Les enfants que nous souhaitons ne sont pas les enfants que nous éduquons

Les enfants que nous souhaitons ne sont pas les enfants que nous éduquons
Sergio De Dios González

Rédigé et vérifié par le psychologue Sergio De Dios González.

Dernière mise à jour : 27 janvier, 2023

En tant que société, nous ne pouvons et ne devons pas éviter de regarder vers l’avenir, et l’avenir sera celui des générations qui nous succéderont. Nous parlons de celleux qui supporteront le poids de la production et des décisions à grande échelle lorsque nous prendrons notre retraite et qu’il nous sera proposé d’autres activités. Les enfants d’aujourd’hui, les adultes de demain.

Par conséquent, il est normal que nous nous soucions de l’éducation que nous proposons. Le monde change et les règles que nous imposons à nos enfants également. A l’instar des jouets, des intérêts, des préoccupations ou des aspirations des enfants qui ont évolué, l’éducation a également tenté de le faire.

Par exemple, nous avons laissé derrière nous la devise selon laquelle “on a rien sans rien”, afin de conjurer la violence dans la salle de classe. Oui, nous l’avons fait sans fournir aux enseignant-e-s d’autres éléments de contrôle pour marquer leur autorité et remplacer la violence utilisée jusque-là, de sorte que l’équilibre a été transformé et que le pouvoir est passé aux mains des élèves. Des enfants inconscients, simplement du fait de leur condition d’enfant, et avec trop de pouvoir.

enfant avec un fumigène dégageant de la fumée arc en ciel

Que souhaitons-nous pour “nos” enfants ?

Il n’y a pas longtemps, en naviguant à travers ce monde, souvent parallèle et inquisitorial, qu’est internet, je me suis retrouvé-e face à une photo. Sur cette dernière il était possible d’identifier l’une des nombreuses places existant en Espagne. Le cadrage de la photo n’était pas particulièrement bon, il ne s’agissait pas vraiment d’un chef-d’œuvre artistique. Cela ressemblait plus à une photo prise rapidement, presque par hasard .

L’étrangeté de la photo résultait l’instantané lui-même. Il s’y trouvait plusieurs panneaux d’interdictions qui ornaient l’un des lampadaires. L’un au-dessus de l’autre. Le premier panneau interdisait de jouer au ballon, le deuxième interdisait l’usage des bicyclettes et le troisième des patins à roulettes. J’ai été surpris-e que les enfants ne soient pas directement interdits sur la place. Ainsi donc, peut-être, n’auraient-ils pas eu à continuer d’ajouter des interdictions à la liste. Plus simple, et plus économique également.

J’ai récemment pu être un-e témoin direct d’une autre scène. Fin d’après midi. Père et mère détendu-e-s se promenant, avec elleux un enfant tranquillement installé dans sa poussette. Soudain, suite à l’un de ces caprices que les enfants sont à même de faire (et nous avons été des enfants, bien que nous ne nous en souvenions plus), il commence à pleurer. Les parents ont une stratégie claire pour le calmer. Le père sort son téléphone de sa poche, l’enfant le récupère, comme s’il n’attendait que cela, et retrouve son calme.

J’ai pensé que si je lui avais donné une pilule ou ce qui a été appelé autrefois “une bonne fessée”, le résultat aurait été le même. L’enfant serait passé du même état d’agitation au même état de passivité peu dérangeant pour ses parents. Il est vrai que les enfants peuvent être adorables, mais également très capricieux, agités et avec une détermination capable de mettre à dure épreuve la patience de l’adulte le plus serein.

Le Petit Prince

Ce que nous souhaitons suppose de la patience

Pourquoi est-ce que je parle de ces deux situations ? Parce qu’elles mettent en opposition ce que nous souhaitons à l’heure actuelle et ce que nous voulons pour l’avenir. Nous aimerions que nos enfants soient créatifs, mais dans leur programme d’études, nous récompensons ceux qui répètent ce que l’enseignant-e dit. Nous voulons des enfants en bonne santé, mais cela nous met sur les nerfs de les voir se jeter dans les flaques d’eau un jour de pluie. Nous voulons des enfants curieux mais nous ne faisons pas d’effort pour répondre à leurs questions. C’est que les enfants que nous voulons ont besoin de nos efforts, de notre main tendue.

La mauvaise chose est qu’un enfant ne trame rien lorsqu’il est silencieux et non qu’il trame quelque chose. La mauvaise chose est qu’un enfant ne veuille pas jouer avec ses parents et préfère les laisser tranquille lorsque ces derniers rentrent à la maison. La mauvaise chose est qu’un enfant ne regarde pas la pluie ou la neige avec étonnement et ne veuille pas s’en imprégner. Dans cet ordre d’idée, nous devrions penser que ce qui est néfaste est la facilité ; la pilule, la tablette ou la fessée. La mauvaise chose est que nous interdisons aux enfants de jouer sur la place au lieu d’utiliser cet espace pour les éduquer dans le respect et leur apprendre à vivre ensemble. La mauvaise chose est que ce-tte voisin-e qui proteste pour tout ne soit pas obligé-e de supporter un minimum…

Les enfants ont besoin de discipline, de limites, mais surtout de patience, d’une main tendue et de cohérence… parce que nous sommes celleux qui pensent et eux ceux qui jouent, ou du moins ceux qui devraient jouer.



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