La mégalophobie : qu'est-ce que c'est ?

Les phobies peuvent devenir très limitantes. Aujourd'hui, nous voulons parler de l'une des plus curieuses : la mégalophobie ou peur des grandes choses.
La mégalophobie : qu'est-ce que c'est ?
Ebiezer López

Rédigé et vérifié par Psychologue Ebiezer López.

Dernière mise à jour : 15 mai, 2023

Vous sentez-vous très anxieux lorsque vous êtes à proximité d’un gros objet, comme un bâtiment ou un camion ? Vous souffrez peut-être de mégalophobie, un type rare de phobie spécifique.

Les personnes qui souffrent de cette altération présentent un mal-être intense lorsqu’elles s’approchent d’objets présentant ces qualités. Par conséquent, il s’agit d’un problème grave qui ne doit pas être ignoré et nécessite une attention professionnelle.

Il existe différentes théories qui offrent une explication à cette peur irrationnelle. Le consensus est qu’il existe plusieurs facteurs qui pourraient participer à la pathologie. Par conséquent, les alternatives de traitement peuvent également être multiples.

Qu’est-ce que la mégalophobie ?

Au sens étymologique, ce terme a pour racine grecque « méga », qui signifie « grand », et « phobie », qui signifie « peur ». Par conséquent, ce serait la « peur du grand » et le mot décrirait un état psychologique peu connu.

Les patients qui en souffrent ressentent une anxiété intense dans les situations impliquant de gros objets. Par exemple, une personne atteinte de mégalophobie peut se sentir terrifiée en passant devant un gratte-ciel ou une grue. La même chose pourrait se produire si vous vous retrouviez face à un gros animal, comme un éléphant ou une girafe.

Dans le DSM-5, cette altération se centre sur des phobies spécifiques, un type de trouble anxieux. Selon le manuel, pour le diagnostiquer, le patient doit présenter un cadre avec plusieurs des caractéristiques suivantes :

  • Peur ou anxiété intense en présence de très gros objets.
  • L’anxiété ou la peur surviennent presque toujours immédiatement.
  • La personne évite activement les situations impliquant de gros objets.
  • La peur dure au moins six mois.
  • Une gêne cliniquement significative est ressentie et interfère avec la vie quotidienne (travail, études, amis, etc.).
  • Le trouble ne peut pas être mieux expliqué par une autre maladie, comme le trouble panique ou autre.

Une enquête d’Eaton, Bienvenu et Miloyan (2018) indique que les phobies spécifiques touchent entre 3 % et 15 % de la population mondiale. Cependant, les plus courantes sont celles liées aux animaux et à la peur des hauteurs. En conséquence, on pourrait dire que la mégalophobie n’est pas une altération très fréquente.

Grand bateau

Causes

Comme pour le reste des troubles mentaux, il n’y a pas de facteur unique qui génère la phobie. D’un côté, les modèles psychologiques, tels que le modèle cognitivo-comportemental, la considèrent comme un comportement appris. Autrement dit, la personne aurait appris que les gros objets sont dangereux, d’une certaine manière, et c’est pourquoi elle aurait ces réactions.

D’un autre côté, il y a ceux qui suggèrent que cette peur pourrait avoir une composante biologique. Il est important de se rappeler que notre espèce est le fruit de millions d’années d’évolution. Aujourd’hui encore, nous conservons de nombreux instincts de nos ancêtres qui servaient autrefois à la survie. Par conséquent, on pense que cette phobie pourrait être liée à un instinct génétique pour éviter les grandes choses car elles représentent un danger potentiel.

Mais, comme nous le savons, l’expression des gènes peut être altérée par des facteurs environnementaux. Ainsi, on dit que la mégalophobie pourrait être une combinaison de cet instinct inné et de l’apprentissage de chaque personne.

Traitement

Pour élaborer un plan de traitement adéquat, on doit d’abord bénéficier du diagnostic d’un professionnel qualifié. Une fois le diagnostic effectué, les prochaines étapes peuvent différer selon la façon dont le cadre clinique s’exprime. N’oublions pas que les troubles mentaux ont tendance à se manifester différemment chez chaque personne.

Dans les cas graves, des anxiolytiques peuvent être prescrits pour réguler les symptômes anxieux, comme la tachycardie, les sueurs, les tremblements, etc. Ainsi, la personne peut mieux évoluer dans son environnement et bénéficier d’autres interventions, comme la psychothérapie. En suivant cette ligne d’idée, la thérapie psychologique aurait deux objectifs : l’un serait d’éduquer le patient afin qu’il comprenne mieux ses problèmes et l’autre concernerait la réduction et l’élimination de la peur irrationnelle grâce à différentes techniques.

L’une des alternatives les plus courantes est celle des techniques d’exposition aux stimuli craints. Par exemple, la désensibilisation systématique consiste à exposer progressivement le patient à ce qui lui fait peur. Le psychologue ou le psychiatre pourrait commencer avec des exercices d’imagination, poursuivre avec des photos de gros objets et, enfin, passer aux choses réelles. L’idée est d’augmenter le niveau d’exposition au fil des séances.

Les traitements basés sur les techniques d’exposition ont un taux de réussite assez élevé. Une méta-analyse de Wolizsky-Taylor et al. (2008) souligne que ce type de thérapie est plus efficace que le placebo et d’autres options. Au bout de plusieurs séances, les effets positifs étaient encore plus forts et plus solides.

Femme triste en thérapie

Que faire si je pense être atteint de mégalophobie ?

Si vous soupçonnez l’existence de cette altération chez vous ou quelqu’un de votre entourage, il est nécessaire d’intervenir. Cette phobie peut empêcher la personne de vivre sa vie de manière sereine. Par exemple, vous pourriez avoir du mal à vous rendre au travail si le bureau se trouve dans un très grand bâtiment.

La mégalophobie est une condition qui doit être traitée avec une aide professionnelle. En plus d’interférer avec le fonctionnement normal, c’est une condition qui a une comorbidité avec d’autres troubles psychologiques. Par conséquent, la meilleure option est d’obtenir un traitement pour soulager le mal-être et le surmonter.


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  • Eaton, W. W., Bienvenu, O. J., & Miloyan, B. (2018). Specific phobias. The Lancet Psychiatry, 5(8), 678-686.
  • Wolitzky-Taylor, K. B., Horowitz, J. D., Powers, M. B., & Telch, M. J. (2008). Psychological approaches in the treatment of specific phobias: A meta-analysis. Clinical psychology review, 28(6), 1021-1037.

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