La méthode KiVa : une stratégie pour en finir avec le harcèlement

Dernière mise à jour : 24 mai, 2017

Le harcèlement ou “bullying” est une forme réitérée de violence qui produit chez la victime des dommages à différents niveaux, des relations sociales jusqu’à l’estime de soi. Son objectif est de soumettre au moyen de l’intimidation. Même si nous l’associons aux écoles, il peut s’étendre aux réseaux sociaux et dans différents endroits. Les conséquences sont désastreuses pour les victimes, aussi bien dans l’aspect physique que psychologique. Pour lutter contre ce fléau, la méthode KiVa a été créée en Finlande.

Le protagonistes de cette situation sont souvent mineur-e-s, au moment de l’adolescence, et c’est malheureusement un type de violence qui a lieu dans de nombreuses sociétés. Même s’il est évident que la technologie, notamment celle du monde occidental, a fait que les espaces où la victime se sent en sécurité ont quasiment disparu.

“Ne fais jamais quelque chose d’incorrect pour te faire un ami ou pour en garder un.”

-Robert E. Lee-

Le plus inquiétant dans cette situation, c’est l’augmentation des cas ces dernières années dans les écoles. Pire encore, certaines situations de harcèlement scolaire sont si intenses et fréquentes que la victime n’y voit qu’une issue : le suicide. C’est pour cela que dans certains pays du monde, on commence à prendre des mesures pour résoudre ce problème.

La Finlande, un exemple pour le monde

Les expert-e-s signalent que dans certaines écoles, le harcèlement dépasse les 70%. C’est pour cela qu’iels ont sollicité la communauté éducative pour qu’elle reconnaisse ce fait. D’autre part, et c’est encore plus important, des mesures de prévention où la maltraitance et le harcèlement sont naissants ont été prises.

La Finlande est donc un exemple pour le monde avec la création de la méthode KiVa, dont les résultats donnent de l’espoir. Ce pays nordique a considéré l’éradication du harcèlement dans le système éducatif comme un défi. Et grâce à cette intervention spécialisée, la Finlande a réussi à baisser le harcèlement scolaire de 90% ces dernières années.

Cela lui a valu de nombreux éloges à travers le monde, et d’occuper la première place en termes de qualité d’éducation primaire et supérieure. De plus, elle est en tête du classement de l’Indice mondial de la compétitivité (IGC). Tout cela est la conséquence d’un fort niveau de conscience sociale et du fait d’avoir engagé de nombreuses ressources dans l’éducation.

Aujourd’hui, la Finlande est considérée comme l’un des pays les plus innovants et créatifs de l’Europe et du monde. Il faut savoir que les conséquences du harcèlement scolaire n’affectent pas uniquement les personnes impliquées, mais toute la communauté éducative et les familles.

Qu’est-ce que la méthode KiVa ?

Le mot KiVa provient des deux premières syllabes du terme “harcèlement scolaire” en finlandais. L’application de cette méthode révolutionnaire s’est propagée dans les centres éducatifs et son succès n’a pas tardé à se montrer. À tel point que les éducateur-trice-s la considèrent comme un outil indispensable pour travailler avec leurs élèves.

Le projet KiVa a été le résultat d’une demande “express” du gouvernement à la communauté éducative du pays, à cause d’études préliminaires et inquiétantes sur la violence scolaire. Face à cette requête, des professionnel-le-s de différents secteurs et institutions ont travaillé ensemble à l’élaboration de la méthode KiVa.

Dans sa phase expérimentale, ce programme a montré des résultats surprenants. Pendant la première année, le bullying a été réduit de 41%. Au bout de plusieurs années, le harcèlement scolaire avait diminué de 80%. Tout cela, en outre, a motivé les élèves et étudiants à étudier plus et à obtenir de meilleures notes. Ces chiffres spectaculaires parlent d’eux-mêmes, ce qui a éveillé un intérêt inhabituel des formations éducatives du monde entier.

La bonne idée de la méthode KiVa a été de ne pas se concentrer exclusivement sur l’affrontement entre harceleur-se et victime. Le regard s’est dirigé vers le/la spectateur-trice, qui participait indirectement à l’abus en question et le renforçait. Il ne s’agissait pas d’inciter le/la harcelé-e à révéler ses sentiments qui résultaient du harcèlement, et pas non plus à inciter l’agresseur-se à ressentir de l’empathie pour sa victime.

Déchiffrer le casse-tête

La clé se trouvait dans l’action sur les élèves qui étaient témoins de la situation et qui, en général, répondaient par des rires. Ces spectateur-trice-s pouvaient avoir une tendance au rejet lors de l’agression, mais iels finissaient par l’intérioriser comme quelque chose de normal voire même d’amusant. Ainsi, le propos de la méthode KiVa a été d’influencer les spectateur-trice-s pour qu’iels ne participent pas indirectement à ces situations de harcèlement.

Le programme, lors de ses phases initiales, s’est inquiété d’instruire des enfants de sept ans et plus. Il cherchait à ce qu’ils puissent identifier les différentes modalités du harcèlement. Cette instruction se compose de cours, dans lesquels on commente et on analyse différentes thématiques en lien avec la maltraitance scolaire. On apprend également l’empathie, le respect pour les autres et les valeurs morales.

On utilise des ressources pédagogiques telles que les jeux vidéos, les manuels et les débats. Tout cela est renforcé par des instructions aux professeur-e-s, une surveillance pendant les récréations et des accompagnements dans les travaux réalisés en groupe. On a même créé une boîte de réception virtuelle sur laquelle l’élève pouvait dénoncer un cas d’abus, qu’il soit lui-même touché ou qu’il en soit le témoin.

Résultats de l’application du programme

Dans chaque école dans laquelle cette méthode a été appliquée, le/la directeur-trice sélectionnait un groupe de trois adultes responsables du cours. Ils veillaient au respect de la méthode et apprenaient à utiliser les outils qui permettent de détecter à temps et de faire des recherches sur tous les risques de harcèlement scolaire dans leur école.

Ce processus comprend le dialogue avec le/la harcelé-e, pour le/la calmer, et avec l’agresseur-se, pour le/la sensibiliser. D’autre part, ils parlent avec les spectateur-trice-s du harcèlement, car c’est la pierre angulaire du projet. Finalement, il y avait un suivi de vérification, et dans la plupart des cas, le résultat se révélait positif.

Le changement drastique qu’a généré cette implantation de la méthode KiVa dans les écoles finlandaises est une des preuves de son potentiel. Son application, à un âge précoce, produit de meilleurs résultats. De plus, elle aide à réparer des fissures dans les structures éducatives et familiales.

Quand les mineur-e-s sont éduqué-e-s à ne pas soutenir, de manière active ou passive, de ce type de comportements violents, on peut voir le changement de mentalité opérer chez elleux. De tels programmes se matérialisent en réussites grâce aux personnes qui pensent qu’elles peuvent changer une société, la rendre plus coercitive, juste et solidaire.

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