Tu ne m'as jamais vue nu-e, tu n'as jamais rien su de mes rêves

Tu ne m'as jamais vue nu-e, tu n'as jamais rien su de mes rêves

Dernière mise à jour : 24 janvier, 2017

Tu ne m’as jamais vue nu-e, tu n’as jamais rien su de mes rêves. Mes rêves consumés par le passage du temps qui s’est mis en pause, pensant que nous nous retrouverions. Désormais, je me suis rendu-e compte que cette attente ne fut rien d’autre que du temps perdu avec l’esprit rempli de musaraignes et de chimères. Si l’on est suffisamment amoureux-se, il n’y a rien à changer, à part multiplier les envies d’être ensemble et de franchir les obstacles qui empêchent cela.

Je me rends compte également que nos rencontres intimes idéalisées n’étaient rien d’autre qu’un nuage de poussière qui distrait de la vérité sur la personne qui étreint. Être nu-e devant quelqu’un, c’est montrer que l’on y croit jusqu’au bout, malgré les pièges et les drames que l’on peut rencontrer sur le chemin. Je me rends compte que ma nudité te montrait seulement ma disponibilité, mais tu n’as jamais songé à tout ce que je t’offrais en me déshabillant.

Se dénuder n’est pas la même chose que mettre son corps et son âme à nu

Même en étant nu-e-s, ce qui passe par notre esprit est une véritable intimité, qui parfois reste imperturbable et inerte, entremêlée entre caresses et passion, une intimité qui se tait en pensant qu’elle peut entraver le déroulement de la passion.


« Je n’aime pas m’investir dans des chimères, tes hanches m’ont mené jusque ici et pas jusqu’à ton cœur. »

-Joaquín Sabina-


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Des conversations sur le futur et sur ce que l’on espère éviter pour arriver à l’idée de « tous les mots sont de trop quand on s’étreint véritablement ». Mais, comment croire au langage de l’enlacement si, pour une personne, il ne s’agit que d’un moment, et si pour l’autre il s’agit de l’éternité que l’on veut partager ? Quand deux âmes sont en paix, on ne devrait pas déclarer la guerre avec le silence. Il est bon de parler de peurs, d’expectatives, de sentiments.

Car comment faire pour qu’une relation se déroule normalement si l’on ne sait pas quelle est la teneur des rêves de l’autre personne ? Ses idées sur la vie, sa manière d’être heureuse en tant que personne. Comment fermer les yeux face à un sentiment aussi fort à l’intérieur de soi, dans lequel l’autre est piégé-e ?

Se dénuder face à l’autre personne, quand ce qu’on garde à l’intérieur de soi est la véritable intimité

Toute personne se livre à l’autre en pensant ne rien recevoir, rien qui ne soit pas ce qui dérive de la qualité-même de l’intimité. Cependant, on espère sans le demander qu’après les baisers, les étreintes et les passions, ce qui se trouve à l’intérieur de nous-mêmes remonte à la surface. Car cacher ce que l’on ressent n’est pas un amour libre, mais un amour prisonnier. 

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On ne peut pas bénéficier de l’amour romantique en ignorant les illusions et les images qui en surgissent. Parfois, par peur d’être blessé-e, par une prorogation de l’inconscient ou pour éviter un engagement mal compris, on ignore le fait que lorsqu’on vit réellement ce que l’on ressent, on ne rentre pas dans une condamnation mais, au contraire, on l’évite.

Nous pouvons être disposé-e-s à attendre que la peur s’en aille, mais nous pouvons attendre sans en terminer avec notre existence, en sachant qui nous sommes réellement. C’est peut-être le risque que l’on ne veut pas prendre, mais si l’on évite de le prendre, on ne saura jamais ce que quelqu’un peut faire avec les rêves de l’autre, au-delà de sa nudité.

L’effet Zeigarnik de certaines relations

Il n’y a pas pire nostalgie que celle de regretter ce qui n’a jamais existé, et il n’y a pas pire conviction que celle de savoir que quelque chose de bien a été perdu pour toujours. On dit que les fins ouvertes et les histoires inachevées sont les plus merveilleuses, qu’on se souvient toujours mieux de ce qui s’est interrompu : c’est ce qu’on appelle “l’effet Zeigarnik“, que décrit la psychologie dans ses études sur la mémoire.

Cependant, ce qui s’applique à la mémoire ne sert pas pour le désir ni pour les lamentations. Interrompre ce que l’on désire et ce que l’on aime est un geste dont l’on ne se souviendra jamais de façon héroïque, mais que l’on verra comme un acte de lâcheté commis à un moment de notre vie. Nous taire, nu-e-s, pour ne pas déranger, perdant-e-s d’un amour qui traînera l’oubli derrière lui.


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