L'anuptaphobie : la peur pathologique de ne pas trouver de conjoint

L'anuptaphobie : la peur pathologique de ne pas trouver de conjoint

Dernière mise à jour : 31 janvier, 2017

Après avoir dîné avec plusieurs amies, il m’a fallu faire un constat triste mais indéniable : nos réunions avaient cessé d’être amusantes. Des filles célibataires, des filles mariées, des mamans ; nous étions incapables d’avoir une conversation amusante et profonde sur quelque chose qui n’ait pas un rapport avec le fait de trouver un conjoint et d’avoir des enfants. Nous étions incapables de planifier quelque chose qui consistait uniquement à profiter de notre simple compagnie.  Et ce n’est pas une situation isolée. Soudain, des femmes que l’on a toujours considérées comme des femmes ingénieuses, amusantes et indépendantes ne semblaient éprouver aucun autre intérêt que celui de “se stabiliser”. Cela ne devrait pas poser de problème, sauf quand lorsqu’on en vient à vivre des situations où trouver un conjoint n’est, pour beaucoup, plus un désir, mais une obsession ou une obligation pour vivre pleinement.

L’origine de l’anuptaphobie

La pression de “trouver quelqu’un” est l’une des choses les plus compréhensibles dans le monde dans lequel nous vivons : tout est organisé pour attiser le désir de trouver un partenaire et avoir des enfants. Ainsi, traditionnellement, le succès a été associé d’une certaine manière au fait de trouver un conjoint et d’avoir une descendance avec lui.

Même si beaucoup de personnes ne ressentent pas ce besoin au début, elles peuvent le développer : arrivées à un certain âge, les loisirs ont tendance à se réduire de manière drastique. Beaucoup d’ami-e-s et de proches ont trouvé un conjoint et le temps dont iels disposent pour s’amuser ou pour discuter est nettement moindre.

Si le besoin d’être en couple est ressenti chez les deux sexes, il semble être plus accru chez les trentenaires et les femmes, notamment lorsque ce besoin devient pathologique. Les allusions à l’horloge biologique dans la société ne font rien d’autre qu’accentuer cette sensation d’épuisement, surtout chez celles qui se sentent déjà vulnérables et qui se posent des question sur leur célibat.

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Le processus qui consiste à trouver un conjoint peut être amusant et arriver de manière naturelle ou devenir un processus complètement tortueux et angoissant. L’une des lignes qui séparent l’un de l’autre est la manière dont les célibataires comprennent et vivent leur célibat.

Il existe des personnes qui vivent leur célibat non pas comme un moyen de trouver un conjoint, mais comme un état complet, en soi. Ce n’est pas qu’elles désirent être seules ou en couple mais elles souhaitent être tranquilles et vivre une vie où ce sont les émotions positives qui prédominent. Être en couple serait bien sûr un facteur positif supplémentaire, qui ajouterait un composant de compagnie, d’intimité et de tendresse, mais qui n’est pas indispensable pour se sentir bien.

Cependant, d’autres personnes croient que le célibat est quelque chose d’ “anti-naturel” et socialement limitant, ce qui les rend plus vulnérables et plus exposées aux expériences négatives. Ce sont des personnes qui ont intériorisé les “recommandations” sociales, faites par les proches et les ami-e-s, comme des ordres. Elles sentent qu’être célibataire est un échec social, l’évidence de la présence d’une tare, quelle qu’elle soit.

Les comportements des personnes atteintes d’anuptaphobie

Le comportement des personnes atteintes d’anuptaphobie répond à un modèle d’anxiété et d’obsession envers l’idée d’avoir un conjoint. Les personnes plus proches de ces personnes sont celles qui souffriront le plus de cette obsession, car n’importe quelle proposition ou expérience de loisir ne sera jamais assez satisfaisante si elle n’a pas pour objectif de trouver un partenaire.

Les personnes atteintes d’anuptaphobie ont un grave problème d’estime d’elles-mêmes, probablement favorisé par des ruptures traumatisantes dans le passé, des expériences de rejet et/ou des abandons de la part de certaines des figures d’attachement dans l’enfance ou dans l’adolescence.

Aujourd’hui, il existe des caractéristiques qui dressent le portrait d’une personne anuptaphobique :

  • La victimisation excessive lorsqu’on est célibataire.
  • La promiscuité et des comportements limites.
  • La catégorisation des personnes de l’entourage en “personnes célibataires ou en couple”. Parfois, les personnes anuptaphobiques peuvent employer un langage agressif et blessant avec des personnes de leur entourage.
  • Elles questionnent les relations sentimentales des autres, surtout celles qui ne sont pas caractérisées par “l’engagement” et les considèrent comme des relations “immatures ou vides”.
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  • Elles ont tendance à faire des raccourcis entre toutes leurs relations, à les confondre, sans accorder d’importance aux caractéristiques de chacune. Elles se fondent dans les goûts et les opinions du conjoint par peur d’un nouvel abandon.
  • Elles comprennent le mariage et les enfants comme une surface stable et sûre : un lieu équilibré par l’engagement à long terme de l’autre, plus que comme un projet de vie plein de sens.
  • L’incapacité à profiter d’activités sans la compagnie de l’autre.
  • Une fois qu’elles sont en couple, elles mettent beaucoup d’énergie à exhiber leur bonheur de couple devant les autres.

Il faut comprendre l’anuptaphobie comme une peur irrationnelle, comme le suffixe l’indique. Ainsi, le comportement d’une personne anuptaphobique est souvent assez prononcé et voyant en comparaison avec un simple désir et la quête d’un conjoint.

Cette tendance provoque plus de douleur et de mal être que l’on pense dans un large groupe de la population, qui sent que le fait d’être en couple est le seul moyen “valide” d’être au monde , ce qui amène à une recherche continuelle et infructueuse. Avoir l’impression de n’être qu’une moitié et non pas quelqu’un d’entier, rechercher quelqu’un pour être et non pas pour être plus heureux-se, ce n’est pas la bonne direction à prendre.


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