Le monde à travers un masque : l'impact psychologique
Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater
Hygiéniques, chirurgicaux, FFP1, FFP2, FFP3… Notre langage s’est enrichi de termes que nous n’aurions jamais aimé utiliser. Or, les réalités déterminent le langage et ont aussi un impact psychologique évident. Nous commençons à voir le monde à travers un masque. Et il semble que cet élément va faire partie de nos vies pendant un certain temps.
“Nous devons suivre le modèle asiatique” disent certaines voix. Nous devons imiter les Japonais, les Chinois ou les Coréens dans l’utilisation habituelle des masques comme stratégie pour éviter la contagion. Pour eux, pour une grande partie de cette très grande population, loin d’être une obligation ou un nouveau comportement, il est le résultat d’un comportement qui fait partie depuis bien longtemps de leur culture.
D’une part, ils conçoivent comme un manque de respect le fait d’avoir un virus (comme un simple rhume) et d’infecter d’autres personnes en partageant les mêmes espaces. De même, il y a un autre facteur et ce n’est autre que la pollution des grandes villes asiatiques. Ou ces très fines particules de poussière qui arrivent dans de nombreuses villes depuis le désert de Gobi.
Le port d’un masque fait partie de leur vie quotidienne. D’autre part, en Occident, le mot “masque” est arrivé mêlé à la panique, à l’agitation et aux vents contradictoires des sources officielles qui, au début, ne recommandaient pas son utilisation pour la population en général. Et nous pouvons maintenant voir qu’il sera un élément récurrent et nécessaire dans les prochains jours.
Le monde à travers un masque, comment peut-il nous affecter ?
Le monde à travers un masque n’est pas le même. Il est inconfortable, étrange et en décalage avec notre normalité.
De plus, cet élément n’est pas arrivé seul. Il s’accompagne de gants, de gel hydroalcoolique et dans certains cas même de visières de protection. Quelque chose qui pour notre personnel sanitaire n’était pas nouveau est maintenant fondamental et urgent. Car c’est une barrière avec laquelle nous protégeons nos vies.
Pour ceux qui ne font pas partie du milieu sanitaire, qui est héroïque de nos jours, leur réalité a également changé de bien des façons. Admettons-le : les masques sont la métaphore de la pandémie actuelle. Ils sont l’icône qui nous accompagne ces jours-ci et qui a complètement modifié notre réalité depuis ses fondements. Tout cela a plus d’un effet psychologique.
Incertitude et peur : que faire si je n’en porte pas ? Si je ne peux pas en acheter ? Et s’il ne me protège pas ?
Doutes, inquiétudes et préoccupation. Ce sont les graines du quotidien qui augmentent l’anxiété chez bon nombre de personnes. La peur de contracter le coronavirus nous amène à prendre des mesures de protection qui vont au-delà de l’hygiène des mains et de la distance sociale.
Si au début nous étions réticents à les utiliser, la pression sociale et la vue constante de personnes au visage couvert nous a créé le besoin de les acquérir. Cependant, le manque de stock dans les pharmacies et autres centres augmente encore plus cette inquiétude, cette peur et cette obsession de les acquérir.
D’autre part, l’absence de ce produit sur le marché actuel nous amène à les fabriquer. Mais leur utilisation, celle de masques en tissu faits maison, encourage une autre angoisse : nous savons qu’il s’agit d’une mesure de protection minimale et que nous ne sommes pas protégés. Il s’agit là d’un autre déclencheur d’anxiété dans certains cas.
Notre réalité a changé
Voir le monde à travers un masque laisse une empreinte sur notre esprit : celle que tout a changé. Désormais, chaque fois que nous quittons la maison, en plus de notre téléphone portable, de notre portefeuille et de nos clés, nous emportons un masque. Peu importe qu’il soit hygiénique, chirurgical ou FFP3. La vie n’est plus la même, il y a un élément étrange qui la déforme.
Nous savons que tout cela sera temporaire. Nous tenons pour acquis que, dans un certain temps, le virus qui est arrivé sans prévenir perdra sa virulence, que des mécanismes apparaîtront pour lui faire face et récupérer, dans la mesure du possible, notre vie quotidienne.
Cependant, le fait de devoir inclure cet élément dans notre vie quotidienne donne présence au virus lui-même, le rend évident et nous rappelle que nous nous “protégeons” d’un ennemi.
Ce fait peut avoir un impact divers sur la population. Il y aura des gens qui l’assumeront normalement. Mais il y aura évidemment ceux qui mettront leur masque avec anxiété et angoisse. Incapables de s’habituer à ce changement d’habitude.
Les masques n’arrêtent pas les pandémies mais filtrent la peur
Lors de l’une des déclarations du directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom, il s’est dit préoccupé par l’utilisation massive de masques médicaux par la population générale. Cette recherche presque désespérée signifie que ceux qui en ont vraiment besoin en manquent.
Cependant, les industries de chaque pays se sont mises au travail pour les fabriquer. Dans peu de temps, nous serons autosuffisants en la matière et il sera facile de les acquérir dans les pharmacies.
Toutefois, il y a une évidence que nous ne pouvons pas ignorer. Les masques n’arrêtent pas les pandémies. Ils n’arrêtent pas ce virus à 100 % par eux-mêmes. Ils filtrent cependant notre peur.
Le monde à travers un masque est étrange et a changé. Mais la grande majorité d’entre nous en veut et en a besoin pour diminuer notre inquiétude, pour avoir une mesure de protection supplémentaire en plus des autres.
En conclusion, nous ne savons pas combien de temps dureront les effets de la pandémie actuelle. Nous ne savons pas non plus si l’utilisation de ces moyens de protection sera temporaire. Ou si nous devrons nous y habituer à certains moments et dans certaines situations.
Quoi qu’il en soit, une chose est indéniable : la vie change au moment le plus inattendu, et nous devons être prêts à nous adapter à de nouvelles situations.
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