L'opportunité d'apprendre de nos erreurs s'obtient en les reconnaissant
Relu et approuvé par Psychologue Gema Sánchez Cuevas
Confucius a dit que « commettre une erreur et ne pas la corriger est une autre erreur ». En suivant ce raisonnement, est-il certain que nous cessons d’apprendre de nos erreurs en les niant ? En fait, nier une erreur est-il le premier obstacle pour réparer les conséquences de l’erreur que nous avons commise ?
En fin de compte, lorsque nous disons la célèbre phrase « Ce n’est pas moi », qui implique dans de nombreux cas un refus évident de notre probable responsabilité, ne sommes-nous pas au fond en train d’essayer de justifier une erreur ? Le fait de se justifier n’est-il pas non plus un moyen de reconnaître que quelque chose a été mal fait ? En fin de compte, ne serions-nous pas en train de faire face à un déni ?
« J’aime mes erreurs, je ne veux pas renoncer à la liberté délicieuse de me tromper. »
-Charles Chaplin-
Qu’est ce qui suit le refus d’une erreur ?
En fait, en étant incapable de faire notre « mea culpa » pour nos erreurs commises, nous essayons souvent de mettre de la distance entre ce qui s’est passé et les conséquences qui y sont associées. En revanche, il n’en est pas moins vrai que cette même distance rend difficile la possibilité d’apprendre de ce qui est arrivé. Elle éloigne ainsi la possibilité de revoir le processus et d’en identifier les défauts.
D’autre part, cette distance peut aussi laisser place à ce qui à première vue sera considéré comme un soulagement. Soulagement qui se transformera en anxiété si nous devons faire face au même enjeu; lorsque nous nous arrachons les cheveux car nous prenons conscience de ne pas avoir réaliser les efforts suffisants pour remédier à nos lacunes.
Par exemple, si le département de l’entreprise dans lequel nous travaillons doit communiquer avec un pays parlant une langue différente de la nôtre et qu’en tant que responsables nous n’assumons pas le fait qu’une personne (ou nous-même) doit être disposée à réaliser une telle communication ; nous assumerons difficilement la situation comme étant de notre responsabilité, la communication se fera difficilement à cette occasion, et elle se fera difficilement lors des occasions suivantes.
En plus de nous bloquer pour le futur, renoncer au devoir d’exploration de nos erreurs, en ne les reconnaissant pas, est une attitude qui présume un obstacle à l’auto-connaissance. En renonçant à suivre ce processus, nous renonçons également l’acceptation de notre responsabilité pour les succès ayant eu lieu, en ignorant ainsi nos capacités les plus remarquables et en évitant de les améliorer.
Cas pour lesquels le déni ne permet pas d’apprendre de nos erreurs
A ce stade, cela vaut la peine de rappeler une étude menée en équipe par les chercheurs des universités de Californie et de New-York. Dans celle-ci, il a été révélé que le fait de ne pas assumer nos propres erreurs est en lien avec notre personnalité, et rend notre capacité de croissance plus difficile à exploiter.
Pour arriver à ces conclusions, les chercheurs ont analysé des dizaines de profils. Il s’agissait en fait d’identifier les types de personnalités dominants en fonction des réactions que les individus adoptaient face aux erreurs.
En définitive, l’étude a débouché sur des résultats plutôt curieux. Au sein de ces groupes d’individus, on estimait que 70% de la population pouvait être parfaitement cataloguée dans trois grands groupes en fonction de leurs réactions à l’erreur :
C’est de la faute de l’autre personne
Une phrase très récurrente chez les enfants, le classique « ce n’est pas moi », est encore très employé par un grand nombre d’adultes. En fait, en commettant une erreur, ils décident de se défaire de leur responsabilité en l’attribuant à quelqu’un d’autre.
En accusant les autres de leurs propres erreurs, iels sont d’une certaine manière en train de les nier. Ainsi, en n’ayant pas la maturité nécessaire pour reconnaître leurs erreurs, iels ne font pas non plus preuve de maturité dans leur propre connaissance qualitative intérieure. Iels ont pour habitude d’avoir recours à des attitudes visant à les victimiser, en étant incapables d’assumer leurs fautes, et sans aucune approche constructive de l’événement.
Ici il ne s’est rien passé
Un autre type regroupe les personnes qui certes, n’accusent pas les autres mais, qui ne voient aucune erreur. En fait, même si l’évidence est là, iels sont incapables de voir qu’iels sont fautif-ve-s pour quelque chose.
Ce groupe de personnes refusera donc de faire face à toutes ces choses qui auraient pu être mal faites. Elles ne sont pas directement capables de faire face à la culpabilité, puisqu’elles ne la voient pas. Pour elles, il est en fait impossible d’apprendre de quelque chose qui n’existe pas, ou qu’elles ne sont pas directement disposées à reconnaître.
Assumer une responsabilité qui va au-delà de ce qui lui correspond
Apprendre de nos erreurs nécessite d’accepter l’échec et de prononcer des phrases telles que « la responsabilité est la mienne ». Heureusement, une autre bonne partie de la population est capable de reconnaître ses erreurs, elle est donc disposée à les corriger, les réparer et les améliorer.
Néanmoins, il faut faire attention, car parfois nous nous trouvons face à des personnes qui ont une attitude située dans l’autre extrême, en assumant à la fois leur responsabilité et celle des autres. Pour autant, la quantité de ressources permettant de réparer des erreurs est grande. La sanction que ces personnes s’imposent pour les erreurs qu’elles s’attribuent, en étant proportionnel à cette attribution, peut également être très lourde.
« Expérience est le nom que tout le monde donne à ses erreurs. »
-Oscar Wilde-
Cela dit, l’erreur est humaine. Mais apprendre de ses erreurs une fois commises, plutôt que de les renier, l’est aussi. En fait, c’est une opportunité géniale pour nous améliorer et mieux nous connaître. Cela ne signifie pas qu’il faille s’égarer toute la journée, mais que si l’occasion surgit, il ne faut pas la gâcher en la niant avec acharnement.
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