Les femmes en Inde : une révolution en règle
Relu et approuvé par le psychologue Sergio De Dios González
Aujourd’hui, nous voulons parler d’un grand documentaire que Netflix a récemment sorti. Les règles de notre liberté nous parle des coutumes, des stéréotypes, des stigmates et des tabous qui entourent encore la vie des femmes en Inde aujourd’hui.
Et cette fois, le documentaire choisit de s’axer autour d’un tabou en Inde contre lequel de nombreux mouvements se battent déjà. La menstruation féminine. En Occident, cela est déjà vécu de manière partiellement normalisée. Mais en Inde, il s’avère que c’est l’un des principaux obstacles pour les femmes. D’une manière qui, pour nous, est inconcevable.
Cet aspect si fondamental de la nature féminine, on l’a caché, dénigré et diabolisé pendant des siècles. La bonne nouvelle, c’est qu’en Inde, un groupe de femmes a trouvé un moyen d’être et d’avancer dans le monde sur la base de quelque chose d’aussi intrinsèquement féminin que la menstruation. Approfondissons ce sujet.
https://www.youtube.com/watch?v=eUnmIzZDYcw
Une lutte silencieuse
Le documentaire est tourné dans une zone rurale de Hapur, en Inde, près de Delhi. Il ne fait aucun doute que la révolution des femmes en Inde est déjà un fait. Mais les zones rurales restent jusqu’à présent ancrées dans un patriarcat et des traditions qui en font des esclaves de leur passé. En effet, elles y sont toujours condamnées à la vie domestique. Aux mariages arrangés. A l’abandon de leurs études. Et au rôle de mère. Sans autres opportunités.
Très récemment, les femmes d’une petite communauté de Hapur ont entamé une révolution silencieuse contre la stigmatisation la plus profondément enracinée dans leur culture. La menstruation dans la culture indienne est un tabou pour les hommes et les femmes sur lequel les femmes elles-mêmes ont décidé de jeter les bases de leur éveil.
Les serviettes hygiéniques n’ont fait leur apparition que récemment sur le marché indien. Bien qu’on ne les trouve que dans les magasins des grandes villes, les serviettes hygiéniques sont pratiquement inaccessibles à la plupart des femmes. En raison de leur prix élevé. Aujourd’hui, le projet Pad a transformé une vieille maison semi-abandonnée à Hapur en une usine où un grand nombre de femmes de tous âges fabriquent leurs propres serviettes sanitaires, qu’elles vendent également dans les magasins.
Elles ont ainsi créé un moyen de résoudre un problème qui, dans de nombreux cas, constituait un obstacle à la réalisation de leurs objectifs. Ces femmes ont construit une coopérative et le travail permet aux femmes de toucher une rémunération. Pour beaucoup d’entre elles, c’est la première fois de leur vie.
La menstruation et l’abandon scolaire
Le premier problème, et probablement le plus grave, de la stigmatisation de la menstruation chez les femmes en Inde est qu’il est encore habituel qu’elles soient forcées d’abandonner l’école et leurs études dès l’apparition de leurs premières règles.
Il s’agit en fait d’une tradition très ancienne qui marque le moment où les femmes commencent leur période de fécondité. Elles doivent alors renoncer à tout le reste pour se consacrer au mariage et aux enfants. Avoir ses règles en Inde est encore considéré comme une forme de honte et de disgrâce qui empêche les femmes d’entrer dans les temples de prière parce qu’elles sont considérées comme étant dans un état impur. Cela arrive même dans les temples consacrés aux divinités féminines. Cette stigmatisation est donc pour le moins absurde.
De nombreuses femmes en Inde commencent à trouver dans leur éducation un moyen de fuir les mariages précoces. Pour autant, beaucoup d’entre elles doivent quitter l’école de leur plein gré à cause de leurs règles. Elles n’ont pas d’endroits adéquats pour se changer et tous utilisent des chiffons ou des torchons pour retenir leur flux menstruel, qu’elles enterrent après utilisation. C’est évidemment quelque chose qu’elles ne peuvent pas faire à l’école d’une manière confortable ou sûre.
Le projet Pad et les femmes en Inde
C’est d’abord dans la ville de Los Angeles que le projet Pad a été envisagé pour la première fois. Cet organisme à but non lucratif a recueilli les fonds nécessaires à l’achat de la première machine à fabriquer des serviettes biodégradables à 99 % que les femmes de la coopérative Hapur ont lancées.
L’autonomisation économique de ces femmes leur a permis d’apporter un revenu économique à leur famille et à elles-mêmes. Cet événement a eu deux effets secondaires notables : gagner le respect des hommes de la communauté et payer pour les études des plus jeunes femmes.
Leur marque de serviettes porte le nom de Fly. Un nom qu’elles ont choisi symboliquement. En effet, elles veulent que le but final de leur projet et de leur travail d’équipe soit de permettre aux femmes en Inde de déployer enfin leurs propres ailes pour voler.
Surmonter l’ignorance
La stigmatisation de la menstruation en Inde est le fruit d’une grande d’ignorance. Le documentaire nous montre de jeunes garçons de Hapur qui ne savent pas ce qu’est la menstruation. Certains pensent que c’est une maladie qui attaque plus les femmes que les hommes.
Ce projet a permis d’atténuer la propre ignorance des hommes de la région. Il a également été le vecteur du rapprochement des mondes masculin et féminin. Les femmes du projet Pad visent à éliminer complètement la stigmatisation qui entoure les menstruations féminines.
Nous sommes frappés de voir comment un projet si simple, si accessible, peut donner naissance à une révolution pacifique et extrêmement prometteuse. Et ce contre l’ignorance et les stéréotypes qui ont perduré pendant des siècles.
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