Les opinions, nos jugements personnels de la réalité
A quel moment commençons-nous à former des opinions ? Nous le faisons dès notre plus jeune âge et nous les construisons en outre à partir de notre environnement et de nous-mêmes. Une opinion est définie comme une idée, un jugement ou un concept qu’une personne a ou forme à propos de quelque chose ou de quelqu’un. Les opinions sont respectables et leur hétérogénéité est une source incontestable de richesse et d’inspiration pour la créativité.
En écoutant ce que les autres pensent, leurs opinions, nous avons l’opportunité de réfléchir sur d’autres points de vue possibles. Nous avons dit réfléchir, parce que … Cela ne signifie pas que chaque opinion est une vérité ! Il s’agit simplement de jugements personnels, sans garantie de validité. Mais…qu’il s’agisse de celles des autres ou des nôtres, les opinions sont toujours empreintes de subjectivité.
Une opinion n’est pas une vérité, ni une nouvelle, ni un fait
Il s’agit précisément de la raison pour laquelle il est si important de différencier les opinions des affirmations basées sur des faits prouvés, ces vérités qui peuvent être vérifiées (non argumentées). Une opinion n’est pas une vérité, il n’est pas possible d’affirmer une opinion. L’opinion peut être plus ou moins étayée ou plus ou moins argumentée. Par ailleurs, former des opinions sur des personnes ou des situations légères favorise différents niveaux d’injustice qui n’ont pas de base solide ou de fondement valable.
Il est très important de savoir que notre esprit travaille avec les informations qu’il possède à chaque instant, de sorte que les opinions émises et diffusées avec peu d’informations ne survivent généralement pas à un débat dans lequel des arguments de poids sont traités. En tout état de cause, n’oublions pas, contrairement à ce que nous avons tous pensé à un moment donné, que changer d’avis, lorsqu’il existe des arguments solides qui nous invitent à le faire, est une attitude intelligente.
Une autre conséquence de voir les opinions telles qu’elles le sont, un saut dans le vide impliquant toujours un risque, est la prudence lors de leur délivrance. Les personnes qui les perçoivent ainsi recueillent généralement une bonne quantité d’informations avant de les partager, écoutant attentivement les arguments des autres … et non dans le but de réaffirmer leurs arguments, d’essayer de falsifier leurs propres opinions.
Que se passe-t-il lorsque nous les amenons dans des conversations ?
Il est essentiel de séparer les opinions des affirmations ; si nous ne le faisons pas, les conséquences ne seront pas agréables et, ces opinions ou le fait de les exprimer comme des affirmations peuvent et tendent à irriter les autres. D’où l’importance de ce concept : les opinions sont trop souvent utilisées comme des vérités, oubliant qu’il s’agit simplement de jugements personnels.
L. Austin, dans “La théorie des actes du langage”, différencie deux territoires : le territoire des affirmations et le territoire des déclarations. Les opinions (jugements personnels) font partie du territoire des déclarations. Un territoire lié à la validité et la cohérence et non à la véracité. La certitude de posséder la vérité et d’avoir raison dans ce territoire est un piège ! Une illusion ou un mirage comme nous pourrions en voir dans le désert. En outre, elle ne laisse généralement pas d’espace pour d’autres façons de penser (modèles mentaux) ou pour développer une ouverture mentale, nous empêchant de prendre conscience que l’expérience personnelle est une réalité conditionnée.
Qu’arrive-t-il aux personnes qui tombent dans ce piège ?
Ces personnes supposent que la réalité doit correspondre à la façon dont elles la perçoivent, de sorte que les autres devraient perçoir la même chose. En tout état de cause, si les autres ne le font pas, il s’agirait de distorsions de la perception des premiers, non des seconds. Ces personnes mettent en oeuvre des “sincéricides“, communiquent leur opinion sans qu’elle ne leur soit demandée, utilisant comme excuse la sincérité en tant que vertu, commettant ainsi des “sincéricides”.
Ces personnes se retrouvent dés lors prises au piège dans cette stagnation qui empêche leur adaptation à d’autres formes de pensée (modèles mentaux). Elles ont besoin d’avoir raison pour se sentir en sécurité et protégées… Quelle importance accordent-elles au fait d’avoir raison ! Ce besoin devient parfois impérieux et fait que des désaccords rationnels se transforment en discussions très vives et sans aucun sens.
Pourquoi est-ce si mal vu de changer d’opinion ?
Au fond … Pourquoi ce besoin de réaffirmer continuellement nos opinions ? Nous ne faisons souvent que changer d’opinion à propos de quelque chose ou de quelqu’un, offrant par la même un excellent exemple de notre flexibilité et de notre ouverture d’esprit, tout en étant cohérent avec les nouvelles informations que nous avons reçues. Un simple changement d’opinion ne nous fera jamais cesser d’être qui nous sommes !
Par ailleurs, nous pouvons partager des opinions, des réflexions et des pensées, mais ce n’est pas pour autant que nous aurons raison, nous partagerons seulement la même vision sur un sujet. Ce peut être de manière plus ou moins cohérente, il peut s’agir d’opinions plus ou moins valables … Mais ne tombons pas dans le piège de croire que toute opinion, hypothèse ou prédiction est plus réelle qu’une autre ! Ainsi, Steve Jobs, dans son célèbre discours prononcé à l’Université de Stanford en 2005, déclara :
“Ne vous laissez pas prendre dans le dogme de vivre avec les résultats des pensées des autres. Ne laissez pas le bruit des opinions des autres noyer votre propre voix intérieure.”
-Steve Jobs-
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