Les embrassades marquent nos gènes de leur empreinte
Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater
Les embrassades, les accolades mais aussi les câlins laissent une empreinte sur nos gènes. La science vient en effet de nous prouver quelque chose de merveilleux. Le contact physique laisse une empreinte sur le cerveau.
C’est notamment le cas lorsqu’on réconforte un bébé contre sa peau, lorsqu’on caresse quelqu’un et qu’on lui exprime ainsi notre affection profonde. Cette empreinte moléculaire s’imprime sur les gènes du bébé comme une encre indélébile. Cela déterminera ensuite sa personnalité mais aussi son système immunitaire et métabolique.
L’être humain a besoin du contact de ses proches pour atteindre son plein potentiel. Il est clair que personne ne meurt par manque d’affection. Le fait de ne pas connaitre l’amour ne fait pas perdre la vie à une personne du jour au lendemain.
Cependant, elle va souffrir de cette faim de reconnaissance et de nutriments. En effet, cela nous permet de nous sentir plus en sécurité et plus épanouis en tant que personnes. Sans elle, on se flétrie, pour ainsi dire.
Ainsi, le corps, l’esprit et la peau partagent une relation qui va bien au-delà de nos centres neuronaux ou de nos récepteurs sensoriels. Il s’agit de scénarios où des marqueurs biologiques tels que l’ocytocine orchestrent des processus fondamentaux et essentiels.
Ainsi, bien que l’on dise souvent que les embrassades sont un médicament pour l’âme, on pourrait en réalité aller bien plus loin. On peut aisément affirmer que toucher et être touché améliore notre épigénétique.
On parle en effet ici d’empreintes d’amour qu’une génération peut transmettre à une autre. Une telle affirmation peut néanmoins éveiller un certain scepticisme.
Face à cela, on peut citer des études qui vont dans ce sens au-delà de la seule intuition. Il s’agit de preuves qui nous invitent à la réflexion. Ces études posent un postulat. L’affection constante chez le nouveau-né se traduira dans sa capacité future à prendre soin de lui et de son entourage.
“Si vous trouvez une telle personne, quelqu’un que vous pouvez serrer dans vos bras et fermer les yeux sur tout le reste, vous pouvez vous considérer comme très chanceux. Même si ça ne dure qu’une journée ou seulement un minute.”
-Patrick Rothfuss-
L’absence de câlins marque également nos gènes
Il y a ici une réalité dramatique et douloureuse dont on ne parle pas toujours. Il s’agit en effet des enfants qui grandissent dans les orphelinats.
De plus, les spécialistes du développement de l’enfant nous racontent que dans certains pays défavorisés, les bébés ne font pas de bruit dans leurs chambres. En effet ces pièces silencieuses illustrent bien la carence d’affection qui existent dans ces foyers d’enfants. Ces derniers ont appris très tôt que pleurer ne leur sert à rien.
Dans ces enfers, personne ne vient en effet les réconforter, les prendre dans ses bras, les nourrir de cette affection qui leur permet d’apaiser les peurs et de répondre à leurs besoins émotionnels. Une telle situation finit inévitablement par avoir un impact sur leur vie.
Des études comme celle menée à l’université du Wisconsin aux Etats-Unis par le psychopathologiste Seth Pollak, indiquent que leur développement cognitif en est impacté. Ils seront alors plus vulnérables au stress et à l’anxiété. De plus, même leur système immunitaire en pâtira.
Grandir sans ce contact physique affecte donc notre avenir en tant qu’être humain. La clé de tout cela se trouve au plus profond de notre ADN. Plus précisément, dans le mécanisme de marquage qui constitue ce que l’on appelle “l’épigénétique”.
Comment les embrassades laissent-elles une marque sur nos gènes ?
Une étude sur le sujet menée par l’Université de Colombie-Britannique au Canada a été publiée dans la revue scientifique Development and Psychopathology. Dans ce document, le Dr Sarah Moore décrit pour la première fois un fait fascinant.
La quantité de contacts étroits, d’affection réconfortante, de câlins, d’embrassades, de caresses et de mots dirigés vers les bébés ne les aide pas seulement à se sentir en sécurité et aimés. Les avantages sont bien plus nombreux :
- Les câlins laissent une empreinte sur les gènes ; le contact physique génère des changements moléculaires.
- Le toucher affecte l’épigénome. C’est-à-dire que le fait de recevoir des caresses, des embrassades et ce contact constant dans les premiers mois de la vie, induit des changements chimiques dans les protéines et dans l’ADN.
- Tout cela se reflète dans le comportement ultérieur de l’enfant. Moins de pleurs, une meilleure alimentation, un meilleur comportement, un développement moteur et psychologique plus optimal.
- Il y a aussi un fait très frappant. Il a été constaté que ces changements précoces dans l’épigénome modifient la structure de la chromatine, entraînant à son tour des changements dans le génome lui-même.
- Qu’est-ce que cela signifie ? Fondamentalement, les conditions environnementales dans lesquelles l’enfant grandit affecteront également sa propre progéniture.
Et qu’en est-il des adultes ? En quoi les embrassades nous sont-elles bénéfiques ?
Les câlins que nous recevons au cours des premiers mois consolident en nous une empreinte profonde. A tel point que cette proportion de câlins, d’affection, de caresses et de contacts peau à peau ne détermine pas seulement le bon développement neurologique d’un bébé mais aussi de l’adulte.
En effet, cette manifestation précoce d’amour authentique se transmet même aux générations suivantes. D’une certaine manière, cela avait déjà été prouvé par les études sur la carence. E
n d’autres termes, les traumatismes subis par une génération peuvent être transmis à la suivante. C’est ce qu’a démontré une étude menée par l’équipe du Dr Torsten Santavirta à l’université d’Uppsala, en Suède, où les effets de la Seconde Guerre mondiale ont été observés sur plusieurs générations dans diverses familles.
Mais qu’en est-il à l’âge adulte ? Les effets seraient-ils comparables ? Les embrassades à l’âge adulte continuent de d’avoir un impact très bénéfique sur notre cerveau. Le déclencheur de ce bien-être est un neurotransmetteur qui agit également comme une hormone : l’ocytocine. Cette dernière est capable de soulager le stress et l’anxiété.
Nous avons tous besoin de toucher et d’être touchés. Et ce, quel que soit notre âge. Notre peau a en effet besoin de ce langage qui, dans bien des cas, va au delà des mots.
Les caresses et les embrassades agissent comme cette sève qui nourrit nos racines pour tisser des liens. Elle éteint les incertitudes et permet de construire un environnement plus serein où nous pouvons nous développer en tant que personnes.
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- Moore, SR, McEwen, LM, Quirt, J., Morin, A., Mah, S.M., Barr, RG, Kobor, M.S. (2017). Correlatos epigenéticos del contacto neonatal en humanos. Desarrollo y psicopatología , 29 (5), 1517-1538. https://doi.org/10.1017/S0954579417001213
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