Laisser de côté son smartphone quelques heures afin de que le cerveau "se recharge"
Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater
Nous sommes tous capables de laisser de côté notre smartphone. Mais, pendant combien de temps ? Une heure ? Une demi-heure ? Peut-être même deux minutes ? C’est un test que nous devrions tous faire à un moment donné pour estimer notre degré de dépendance. Qu’on le veuille ou non, nos smartphones sont une extension de nous-mêmes. Celle dont il nous est le plus difficile de nous passer.
On parle de “smartphones”, traduisez “téléphones intelligents”, car comme nous le savons, ils peuvent assurer des fonctions extraordinaires qui nous facilitent la vie. Or, depuis le point de vue de la psychologie, ce qu’on observe, c’est que nos téléphones portables agissent déjà comme un “homme à tout faire”. Comme un substitut à l’intelligence elle-même. Nous lui transférons des fonctions que nous-mêmes devrions assurer, en les déléguant par facilité, rapidité et efficacité.
Il n’y a pas si longtemps, la plupart d’entre nous connaissions encore par coeur le numéro de téléphone de nos amis, des membres de notre famille proche, de notre partenaire, etc. Alors qu’aujourd’hui, c’est à peine si nous nous souvenons du nôtre. Plus encore, quelque chose que nous pouvons aussi observer, c’est la manière dont nous perdons certaines de nos habiletés en matière d’orientation. Maintenant, nous utilisons le GPS pour aller presque partout, évitant ainsi de faire cet effort logico-spatial au moment de nous rendre à un lieu précis.
Nous pourrions dire, presque sans nous tromper, que nous en sommes arrivés à un point où ce n’est plus nous qui contrôlons le téléphone, mais où le téléphone lui-même s’est emparé de nombre de nos capacités.
Ainsi, on assiste à un autre phénomène non moins intéressant et alarmant ; les smartphones réduisent notre rendement, notre énergie et notre motivation. De quelle manière ? Découvrons-le ensemble.
Nous devons être plus habiles que nos smartphones afin d’éviter qu’ils ne nous contrôlent.
Laisser de côté son smartphone pendant quelques heures, c’est une question de santé
Quoi que vous puissiez en penser, il ne vous arrivera rien. Le monde ne s’arrêtera pas de tourner. Si une personne vous appelle ou vous écrit, le fait de recevoir votre réponse deux ou trois heures plus tard ne la tuera pas. Chaque chose restera à sa place, de même que chaque personne, et chaque obligation gardera son horizon. Or, après cette déconnexion, c’est vous qui aurez changé, car vous vous sentirez bien mieux en ayant laissé de côté votre smartphone pendant un certain temps. C’est la clé !
Cependant, aussi logique que ce raisonnement puisse nous paraître, la vérité, c’est qu’il nous coûte beaucoup de l’appliquer. Pourquoi ? Car nous avons un comportement fréquent dont nous sommes peu conscients ; nous en sommes arrivés à un point où, même pendant nos moments de repos et d’inactivité, nous sommes pendus à notre téléphone. Une pause au travail, un trajet en métro, un moment passé à faire la queue quelque part, au cinéma avant que le film ne commence… Chaque instant est bon pour jeter un oeil à notre smartphone.
Les effets de l’usage du smartphone, et ce même lors de nos moments de repos, sont nocifs. Le cerveau a en effet besoin de déconnecter un peu de temps en temps, mais si nous l’exposons à des stimuli aussi intenses que les contenus des dispositifs mobiles, un tel besoin de déconnexion ne pourra être assouvi. Et les conséquences sont notables. C’est entre autres ce qu’une intéressante étude a pu nous démontrer.
L’épuisement mental et les smartphones
Des chercheurs de l’université de Rutgers, dans le New Jersey (aux Etats-Unis), ont mené une étude auprès d’un large groupe d’étudiants. Il ont ainsi été plus de 400 à réaliser une série d’exercices psychotechniques assez difficiles. Une fois la moitié de ces exercices terminés, on leur a demandé de prendre une pause d’une heure avant de continuer le test. Pendant ce temps de pause, une partie de ces étudiants ne pouvaient pas utiliser leurs téléphones portables.
En revanche, les autres avaient le droit de le faire. Après ces directives préalables et après avoir réalisé les tests, les résultats ont été frappants. En effet, les étudiants qui ont utilisé leurs téléphones pendant la pause ont commis 22% d’erreurs de plus que les étudiants de l’autre groupe, qui eux ne pouvaient utiliser leurs smartphones.
Ainsi, le temps qu’ils ont mis à traiter et à comprendre chaque question du test psychotechnique représentait presque le double de celui dont ont eu besoin les étudiants auxquels on a demandé de laisser de côté leurs téléphones pendant la pause. Ces informations ont permis de démontrer quelque chose dont les chercheurs se doutaient déjà. En effet, les dispositifs électroniques réduisent notre attention et notre efficacité à résoudre les problèmes complexes. Plus encore, il a été possible de démontrer que s’éloigner de son téléphone pendant une heure minimum permet de récupérer de l’énergie mentale.
Laisser de côté son smartphone, c’est se libérer du proxy pendant quelques heures
Quelque chose que nous démontre cette étude, c’est que nous sous-estimons les ressources que consomme notre smartphone. Et nous ne faisons pas là référence à l’énergie électrique nécessaire pour recharger sa batterie, mais plutôt à notre batterie à nous. A nos réserves cognitives, à notre flexibilité mentale. A notre capacité à nous concentrer, à observer, à réagir, à nous orienter dans un ville. Et pourquoi pas, à nous connecter aux autres d’une manière proche, humaine.
Que faire alors ? La clé réside dans l’usage que l’on fait de toutes ces ressources technologiques. Quelque chose d’extraordinaire qu’un smartphone ne serait pas nocif pour nous si nous avions un plus grand contrôle sur un tel dispositif.
Laisser le téléphone de côté pendant deux ou trois heures ou bien pendant une soirée entière ne fait pas de mal. En revanche, être connecté de manière intense et continue, si. Cela affecte notre cerveau et l’étouffe, lui ôte ses pulsions, ses compétences et même son bien-être. Il s’agit là de quelque chose dont nous devrions être plus conscients. En effet, comme nous le signalent de nombreux experts, nous en sommes arrivés à un point où nous avons déjà tissé un lien émotionnel avec notre smartphone. Ce n’est alors plus un recours, mais un ami que nous ne pouvons pas oublier à la maison.
Réfléchissons à cela. Déconnectons pour nous recharger, mettons en veille pour vivre.
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- Kang, S. H., & Kurtzberg, T. R. (2019). Reach for your cell phone at your own risk: The cognitive costs of media choice for breaks. Academy of Management Proceedings, 2019(1), 10664. https://doi.org/10.5465/ambpp.2019.10664abstract
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