L'adolescence tardive, un phénomène de plus en plus commun
Relu et approuvé par Psychologue Gema Sánchez Cuevas
L’âge des personnes a de moins en moins d’importance dans le monde actuel. Nous avons découvert que la vie ne s’ajuste pas forcément aux schémas théoriques que nous gérons. L’adolescence tardive, une réalité de plus en plus fréquente, en est une preuve.
L’adolescence est cette étape de la vie qui sert de pont entre l’enfance et la vie adulte. Elle se caractérise par une grande instabilité émotionnelle et une intense recherche de sa propre identité. Une bonne partie des hauts et des bas de cette étape dépendent des multiples changements physiques qui surviennent. La maturation sexuelle arrive et, avec elle, une activité hormonale particulièrement dynamique.
“L’adolescence est l’autorisation de la société à combiner la maturité physique et l’irresponsabilité psychologique”.
-Terri Apter-
Le concept d’adolescence tardive a deux connotations. L’une correspond aux dernières années de l’adolescence, lorsque tous les changements ont été effectués. Et lorsque le jeune est prêt à entrer dans sa vie d’adulte. L’autre connotation est liée à ces étapes de la vie qui semblent voir renaître des traits adolescents. Le premier est un terme technique et le second, une construction de la psychologie populaire.
L’adolescence tardive comme concept technique
Les psychologues du développement divisent l’adolescence en trois étapes. L’adolescence précoce, qui va de 11 à 13 ans et correspond à la puberté. L’adolescente moyenne, qui va de 13 à 16/17 ans. Et l’adolescence tardive, qui inclut l’étape comprise entre 15/17 ans et 21 ans.
L’adolescence tardive est une étape de plus grande stabilité. L’identité est mieux établie. Un grand idéalisme et une énorme capacité à se réjouir du futur priment. Certaines crises apparaissent parfois à cause des nouvelles responsabilités d’adulte qui doivent être assumées. L’adolescent ne se sent pas toujours prêt à les affronter.
Contrairement aux étapes antérieures, au cours de l’adolescence tardive, il n’est plus aussi important de faire partie d’un groupe plus ou moins stable. On accorde une plus grande importance aux relations de personne à personne. Le lien avec la famille devient plus pacifique. Les grands projets dominent, tout comme l’envie de changer le monde.
Les adolescents “en retard”
On donne aussi le nom d’adolescence tardive à ces états émotionnels qui montrent des traits adolescents alors que l’on a déjà atteint l’âge adulte. Chez les êtres humains, les étapes ne se complètent pas toujours comme l’indiquent les schémas théoriques. Certaines circonstances les poussent à se prolonger ou des aspects infantiles et adolescents réapparaissent, même à des âges avancés.
Cette adolescence tardive se manifeste de nombreuses façons. La plus typique est celle où la personne continue à agir en “éternelle rebelle” pleine de rêves mais sans buts concrets. Elle résiste, sans trop savoir pourquoi, à cette vie d’adulte. Elle n’accepte pas le monde tel qu’il est mais ne mène pas non plus d’actions concrètes et réfléchies pour le changer.
Dans ces cas, il est habituel de voir que la tension adolescente avec les parents se maintient. On les récrimine, on les accuse de tout mais, en même temps, on est incapable de s’en séparer sur le plan émotionnel. La cohabitation peut aussi être maintenue.
Les mythes autour de la croissance
Très souvent, les parents d’un adolescent sont les premiers à résister à sa croissance. Au-delà de l’attachement affectif, on retrouve une peur de vieillir ou de se retrouver seuls. Ces parents se chargent donc de prolonger la dépendance économique, affective et psychologique.
En général, la société moderne avance le mythe selon lequel la jeunesse est la seule étape digne d’être vécue. Ce n’est pas pour rien qu’une industrie cosmétique prolifique a été édifiée. La moitié des produits vendus sont destinés à “retarder le vieillissement”. Le mot “adulte” fait peur à beaucoup de monde car il semble trop sérieux et terne. Il est synonyme de responsabilité, ce qui serait le contraire de la jeunesse.
Tout cela n’est pas négatif en soi. Mais renoncer à l’autonomie et à la responsabilité en maintenant une attitude d’adolescent peut être contre-productif. Les adolescents tardifs ne savent pas de quoi ils sont réellement capables.
Le seul moyen de le découvrir est d’être responsable de soi et de vaincre ses peurs. Si nous renonçons à cela, une certaine non-conformité s’emparera de nous. Elle deviendra chronique, sans que nous nous en rendions compte, et nous poussera à nous priver de grandes expériences.
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