Les personnes qui nous comparent aux autres : pourquoi le font-elles ?
Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater
Une mauvaise habitude s’est largement répandue. En fait, il est habituel d’en souffrir quasiment dès l’enfance, un moment où il est possible que nos parents nous aient comparé aux autres, en soulignant ce qu’ils réussissaient à faire, contrairement à nous. À l’âge adulte, les comparaisons sont aussi communes de la part de personnes qui, avec bonne ou mauvaise foi, s’attardent sur ce que les autres ont ou font et sur ce dont nous manquons, selon elles.
Oser être différent semble être un défi dans une société qui ne fait que renforcer un cadre normatif. Qui plus est, il nous arrive même de ne pas chercher à nous différencier des autres ; mais il suffit de s’écarter un peu de ce que beaucoup considèrent comme le « socialement correct » pour qu’on nous pointe immédiatement du doigt.
Personne ne se ressemble. Personne ne vaut plus ou moins qu’un autre. Tout le monde est autre ; et les comparaisons sont odieuses, disait Jean-Paul Sartre. L’être humain a malgré tout ce point faible qui consiste à se comparer aux autres – ou à comparer les autres. C’est presque un vice, une obsession extrêmement contagieuse qui mine la croissance personnelle et détruit des identités.
Car la personne qui nous compare aux autres, et nous l’avons probablement tous déjà vécu, ne le fait pas pour louer ce qui nous rend uniques et spéciaux. Non. Elle le fait pour insister sur ce dont nous manquons, sur un défaut, sur quelque chose qui n’entrerait pas dans les normes.
La comparaison est un poison pour l’estime de soi. Elle l’est déjà en soi si nous nous en servons nous-mêmes, si nous avons la mauvaise habitude d’analyser notre entourage pour nous donner de la valeur. Et elle est tout aussi nocive si d’autres s’en servent, qu’il s’agisse de notre famille ou de notre conjoint-e, qui se complaît à biaiser notre image, notre potentiel ou notre caractère en nous comparant aux autres.
“L’uniformité c’est la mort, la diversité c’est la vie.”
– Mikhaïl Aleksandrovitch Bakounine –
Les personnes qui nous comparent aux autres : les raisons qui le poussent à le faire
La théorie de la comparaison sociale, énoncée par le psychologue social Leon Festinger en 1954, nous signale une chose intéressante. Lorsqu’une personne n’a pas de pistes évidentes sur son efficacité, ses valeurs ou ses caractéristiques, elle se focalise sur ceux qui l’entourent. En faisant cela, elle obtient un point de référence pour s’évaluer elle-même. Ainsi, d’une certaine façon, l’être humain cherche à se définir lui-même en prenant les autres pour références.
Nous savons qu’il s’agit d’une source de frustration constante. Alors, pourquoi certaines personnes nous comparent-elles aux autres ? Prenons quelques exemples pour illustrer cette idée. Imaginons une mère qui compare toujours ses deux filles. Elle rappelle presque chaque jour à la plus jeune qu’à son âge, la plus grande avait déjà un bon travail, une relation stable et un enfant.
Par ailleurs, comme si cela ne suffisait pas, cette même femme souffre du poids des comparaisons de son conjoint. Celui-ci lui indique qu’elle est presque aussi peu sûre d’elle qu’une de ses collègues. Ou que, physiquement, elle ressemble de plus en plus à l’une de ses cousines. De telles remarques ont sans aucun doute un effet déterminant sur l’estime de soi de cette jeune personne. Ces types de verbalisations minent et créent des insécurités, voire des complexes.
Comme le disait Confucius, les complexes sont comme des passagers. Au début, ce ne sont que de simples hôtes, mais ils finissent par rester et se comporter comme des maîtres de maison. Si, en plus, nous les renforçons quotidiennement, les conséquences peuvent être désastreuses. Voyons maintenant pourquoi des personnes nous comparent aux autres.
Manque d’intelligence émotionnelle
Ceux qui nous comparent aux autres présentent, par-dessus tout, une faible intelligence émotionnelle. Nous devons bien garder cet aspect à l’esprit pour ne pas nous laisser accabler par cette pratique si commune. Ainsi, ces personnes qui ont si agilement recours à l’utilisation de comparaisons manquent de cette empathie qui permet de comprendre que chaque être est unique et exceptionnel au niveau de son caractère, de son essence, de sa présence et de ses valeurs.
Si elles ne comprennent pas cette réalité, si elles ne se connectent pas à nous, cela veut dire qu’il n’y a aucun respect et qu’elles sont incapables de se mettre à notre place. Par ailleurs, un autre principe de l’intelligence émotionnelle est la bonne communication. Ainsi, selon cette approche, l’utilisation des comparaisons n’est pas valide et n’aide absolument pas.
Si nous voulons attirer l’attention d’une personne sur quelque chose qui a trait à son comportement, nous pouvons lui en parler sans faire référence à des personnes tierces.
- Par exemple, nous ne pouvons pas dire à un enfant « tu es aussi nul en maths que ton frère Pablo, il n’y a rien à faire ». Au lieu d’employer cette assertion, il serait plus correct de dire « je vois que tu as des problèmes en maths mais je suis sûr-e que si tu fais quelques efforts et pose des questions quand tu ne comprends pas, tu y arriveras ».
Les personnes qui ne valorisent pas ce qu’elles ont
Il est possible que les personnes qui nous comparent aux autres n’apprécient pas ce qu’elles ont. C’est le cas des parents qui pensent que les enfants des autres sont plus appliqués. Ou de cette personne qui n’apprécie pas son/sa conjoint-e comme il/elle le mérite. Nous ne nous valorisons pas non plus quand nous nous comparons aux autres.
Ainsi, dans une étude publiée dans le Journal of Personality and Social Psychology par les docteurs Sebastian Deri et Shai Davidai, on nous indique que ceux qui ont la mauvaise habitude de se comparer eux-mêmes – ou de comparer leurs proches – à des personnes tierces n’apprécient pas ce qu’ils sont et ce qu’ils ont. Leur biais pessimiste et non-conformiste fait qu’ils n’arrivent jamais à apprécier leurs proches tels qu’ils sont.
Et une telle chose est extrêmement problématique.
Les personnes qui nous comparent aux autres s’appuient sur la manipulation émotionnelle
Enfin, il nous reste une troisième option, tout aussi importante. Ceux qui nous comparent aux autres peuvent aussi avoir d’autres raisons, qui sont simplement de nous manipuler et de miner notre estime de soi. En fait, c’est une tactique habituelle chez ceux qui veulent exercer un contrôle car la comparaison constante est un exercice d’humiliation et de mépris.
Pour conclure, comme nous pouvons le voir, ces personnes qui nous comparent aux autres manquent d’outils basiques de sociabilité, de respect et d’empathie. Par conséquent, évitons de leur donner du pouvoir, n’autorisons pas ces comportements et défendons continuellement notre individualité. Être uniques, différents et singuliers est notre plus grande valeur.
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- Deri, S., Davidai, S., & Gilovich, T. (2017). Home alone: Why people believe others’ social lives are richer than their own. Journal of Personality and Social Psychology, 113(6), 858-877. http://dx.doi.org/10.1037/pspa0000105
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