Paul Watzlawick et la théorie de la communication humaine
Rédigé et vérifié par le psychologue Sergio De Dios González
Selon le psychologue autrichien Paul Watzlawick, la communication joue un rôle fondamental dans nos vies et dans l’ordre social, même si nous en sommes à peine conscient-e-s. En effet, depuis le début de notre existence nous participons au processus d’acquisition des règles de communication immergées dans nos relations, même si nous ne le réalisons pas.
Petit à petit, nous apprenons ce qu’il faut dire et comment le dire, ainsi que les multiples formes de communication existant dans notre vie quotidienne. Cela semble être un mensonge qu’un processus aussi complexe passe autant inaperçu et que nous l’automatisons presque sans effort conscient. La vérité est que, sans communication, l’être humain n’aurait pas pu progresser ou évoluer autant qu’il ne l’a fait jusqu’à présent. Maintenant, quelles sont les subtilités de la communication qui nous permettent d’établir des relations et qui, malgré leur importance, nous ne prenons pas en compte ? Approfondissons.
Paul Watzlawick et sa vision de la communication
Paul Watzlawick (1921-2007) était un psychologue autrichien, référence dans le domaine de la thérapie familiale et systémique, internationalement reconnu pour son travail intitulé Faites vous-même votre malheur publié en 1983. Il a obtenu un doctorat en philosophie, il a suivi une formation en psychothérapie à l’Institut Carl Jung de Zurich, et était un professeur à l’Université de Stanford.
Watzlawick, en collaboration avec Janet Beavin Bavelas et Don D. Jackson au Mental Research Institute de Palo Alto, a développé la théorie de la communication humaine, pierre angulaire de la thérapie familiale. Dans cette théorie, la communication n’est pas expliquée comme un processus interne qui provient du sujet, mais comme le résultat d’un échange d’informations qui trouve son origine dans une relation.
Donc, de ce point de vue, l’important n’est pas tellement le mode de communication ou si ce dernier est conscient ou non, mais comment nous communiquons ici et maintenant et de quelle manière nous nous influençons les un-e-s les autres. Voyons quels sont les principes fondamentaux sur lesquels repose la théorie de la communication humaine et quels enseignements nous pouvons en tirer.
Les 5 axiomes de la théorie de la communication humaine
Il est impossible de ne pas communiquer
La communication est inhérente à la vie. Avec ce principe, Paul Waztlawick et ses collègues se référaient au fait que tout comportement est une forme de communication en soi, à la fois implicite et explicite. Même garder le silence implique une information ou un message, il est donc impossible de ne pas communiquer. La non-communication n’existe pas.
Même lorsque nous ne faisons rien, que ce soit au niveau verbal ou non verbal, nous transmettons quelque chose. Il se peut que nous ne soyons pas intéressé-e par ce qui nous est raconté ou que nous préférons simplement ne pas donner notre point de vue. Le fait est qu’il existe plus d’informations dans ce “message” que celles que reprennent strictement les mots.
La communication dispose d’un niveau de contenu et d’un niveau de relation (métacommunication)
Cet axiome renvoie au fait que dans toute communication, non seulement la signification du message lui-même (niveau de contenu) est importante, mais aussi comment le/la locuteur-trice veut être compris-e et comment iel prétend que les autres le comprenne (niveau relationnel).
“Lorsque nous interagissons nous transmettons de l’information, mais la qualité de notre relation peut donner un sens différent à cette information.”
Ainsi, l’aspect du contenu correspond à ce que nous transmettons verbalement tandis que l’aspect relationnel renvoie à la façon dont nous communiquons ce message, en d’autres termes au ton de la voix, l’expression faciale, le contexte, etc. C’est précisément ce dernier aspect qui détermine et influence le premier dans la mesure où selon notre ton ou notre expression, le message sera perçu sous une forme ou une autre.
La ponctuation donne une signification selon la personne
Le troisième axiome a été expliqué par Paul Watzlawick comme “La nature d’une relation dépend de la gradation que les participants font des séquences de communication entre eux.” Il voulait dire par là que chacun-e de nous construit toujours une version de ce qu’iel observe et expérimente, et en fonction de cela établi la relation avec les autres.
Ce principe est fondamental quand il s’agit d’interagir et nous devrions le garder à l’esprit chaque fois que nous le faisons. Puisque toutes les informations qui nous parviennent sont filtrées sur la base de nos expériences, de nos caractéristiques personnelles et de notre apprentissage, ceci fait qu’un même concept tel que par exemple l’amour, l’amitié ou la confiance revêt des significations différentes.
Par ailleurs, un autre aspect essentiel de la communication est que chaque interlocuteur croit que le comportement de l’autre est la cause de son comportement, alors que la communication est un processus beaucoup plus complexe qui ne peut être réduit à la simple relation de cause à effet. La communication est un processus cyclique dans lequel chaque partie contribue de manière singulière à la modération de l’échange.
Modalité digitale et modalité analogique
De la théorie de la communication humaine découle le postulat selon lequel il existe deux modalités :
- Modalité digitale. Cela fait référence à ce qui est dit à travers les mots, lesquels sont le vecteur de ce que contient la communication.
- Modalité analogique. Elle inclut la communication non verbale, c’est-à-dire la façon de nous exprimer et le vecteur de la relation.
La communication symétrique et complémentaire
Enfin, cet axiome est destiné à donner de l’importance à la façon dont nous avons d’interagir avec les autres : parfois dans des conditions d’égalité, parfois sur la base de différences.
Lorsque la relation que nous entretenons avec une autre personne est symétrique, nous évoluons sur le même plan, c’est-à-dire que nous avons des conditions d’égalité et un pouvoir équivalent dans l’échange, mais nous ne nous complétons pas. Lorsque la relation est complémentaire, comme la relation parent/enfant, enseignant-e/étudiant-e ou vendeur-se/acheteur-se, nous nous trouvons immergé-e-s dans des conditions d’inégalité, mais acceptant les différences et permettant la complémentarité de l’interaction.
Ainsi, si nous prenons en compte ces principes, nous parviendrons à la conclusion que dans toutes les situations communicatives, ce qui est important et ce à quoi nous devons prêter attention est la relation elle-même ; en d’autres termes, à la manière d’interagir des personnes qui communiquent et pas tellement au rôle individuel de chacune d’elles.
Comme nous avons pu le constater, la communication est un processus beaucoup plus complexe que nous ne l’imaginons, revêtant un grand nombre d’aspects implicites qui apparaissent dans le quotidien de nos relations.
Références bibliographiques
Ceberio, Marcelo R. (2006). La bonne communication. Les possibilités de l’interaction humaine. Barcelone : Paidós.
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Ceberio, Marcelo R. (2006). La buena comunicación. Las posibilidades de la interacción humana. Barcelona: Paidós.
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