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Les médicaments psychotropes chez les enfants et les adolescents

5 minutes
Saviez-vous que ce type de médicaments pouvaient également être pris par les jeunes ?
Les médicaments psychotropes chez les enfants et les adolescents
Gema Sánchez Cuevas

Rédigé et vérifié par Psychologue Gema Sánchez Cuevas

Écrit par Sara Viruega
Dernière mise à jour : 15 mai, 2023

Les maladies mentales sont l’une des plus grandes épidémies du 21e siècle. De nombreuses statistiques mettent en garde contre l’augmentation inquiétante de la consommation d’anxiolytiques et d’antidépresseurs. Cependant, cette situation est encore plus inquiétante si l’on considère leur consommation par des enfants et des adolescents.

Selon une étude de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l‘usage de psychotropes chez les enfants et les adolescents a augmenté de façon alarmante entre 2005 et 2012.

Selon cette organisation, on estime qu’environ 20 % des enfants et des adolescents souffrent de troubles ou de problèmes mentaux, tandis qu’environ la moitié d’entre eux se manifestent avant l’âge de 14 ans, même si beaucoup ne sont ni détectés ni traités. De fait, les troubles psychiatriques sont l’une des principales causes de maladie et d’invalidité chez les jeunes et les adolescents.

Diverses études confirment que les troubles mentaux ont un facteur de prédisposition génétique, mais aussi un facteur environnemental important. De nombreux facteurs de risque augmentent la prévalence de ces maladies, en particulier pendant l’enfance et l’adolescence. Par exemple : les troubles familiaux, tels que la séparation d’avec les parents ou l’abandon, les abus physiques et sexuels, la consommation de substances nocives, le stress….

Nous devons garder à l’esprit que nous parlons de moments critiques dans le développement d’une personne. D’une part, l’enfance construit notre personnalité et détermine la vie adulte. D’autre part, l’adolescence est un tournant pour de nombreux changements à tous les niveaux. Premièrement, au niveau physique ; deuxièmement, au niveau émotionnel ; et troisièmement, au niveau social, entre autres.

Il est donc clair qu’agir dans la prévention et la promotion de la santé mentale doit être une priorité. Mais il est nécessaire de prendre en compte les environnements les plus appropriés pour cela. Avant tout, la famille, bien que l’école et la société en général soient également importantes.

psychotropes chez les enfants
Médicaments psychotropes chez les enfants et les adolescents

Le traitement psychopharmacologique des enfants et des adolescents doit toujours s’accompagner d’interventions psychosociales et ne doit jamais être exclusif.

Le traitement pharmacologique des troubles psychologiques chez l’enfant est assez récent. D’une part, pendant longtemps, seule la psychothérapie a été utilisée car ces problèmes étaient presque toujours associés à une cause environnementale. D’autre part, il n’y avait pas suffisamment d’études sur l’efficacité et l’innocuité des psychotropes chez les enfants et les adolescents.

La situation de ces dernières années est en train de changer et de nombreuses pistes de recherche s’ouvrent dans ce domaine. Malgré cela, on utilise encore trop souvent les médicaments chez les enfants en dehors des indications de la fiche technique (usage compassionnel).

Il faut garder à l’esprit que tout au long du développement de l’enfant, et même jusqu’à l’adolescence, les processus pharmacocinétiques de l’organisme ne sont pas les mêmes que chez les adultes. Les systèmes de neurotransmission, si importants dans les mécanismes d’action des produits psychotropes, ne le sont pas non plus. Pour cette raison, il est dangereux d’extrapoler l’utilisation de médicaments chez les enfants à partir d’études menées chez des adultes.

Les produits psychotropes autorisés les plus couramment utilisés chez les enfants et les adolescents sont :

Antidépresseurs

  • Antidépresseurs tricycliques (ATC) : imipramine, amitriptyline, clomipramine (également autorisé pour le traitement de l’énurésie).
  • Inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) : fluoxétine.
  • Inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine-noradrénaline (IRSNa) : atomoxétine pour le traitement du trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH).

Neuroleptiques

  • Halopéridol, pimozide, chlorpromazine, périciazine, trifluoperazine, thioridazine
  • Rispéridone pour le traitement des problèmes de comportement associés à l’autisme

Benzodiazépines

  • Clorazépate, diazépam, clobazam pour le traitement des troubles anxieux et des troubles du sommeil

Psychostimulants

  • Méthylphénidate, pour le traitement du TDAH.

effets des psychotropes chez les enfants
Ratio bénéfices/risques de l’utilisation des produits psychotropes chez les enfants et les adolescents

En 2004, l’Agence Espagnole du Médicament (AEMPS) a recommandé de ne pas utiliser d’antidépresseurs du groupe des ISRS chez les enfants et les adolescents. En effet, ils ne démontrent pas leur efficacité et augmentent le risque de comportement suicidaire. De plus, aucun des ISRS n’est approuvé dans la fiche d’information pour la dépression à ces âges.

En 2016, un groupe de chercheurs a publié dans The Lancet une étude très intéressante sur l’utilisation des antidépresseurs chez les enfants et les adolescents. Ils ont effectué un examen systématique et une méta-analyse de tous les essais publiés sur l’utilisation de ces médicaments. Ainsi, ils ont comparé l’efficacité de 14 antidépresseurs dans le traitement du trouble dépressif majeur chez les enfants et les adolescents de 9 à 18 ans.

Le résultat a été étonnant : seule la fluoxétine s’est révélée plus efficace que le placebo. Les autres antidépresseurs n’ont pas démontré un équilibre bénéfice/risque favorable. Dans d’autres études, certains de ces médicaments, comme la venlafaxine, étaient même associés à un risque accru de comportement suicidaire chez les adolescents. Cependant, d’autres études n’ont pas corroboré cette preuve.

Bien que les résultats de ces études nous alertent, on ne doit pas non plus les considérer comme une vérité absolue. Ils ont leurs limites et d’autres recherches sont nécessaires. Cela ne signifie pas que tous les traitements doivent être arrêtés. Chaque cas est unique. En général, le bénéfice du traitement psychopharmacologique chez les enfants et les adolescents est plus grand que le risque de ne pas l’appliquer.

Le plus important est de toujours suivre les indications des spécialistes. Ce sont eux qui peuvent évaluer l’équilibre bénéfice/risque des traitements possibles chez chaque patient.

 


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