prendre leurs propres décisions, commencer des relations affectives, commettre des erreurs, faire des découvertes, s’engager dans leurs propres objectifs personnels et, plus décisif, quitter le domicile familial.
Toutes ces étapes, chacun de ces processus qui font partie du développement d’une personne, sont perçus par de nombreux parents comme une menace réelle. Mais… une menace pour quoi ? L’hyper-paternité, par exemple, trouve son sens à travers le soin et l’hyper-protection. Tout soupçon d’indépendance et tentative de revendiquer leurs propres espaces n’est guère plus qu’une attaque contre l’identité de ce parent.
Beaucoup de ces individus qui décidèrent d’être parents à un certain moment, ne se conçoivent plus autrement. Ainsi, et presque sans s’en rendre compte, ils acquièrent un rôle autoritaire camouflé en porteurs d’amour inconditionnel, d’une affection qui est en fait empoisonnée, car elle ne permet pas de grandir et encore moins d’être.
La philosophe Hannah Arendt déclara un jour : « il y a des familles qui croient faire leur devoir alors qu’en réalité, elles créent des conflits générationnels et blessent mortellement l’essence même de l’être humain, intégrée dans la liberté elle-même ».
Les parents qui n’acceptent pas que leurs enfants aient grandi : pourquoi cela arrive-t-il ?
Être parent tient au funambulisme. Il faut savoir offrir de l’amour et aussi de la distance. Il faut protéger et en même temps favoriser l’indépendance. Élever un enfant, c’est savoir mettre des limites tout en ouvrant des barrières pour qu’il puisse montrer ses responsabilités. Tout cela constitue tout un art complexe que tout le monde ne sait pas exercer.
Parce qu’en matière de parentalité, tout ne répond pas à l’instinct. Certains se laissent souvent emporter par leurs propres besoins et leurs lacunes non résolues. Laisser grandir est pour beaucoup synonyme de “perdre”, d’abandonner quelque chose qui est propre. Comme si les enfants étaient vraiment des objets de possession à garder et à protéger tel un bijou que quelqu’un pourrait voler.
Voyons cependant ce qui se cache derrière ce type de comportement.
Tu es le refuge de mes manques et je ne peux pas te laisser partir
Lorsqu’un enfant est jeune, il agit comme ce baume quotidien capable d’apaiser toutes les douleurs de la vie et les frustrations présentes et passées. Il remplissent nos câlins et prennent plaisir en notre compagnie, étouffant tout problème ou désir.
Cependant, à mesure que les enfants grandissent, ils ne cherchent pas ou ne veulent pas être le refuge de leurs parents. Ils aspirent à se connecter avec leurs pairs, à se tester dans de nouveaux scénarios en dehors de la maison.
L’enfant deviendra un adolescent et l’adolescent un adulte alors que de nombreux parents continuent de les revendiquer. Ils attendent d’eux qu’ils continuent à leur faire plaisir, qu’ils conservent l’innocence d’antan et soient aussi maniables que lorsqu’ils étaient petits. L’enfant adulte n’est plus sous leur contrôle, ce qui les frustre et les attriste.
Je ne supporte plus que tu n’aies plus besoin de moi
“Cher fils, j’ai besoin que tu aies besoin de moi. Parce que quand tu le fais, tu me rends visible, tu me donnes une utilité dans ce monde et me fais sentir important, donne un sens à ma. Que tu grandisses est plus qu’une perte pour moi. C’est aussi une manière de me défier, car sans que tu le saches, tu me montres que je ne vaux plus rien”.
Ces phrases résument brièvement ce que cela signifie pour de nombreux parents que leurs enfants deviennent progressivement des adultes capables de construire leur propre vie. C’est un peu plus qu’une insulte. Cependant, le plus complexe est qu’ils le font voir ainsi .Ils n’hésitent alors pas à recourir à la manipulation émotionnelle.
De même, ils n’hésitent pas à projeter sur leurs enfants un sentiment de culpabilité pour tout ce qu’ils font, aussi insignifiant soit-il (partir en voyage avec des amis, choisir un certain métier, etc.).
Je prendrai toujours soin de toi (hyperprotection)
La surprotection est une maladie. Elle laisse en effet des séquelles graves, tant chez le parent qui l’exerce que chez l’enfant qui la subit. Ce comportement d’extrême prudence, d’aliénation, d’attention obsessionnelle et même de domination a souvent, en fond, un trouble anxieux.
Les enfants sont tout et la simple idée qu’il puisse leur arriver quelque chose ou qu’ils s’éloignent génère une peur excessive chez les parents surprotecteurs.
Les parents ne sont par ailleurs pas les seuls à en souffrir. Des études intéressantes montrent en effet comment des étudiants universitaires qui reçurent une éducation reposant sur l’hyperprotection arrivent en première année avec un niveau d’anxiété sociale important.
Des parents qui n’acceptent pas que leurs enfants aient grandi, des parents narcissiques qui ne contrôlent plus
Certains parents n’acceptent pas que leurs enfants aient grandi parce que cela signifie qu’ils n’ont plus de contrôle sur eux. Cela arrive assez souvent chez les parents au profil narcissique, habitués à faire de la médiation dans tous les domaines de la vie de leurs enfants depuis qu’ils sont petits.
Soudain, ce garçon ou cette fille a déjà cet âge auquel il peut et doit décider par lui-même. Du jour au lendemain, ils cessent d’être gérables pour avoir un projet d’avenir, un travail, un projet personnel dans lequel les parents ne seront plus présents. Cela génère de la frustration et un important agacement chez quelqu’un au profil narcissique.
Pour conclure. Ce types de situations se produisent très fréquemment, que l’enfant ait 15 ou même 40 ans. Certains parents n’accepteront jamais que leurs enfants grandissent car ils résistent à de lâcher prise, à voir comment cette personne est capable de se débrouiller seule et même réaliser ce qu’eux-mêmes ne purent à leur époque. Gardons-le à l’esprit.
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