Olive Oatman, la femme au tatouage bleu et à la double captivité
Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater
Olive Oatman est connue comme la mystérieuse femme au tatouage bleu sur le menton. Enlevée étant enfant par les Indiens Yavapai, accueillit plus tard par les Indiens Mohave et finalement sauvée par son frère, elle consacra une partie de sa vie à parler de la survie et de la force de l’être humain sans percevoir à quel point son esprit, et même identité, avaient été brisés.
Il est possible que certains aient déjà entendu parler de cette histoire. Le visage serein de la protagoniste, son regard et surtout, ce tatouage unique où l’aspect ethnique, sauvage diraient certains, s’intègre difficilement à l’image occidentale selon laquelle toute bonne dame instruite et de bonne position devait se présenter au milieu du XIXe siècle.
Olive Oatman a souffert deux tragédies qui l’ont marquée à vie : tout d’abord la perte de sa famille biologique suite à l’attaque des Yavapais, puis, avoir été arrachée à sa deuxième famille, les Mohaves.
Cependant, il se trouve une chose dont il n’a pas été fait allusion pendant ces années. Olive Oatman ne s’est jamais senti aussi libre qu’à l’époque où elle vivait avec les Mohaves. En effet, presque 100 ans plus tard, son nom a été donné à une petite ville, un endroit où cette jeune fille vécut en compagnie des autochtones et où, curieusement, elle fut plus heureuse que jamais.
Olive Oatman, années de captivité, années de liberté
Nous sommes en 1850, dans les terres arides mais toujours majestueuses du Colorado, aux États-Unis. Le long d’une route solitaire et caillouteuse, nous pouvons voir une caravane de colons se frayer un chemin avec leurs animaux, leurs voitures et leurs espoirs infinis de s’installer dans ce qui était alors appelé le “nouveau monde”.
Toutefois, le nouveau monde était déjà habité, disposait de propriétaires légitimes qui n’allaient pas céder au désir de conquête d’un groupe d’étrangers avec des airs de grandeur. Parmi ces colons se trouvait la famille Oatman, des Mormons qui avançaient de manière imprudente du fait du fanatisme d’un chef spirituel, le pasteur, James C. Brewster. Ce fut ce personnage qui les conduisit inévitablement au désastre. Ils ne connaissaient rien de ces territoires, ils ne voulaient pas non plus écouter les avertissements. Leur but était si ferme et leur foi si aveugle qu’ils ne se rendaient pas compte que ces territoires disposaient déjà de propriétaires, un groupe ethnique sauvage et assez violent : le Yavapai.
Les Indiens en finirent avec pratiquement tout le groupe de pionniers qui dirigeait cette expédition. Après le massacre, ils décidèrent de prendre deux filles blanches comme esclaves, qui furent Olive Oatman, 14 ans, et sa soeur Mary Ann, 8 ans. Après le drame vécu, les deux petites filles connurent une situation qui n’était guère meilleure, elles durent résister à presque un an d’abus, de manque et d’humiliation continus de la part des indigènes qui méprisaient l’homme blanc.
Cependant, leur sort changea lorsqu’une tribu voisine entendit parler de l’histoire des jeunes filles.
Cette tribu était les Mohaves. Ce sont eux qui décidèrent de les sauver en faisant un échange : ils livrèrent un certains nombre de chevaux et couvertures en échange des filles blanches. L’affaire fut scellée, et Olive et sa jeune sœur commencèrent une nouvelle vie, une vie signifiant un virage de 180º par rapport à l’indigence à laquelle elles avaient été soumises. Elles furent adoptés par la famille Espanesay et Aespaneo, accueillies par un territoire rempli de beautés, de terres aux champs de blé et aux forêts de peupliers où elles dormirent chaque soirs en compagnie d’un peuple affable.
Ainsi, et pour démontrer leur union avec la communauté, elles reçurent le tatouage traditionnel de leur communauté ; ce tatouage consacrait leur union avec les leurs dans l’au-delà, symbole religieux et de communion avec les Mohave. Ce furent quelques années tranquilles, où Olive eut l’occasion de faire le deuil de ses parents et de renforcer les liens avec sa nouvelle famille.
Elle connut toutefois des moments difficiles, des années de sécheresse où les personnes souffrirent de la faim et au cours desquelles de nombreux enfants moururent, y compris Mary Anne, sa sœur. Elle fut autorisée à l’enterrer selon sa propre religion, et reçut même un morceau de terre où elle planta un jardin de fleurs sylvestres.
Le tatouage invisible d’Olive Oatman
Olive Oatman avait presque 20 ans lorsqu’un messager de Fort Yuma arriva au village Mohave. Ils avaient appris la présence d’une femme blanche et exigeaient son retour. Il convient de préciser que cette tribu n’a jamais tenu la jeune fille en captivité, lui ayant toujours dit qu’elle était libre de partir lorsque elle le souhaiterait ; mais Olive ne ressentit jamais le besoin de retourner à ce que l’homme blanc appelait la civilisation. Elle était bien. Elle se sentait bien.
Cependant, tout changea lorsqu’elle découvrit que celui qui la réclamait était Laurence, son petit frère, qu’elle croyait mort suite à l’attaque brutale des Yavapai où elle perdit sa famille. Elle décida alors de partir, décida de retourner auprès des siens, ce que les mohaves acceptèrent mais avec difficulté. Il s’agit cependant d’une décision dont Olive Oatman se repentira des années plus tard.
La femme au tatouage bleu
Ils l’appelèrent ainsi, “la femme au tatouage bleu”. Parce que les costumes victoriens avec lesquels ils l’habillèrent immédiatement pour effacer son passé parmi les Indiens ne pouvaient pas couvrir le tatouage qui ornait son menton. Cependant, tout le monde ne savait pas que ses bras et ses jambes avaient également des tatouages frappants qui ne virent jamais la lumière du soleil et le vent du Colorado.
Tout alla très vite pour Olive Oatman après son retour à la civilisation. Un livre fut écrit sur son histoire, et une partie des redevances obtenues lui furent remises pour son usage personnel, ce dont elle profita. Ces revenus lui servirent à embrasser une carrière universitaire et à payer la formation de son frère Laurence. Plus tard, elle commença à donner des conférences à travers les États-Unis pour parler de son expérience, le Yavapai et le Mohave.
Cependant, ce que le livre décrivait de son histoire et ce que les personnes espéraient entendre dans ses conférences étaient des anecdotes sur la sauvagerie des Indiens, sur leur ignorance et leur inhumanité. Olive, qui reçut des pressions, dut mentir pour survivre dans cette ville qui venait de l’accueillir dans cette nouvelle phase de sa vie.
Elle épousa un riche fermier en 1885. Un homme qui ne demanda qu’une chose : oublier son passé, de ne plus donner de conférence et de couvrir son tatouage lorsqu’elle sortait. Elle accéda à sa demande, laissant ainsi passer le temps, peu à peu. Année après année, et soumise à ce qui fut peut-être la pire captivité de sa vie, un nouveau tatouage s’inscrivit en elle : la douleur et le souvenir des années passées avec les Mohaves, où sa vie était satisfaisante, libre et heureuse…
Olive Oatman a passé une grande partie de sa vie avec des maux de tête intenses, souffrant de dépression et effectuant un certains nombres de séjours dans des cliniques au Canada afin d’essayer de guérir sa nostalgie pour sa famille, les Mohaves. Elle mourut à l’âge de 65 ans.
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