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Paresse cognitive et réseaux sociaux : comment sont-ils liés ?

5 minutes
Lorsqu'une personne ne fait pas l'effort de réfléchir et d'appliquer un sens critique, il lui est plus facile de croire à certaines fausses informations. Une position qui la rendra plus vulnérable aux manipulations des médias grand public.
Paresse cognitive et réseaux sociaux : comment sont-ils liés ?
Valeria Sabater

Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater

Écrit par Valeria Sabater
Dernière mise à jour : 15 novembre, 2021

Nous avons tous la fabuleuse capacité de raisonner. Nous pensons, mais nous ne le faisons pas bien et, parfois nous nous laissons emporter par la paresse cognitive. Cette faille subtile suppose, ni plus ni moins, de déplacer le sens critique, de laisser la capacité d’analyse en stand-by et d’abaisser toute barrière mettant des filtres et des freins au mensonge et à la manipulation.

Ce sujet est plus pertinent qu’il n’y paraît à première vue. Ainsi, ce que nous savons de la psychologie et des neurosciences, c’est que la pensée nécessite un investissement cognitif qui se traduit par une dépense énergétique. De multiples fonctions exécutives sont activées, aussi importantes que l’attention, l’analyse, la synthèse, la comparaison, le jugement, etc. Cependant, le cerveau est plus paresseux qu’on ne pourrait le croire.

Cet organe préfère gagner du temps et, pour cela, il se laisse emporter par ce pilote automatique chargé de biais, de préjugés et de cette paresse avec laquelle il accepte tout ce qu’il voit, lit ou entend. Le résultat peut être dangereux. Parce que ceux qui ne pensent pas comme ils le devraient acceptent les fausses informations et les traitent comme vraies. Celui qui ne doute de rien peut être victime de tout…

L’une des choses qui intéresse le plus les experts est de comprendre pourquoi les gens croient à la désinformation ou aux informations malveillantes. La paresse cognitive peut faire partie du problème.

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Qu’est-ce que la paresse cognitive ?

La paresse cognitive définit une concentration mentale limitée lorsqu’il s’agit de traiter les informations que nous recevons. Cela n’a rien à voir avec notre QI. C’est-à-dire que nous pouvons avoir des personnes très intelligentes qui, à un moment donné ou dans une circonstance spécifique, réduisent leurs ressources cognitives. Donc, quelque chose qu’il est bon de garder à l’esprit est que nous utilisons tous cette paresse mentale.

De quelle manière ? En fait, il en existe beaucoup, comme l’utilisation de stéréotypes ou de préjugés. En d’autres termes, notre cerveau simplifie les informations que nous recevons pour nous faire gagner du temps et de l’énergie. Cela se traduit par des réalités dangereuses très courantes et connues.

Prenons un exemple. Il y a quelques semaines, un personnage public est devenu viral car, sur son compte Twitter, il a publié que des volontaires étaient recherchés pour collecter la lave du volcan de La Palma aux îles Canaries (Espagne). En quelques minutes, les blagues, les critiques et les mèmes ont commencé à pulluler. Peu de gens ont su appliquer le sens critique pour penser que ce récit pouvait être faux…

Quand on ne réfléchit pas bien, le mensonge triomphe

Il est nécessaire de comprendre pourquoi les gens sont susceptibles de croire à des informations erronées et fausses. Le problème n’est pas seulement chez ceux qui commettent la tromperie ou cherchent la manipulation des grandes masses. En fait, il est crucial de savoir ce qui nous rend vulnérable à tous ces pièges fréquents et combien de dégâts ils peuvent causer.

Que quelqu’un nous dise simplement que « nous ne réfléchissons pas » peut nous blesser. Mais la vérité est que nous ne pensons pas correctement : nous nous laissons emporter par la paresse cognitive car le monde qui nous entoure – et encore plus celui des réseaux sociaux – est trop complexe. Nous recevons de nouvelles informations et des images à presque chaque seconde. Nous n’avons pas le temps de tout traiter méticuleusement.

D’un autre côté, il est intéressant de commenter ce qu’a découvert une étude menée à l’Université de Yale en 2019. Lorsqu’on s’est posé la question de savoir pourquoi les gens croyaient à de faux titres, il a été spéculé que nous n’accordons peut-être qu’une étiquette de vérité, crédible ou plausible à ce qui correspond à ce que nous pensions déjà. Cependant, les résultats n’ont pas penché pour cette idée…

Nous sommes paresseux et nous avons du mal à appliquer un raisonnement analytique, quel que soit l’endroit d’où nous viennent les informations.

Nous préférons conserver nos capacités de réflexion et d’analyse pour d’autres tâches spécifiques. Lorsque nous regardons notre téléphone, nous le faisons pour nous distraire, nous reposer ou nous amuser. Nous regardons et lisons sans réfléchir et cela nous fait croire à des réalités complètement manipulées.

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Quelle est la solution ? Pensée réversible versus paresse cognitive

La paresse cognitive nous aveugle face aux  évidences et fait triompher les mensonges. Bien que nous ayons tous les compétences pour détecter certains dangers qui rendent notre survie plus probable, l’ère numérique a également marqué une révolution à cet égard. Les ennemis ne sont pas physiquement autour de nous : ils habitent nos appareils électroniques.

Si nous voulons faire face à cette pensée paresseuse, nous devons activer la pensée réversible. Cette approche définit notre capacité à raisonner de manière bidirectionnelle. C’est-à-dire que le raisonnement réversible nous permet de traiter l’information à partir de plusieurs perspectives. Cela nous aide également à résoudre des problèmes à partir de diverses approches, aussi contradictoires soient-elles.

La clé est de se débarrasser de cette négligence, de cette approche rigide. La paresse cognitive, c’est comme traverser une route en regardant seulement devant, en oubliant que le vrai danger est des deux côtés. Ouvrons les yeux, faisons cet effort bien nécessaire pour éviter de nous faire écraser par le mensonge.

Jean Piaget a défini la pensée réversible comme un trait de la véritable intelligence. Grâce à elle, nous traitons l’information dans une perspective plus large, sans jamais rester dans la première option ou dans les apparences.


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  • Bago B, Rand DG, Pennycook G. Fake news, fast and slow: Deliberation reduces belief in false (but not true) news headlines. J Exp Psychol Gen. 2020 Aug;149(8):1608-1613. doi: 10.1037/xge0000729. Epub 2020 Jan 9. PMID: 31916834.
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