La distance de compassion comme clé du bien-être
Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater
La distance de compassion consiste à se placer dans un espace psychologique protecteur, où il nous sera plus difficile de nous imprégner des émotions des autres. Cela implique d’apporter un soutien par la compréhension et l’empathie, mais sans être submergé par la tristesse, l’angoisse ou la colère des autres. Cette séparation nécessaire et saine est quelque chose que nous ne savons pas tous appliquer ou développer.
La plupart d’entre nous ont déjà entendu parler du syndrome d’empathie ou d’épuisement professionnel. Il s’agit de cette forme d’épuisement physique, mental et émotionnel qui prend naissance lorsque nous nous mettons à la place des autres. Se connecter aux réalités traumatisantes ou compliquées des autres laisse toujours une trace, un résidu émotionnel qui se loge en nous.
Les professionnels, comme les médecins, les infirmières, les psychologues ou les travailleurs sociaux, subissent ce type d’usure au quotidien. Et cela se produit essentiellement parce que nous sommes humains. Car il est presque inévitable de ne pas s’identifier à la souffrance des autres, au point de la ressentir comme la sienne. Ainsi, lorsque cette dynamique devient une constante, les conséquences peuvent être graves.
Peu d’idées sont plus importantes que de savoir séparer ses propres charges et celles des autres. Car ce n’est que lorsque nous parvenons à mettre une distance adéquate avec ceux qui souffrent, qu’il est possible de donner le meilleur de nous-mêmes pour aider.
“L’amour et la compassion sont des nécessités, pas des luxes. L’humanité ne peut pas survivre sans eux.”
-Dalaï Lama-
Qu’est-ce que la distance de compassion ?
On peut voir à un moment donné un animal souffrir. Dans cette circonstance, beaucoup sont tellement touchés qu’ils subissent un blocage : ils ne savent pas quoi faire. La douleur émotionnelle est si intense qu’il est difficile de réagir. La même chose peut arriver avec un ami qui reçoit un diagnostic de maladie ou un membre de la famille qui traverse une mauvaise passe.
La capacité à sympathiser avec la douleur physique et émotionnelle des autres est un processus qui désactive parfois nos ressources et nos mécanismes d’action. Vivre cette réalité psychologique n’est pas utile. De plus, des travaux de recherche comme celui effectué par le Dr Paul Gilbert du département de santé mentale de l’hôpital Kingsway à Derby nous disent quelque chose d’important.
La compassion apparaît dans l’être humain comme un avantage évolutif orienté vers un seul but : aider les autres. Par conséquent, être bloqué par ce flot émotionnel va à l’encontre de ce principe fondamental. C’est là que la distance compatissante doit agir.
Comprendre sans faire partie du drame
La distance compassionnelle est une ressource qui agit en compensation de l’empathie , nous permettant de filtrer contre le flot émotionnel. C’est se placer dans un espace de protection à partir duquel comprendre la réalité mentale de l’autre, mais sans être emprisonné par la souffrance d’autrui.
Il est pertinent de noter que cette distance psychologique ne signifie pas être froid ou exclure nos sentiments. Quand quelqu’un est pris dans son malaise ou son drame personnel, il vit dans un trou noir dans lequel il nous est également très facile de tomber. Surtout si cette personne est un proche.
L’empathie est la compassion en action, et quelque chose comme ça n’est possible que si nous appliquons un peu de distance. Ce n’est qu’à partir de cette situation, un peu plus loin, que nous pouvons atteindre une clarté mentale suffisante pour être utile. L’important est d’éviter cette overdose émotionnelle qui coupe les ressources et nous place au même niveau que ceux qui souffrent avant nous.
La distance compatissante, c’est se mettre à la place de l’autre sans s’installer dans sa douleur
Vous pouvez vous mettre à la place de votre ami ou de votre partenaire qui souffre, mais alors vous devez retourner à la leur. Il n’est pas bon de garder des chaussures qui ne sont pas les nôtres, car nous porterons ces semelles perforées au quotidien. Les conséquences peuvent être très épuisantes. Les voici :
- Revivre continuellement le drame de l’autre personne. Nous nous souvenons de la souffrance des autres comme des flashs, comme une forme de stress post-traumatique.
- La fatigue de compassion apparaît.
- Il est courant de ressentir une monotonie émotionnelle. Presque sans nous en rendre compte, nous commençons à nous sentir plus irritables, maussades et tristes.
- L’épuisement physique apparaît également.
- Nous avons du mal à prendre des décisions et à penser clairement.
- A cela s’ajoute un autre facteur : le sentiment de ne pas aider cette personne qui traverse une mauvaise passe.
Clés pour appliquer une distanciation de compassion et émotionnelle
Lorsqu’on entend le mot compassion, il est courant d’évoquer des qualités telles que la gentillesse ou la pitié. Adopter cette conception du terme est une erreur : la compassion demande de la force, de la détermination et du courage pour agir au profit de l’autre et être une aide authentique.
La clé est de se connecter avec les émotions des autres sans être submergé. Voyons quelle manœuvre mentale nous devons faire pour y parvenir.
1. Un aller-retour empathique : ta douleur n’est pas ma douleur, mais je la comprends
Visualisons cette image : un aller-retour. La distance compatissante se déplace vers l’univers émotionnel de l’autre pour revenir plus tard au nôtre.
Pour cela, il est bon de répéter un mantra simple : ta douleur n’est pas ma douleur, mais je la comprends et je la ressens aussi… Mais elle ne me bloque pas.
2. Votre obligation n’est pas de sauver celui qui souffre, c’est d’accompagner
La distance compatissante nous rappelle qu’il ne nous appartient pas de supporter la douleur de l’autre ou d’être ses sauveurs. Même si nous le voulions, nous ne pouvons pas résoudre des problèmes qui ne sont pas les nôtres. On ne peut pas faire les devoirs l’un de l’autre.
Cependant, ce qui est en notre pouvoir, c’est d’accompagner, d’être proche, d’être un refuge au quotidien et un soutien sincère.
3. Appliquer des limites émotionnelles
Les limites émotionnelles nous permettent de placer des drapeaux rouges que les autres ne devraient pas dépasser. Par exemple, notre disponibilité émotionnelle n’est pas illimitée, nous ne pouvons pas être 24h/24 et 7j/7 pour les autres.
Nous devons avoir du temps pour nous-mêmes et nous avons pleinement le droit de dire « non » lorsque nous ne sommes pas d’humeur à écouter cette personne qui traverse une mauvaise passe.
4. Recharge les émotions positives après avoir servi de soutien aux autres
La distance de compassion fonctionnera tant que nous maintenons nos émotions de valence positive à un niveau optimal. Quelque chose comme ça nécessite de “faire le plein” de notre esprit avec des expériences et des moments significatifs. Nous donner du temps de qualité, profiter des loisirs et répondre à nos besoins est la clé.
Aussi, une autre stratégie idéale est de s’accorder une petite pause quand on vient d’apporter notre soutien à quelqu’un qui traverse une mauvaise passe. Le faire n’est pas un acte d’égoïsme, mais de prendre soin de nous-mêmes.
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