Le « Brainwriting » : une technique pour développer la créativité

Le brainwriting est une technique idéale pour les personnes introverties. En quoi cette technique est-elle innovante dans une entreprise?

Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater.

Dernière mise à jour : 01 février, 2024

S’il existe une technique récurrente dans de nombreuses entreprises, c’est bien le brainstorming. Vous le savez probablement, il s’agit de tous les membres d’une équipe qui apportent leurs propositions en groupe et à voix haute. Or, depuis quelques années, une ressource alternative en termes de créativité gagne du terrain: le brainwriting.

Dans chaque organisation, il y a des « joyaux cachés » qui, parce qu’ils appartiennent à un spectre de personnalité plus introverti, ne se sentent pas toujours à l’aise dans certaines dynamiques de groupe. De plus, lorsque vous travaillez avec vos collègues, il n’est pas facile de formuler des suggestions et des propositions en raison de facteurs tels qu’une mauvaise communication, des désaccords, l’absence de tours de parole plus équitables, etc.

L’outil que nous présentons ici optimise l’innovation dans l’entreprise et évite également tous les inconvénients évoqués.

Brainwriting : définition, origine et finalité

Le brainwriting est une technique de créativité basée sur la génération d’idées par écrit entre différents membres d’un groupe de travail. Ce modèle n’est pas nouveau puisqu’il a été conçu par un expert en marketing, Bernd Rohrbach, en 1969.

L’objectif est de remplacer la réflexion à voix haute du brainstorming classique par ce raisonnement plus intime, profond et réfléchi qui facilite l’écriture elle-même. À ce stade, cet outil pour stimuler la créativité et l’innovation peut vous poser quelques questions.

Quel avantage cela apporte-t-il par rapport au brainstorming toujours actuel ? Pourquoi remplacer ce dernier ? C’est le psychologue organisationnel Tomas Chamorro-Premuzic qui a souligné les limites du modèle classique de créativité.

Cet expert international en profils psychologiques, leadership et gestion des talents et auteur de livres tels que The talent delusion (2017), a expliqué dans la Harvard Business Review que les grandes entreprises ont utilisé le brainstorming pendant des années sans se rendre compte que, dans de nombreux cas, il présente plus de mal que de bienfaits. Nous analysons ces lacunes.

Pourquoi le brainstorming n’est-il pas toujours utile ?

Une recherche publiée par la revue Advances in Experimental Social Psychology souligne comment la technique du brainstorming affecte dans de nombreux cas la productivité des entreprises. Pour connaître les causes qui orchestrent ce facteur marquant, il est intéressant de se plonger dans les réalités suivantes. Peut-être que certaines d’entre elles vous sont familières :

• Les employés les plus talentueux peuvent passer inaperçus. Surtout s’ils sont plus introvertis.
• Cela génère une anxiété sociale car, parfois, nous craignons que d’autres jugent nos propositions.
• On perd beaucoup de temps, puisqu’il est possible d’y passer plusieurs heures sans qu’il y ait une contribution solide entre chacun.
• Il est très courant de choisir de laisser les autres apporter leur contribution et décider. Cela finit alors par conduire de nombreux salariés au conformisme.
• Cela produit un faux sentiment d’efficacité. Ce qui signifie que nous avons tellement intériorisé l’idée que le brainstorming est utile que les nouvelles approches ne sont pas toujours mises en pratique.
• Cela nous oblige à réfléchir très vite et même de manière chaotique. De cette manière, il est difficile de raisonner et de proposer des idées innovantes quand tant de personnes réfléchissent en même temps.

Quel est le but du brainwriting?

Lorsque Bernd Rohrbach a publié la technique en 1968, dans la revue Absatzwirtschaft, il a expliqué que cette ressource se voulait une méthodologie de créativité ordonnée, démocratique et efficace. Le but de l’écriture d’idées est de créer un espace où toutes les idées peuvent être partagées et où chacun peut apporter, à travers des textes, des visions innovantes.

Le principal avantage de cette ressource est que nous gagnons beaucoup de temps et c’est une technique démocratique et efficace.

Comment appliquer le brainwriting?

Cet outil pour stimuler la créativité et l’innovation est également connu sous le nom de « technique 6-3-5 ». En réalité, il s’agit d’une ressource très simple, économique et efficace que toute organisation devrait envisager. Si nous voulons vraiment avoir des entreprises plus compétitives, capables de s’adapter à des contextes stressants et changeants, c’est une bonne proposition.

Comme le souligne un article publié dans la revue SAGE Open , la créativité aura un impact au travail, à condition qu’il existe un soutien organisationnel clair et significatif. En ce sens, la « technique 6-3-5 » peut apporter de multiples avantages si elle est correctement mise en œuvre.

Choisir un modérateur

Le modérateur est la personne chargée de diriger chacune des étapes du processus de création d’idées des équipes. Cette personne informe, guide et dynamise. Son objectif est que tous les membres connaissent les buts et objectifs proposés et s’adaptent à chaque ligne directrice de cet outil.

Première phase : groupes de six personnes, trois idées, cinq minutes

La méthodologie consiste à créer des groupes de six personnes qui, à tour de rôle, rédigent trois idées. Pour ce faire, le modérateur effectue les actions suivantes :

• Énoncer le problème ou un objectif à atteindre.
• Organiser des petits groupes de six personnes chacun.
• Assoir les employés à une table à côté de papier et de crayon.
• Leur demander de créer trois idées qui correspondent à ce qui a été énoncé.
• Informer les groupes qu’ils disposeront de cinq minutes pour le réaliser.

Deuxième phase : transmettre les idées à un partenaire

À l’étape suivante, les idées écrites sont transmises à un partenaire pour démarrer un nouveau cycle. Chacun recevra les propositions des autres et, sur la base de ce qu’il aura lu, générera trois autres idées. Le cycle se termine lorsque les six membres ont lu et complété toutes les fiches de tous les partenaires.

Au final, 108 idées sont obtenues en 30 minutes et reflétées sous forme manuscrite.

Troisième phase : socialisation

L’outil pour stimuler la créativité et l’innovation se termine par le partage de toutes les idées et leur évaluation. À ce stade, nous passerons du support écrit à la communication orale, pour discuter, analyser et choisir les propositions les plus intéressantes. Il ne reste donc plus qu’à les établir.

Quels sont les bénéfices?

Les avantages de cette stratégie sont multiples. Dans un ouvrage publié par Procedia, Social and Behavioral Sciences, ils soulignent les avantages suivants :

• Évitement les blocages.
• Réduction du conformisme social.
• Réduction des conflits interpersonnels.
• Meilleur sentiment d’appartenance à l’équipe.
• Amélioration du traitement des idées partagées.
• Technique très ordonnée qui évite de perdre du temps.
• Evitement de la génération d’idées de s’écarter du sujet central.
• Désactivation ou évitement des différences de statut entre les employés.
• Evitement de la pression de se conformer au groupe ou de penser tous pareil pour ne pas être jugé.

Donner une chance au brainwriting

Enfin, même si le brainstorming soit un outil avec lequel certains ont obtenu de bons résultats, il est important de se mettre à jour et de comprendre qu’il existe d’autres approches pour tirer parti de la créativité.

Bien que Bernd Rohrbach ait créé le brainwriting en 1969, le potentiel de cet outil n’est pas encore pleinement exploité. C’est pourquoi il vaut la peine d’y réfléchir lorsque cela est nécessaire. Par conséquent, si vous en avez l’occasion, n’hésitez pas à l’essayer puis à corroborer ses bienfaits.