Un mensonge répété mille fois se transforme-t-il en vérité ?
Relu et approuvé par Psychologue Gema Sánchez Cuevas
Le thème de la vérité et du mensonge est beaucoup plus complexe que ce que l’on peut croire à première vue. Ce que les personnes admettent comme une vérité dépend de nombreux facteurs. Il y a une vérité scientifique, mais aussi une vérité philosophique, religieuse, personnelle, idéologique, etc.
Toutes ces “vérités” n’ont pas le même degré de validité. Dans le domaine de la science, par exemple, on ne peut pas postuler qu’une chose est vraie s’il n’y a pas de preuves physiques ou théoriques. Une chose similaire se produit dans le champ de la philosophie. Cependant, cela ne peut pas être appliqué à d’autres domaines. Par exemple, avec l’idéologie ou la religion, quelque chose est vrai si une figure d’autorité le dit. Et peu importe si elle est incapable de le prouver.
“Avec un mensonge, on va très loin, mais sans espoir de revenir en arrière”.
-Proverbe juif-
Entre une vérité non prouvée et un mensonge, il n’y a parfois pas beaucoup de distance. Malgré tout, cela intéresse peu de gens. En fait, ils sont prêts à tout croire, même contre n’importe quelle preuve. Cela se produit parce que parfois, le mensonge réconforte ; la vérité, elle, inquiète. Cela est dû au fait que des peurs ou de la culpabilité sont impliquées. Et également au fait que le mensonge est beaucoup plus facile à entendre que la vérité.
Cette réalité ouvre un espace que beaucoup ont exploité. Très souvent, il suffit de dire aux personnes ce qu’elles veulent entendre car nous voulons tou-te-s croire ces messages qui nous font du bien, indépendamment de leur parallélisme avec la réalité. Mais pas que. Au niveau social et culturel, cela veut dire qu’une fausseté s’installe. Beaucoup de gens seront donc capables de tout pour soutenir ce mensonge. Ils ne se rendent pas compte, ou ne veulent pas voir, que cela ne leur apporte aucun bénéfices ; ceux-ci vont au contraire vers ceux qui les dirigent.
Le pouvoir et le mensonge
On attribue à Joseph Goebbels la phrase “un mensonge répété mille fois se transforme en vérité”. Il n’a pas été prouvé que cette citation vient bien de lui, mais il s’agit quand même d’une bonne synthèse de ce que ce ministre chargé de la propagande a fait pendant la Seconde Guerre Mondiale. Son travail a été tellement efficace qu’il y a encore des gens qui défendent aujourd’hui les “vérités” du Troisième Reich.
Le travail de Goebbels a connu tellement de succès que ses mécanismes ont été copiés à foison par un grand nombre de leaders dans le monde. Des secteurs puissants continuent à se servir du mensonge, de manière parfaitement consciente, pour manipuler l’esprit des personnes qu’ils veulent influencer et ainsi réussir à leur faire accepter l’inacceptable en leur faisant soutenir des plans qui ne représentent l’intérêt que de quelques-uns.
Les grands secteurs de pouvoir se sont rendu compte, grâce à l’expérience nazie, que les sociétés étaient capables de croire en n’importe quel message si celui-ci est présenté de la manière adéquate. Il suffisait juste d’exercer un contrôle absolu sur les médias et toutes ces institutions qui transmettaient une idéologie, comme par exemple l’école. Il suffisait d’en rajouter avec la peur, la haine et l’insécurité. Puis de construire une “vérité” convenable et de la répéter insatiablement.
Le mensonge qui se répète mille fois
La répétition génère des croyances très profondes. Quand le cerveau capte une nouvelle situation, un déséquilibre se produit, puis vient le moment de l’assimilation, de l’ajustement et de l’adaptation. Comme quand nous arrivons dans une ville que nous ne connaissons pas ; au début, nous nous sentons un peu perdu-e-s puis, à force de voir les mêmes endroits, nous nous familiarisons jusqu’à nous approprier ce nouvel environnement. En fait, nous créons une sorte de carte personnelle à partir de ce que nous connaissons.
Avec le mensonge répété, une chose similaire se produit. L’esprit s’adapte petit à petit pour l’écouter, pour le percevoir puis finit par l’incorporer à son champ de pensée. C’est une chose familière, connue, que tout le monde affirme. Dans le cas des grands mensonges du pouvoir, il s’agit aussi d’une réponse à la peur ou à l’insécurité. Ou d’une explication compréhensible à ce que l’on ignore ou ce que l’on ne comprend pas.
Ce n’est pas pour rien qu’il existe une relation aussi étroite entre le pouvoir et les médias. Traditionnellement, dans presque tous les pays du monde, ce sont les grands groupes économiques ou politiques qui ont le contrôle de la presse. Il y a peu de temps de cela, les médias indépendants étaient considérés comme une fleur exotique. Avec l’émergence des réseaux sociaux, tout cela a changé. Les voix indépendantes se sont multipliées et les alternatives pour nous informer se sont élargies.
Cependant, les réseaux ont aussi commencé à créer leurs propres mensonges. Finalement, peu importe à travers quel moyen est transmis un contenu : le plus important se trouve dans son intention. Ce qui importe est surtout l’intérêt du/de la récepteur-trice envers ce qui est vrai ou non. “Il n’y a pas de pire aveugle que celui qui ne veut pas voir”, dit l’adage populaire. Et cela fonctionne toujours sur le terrain de la vérité et du mensonge social.
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