"La classe puzzle" ou le retour à l'école de l'intégration
Rédigé et vérifié par le psychologue Sergio De Dios González
“Le groupe uni reste uni”. Avec cette phrase, on peut résumer les objectifs que poursuit depuis la première année de scolarisation la “classe puzzle” : une classe prônant l’intégration sociale, la coopération et l’empathie.
A partir de 6 ans, le développement cognitif des enfants est assez avancé pour que ces derniers soient capables de réfléchir sur comment éviter les mauvaises conduites et la manière de contrôler leur comportement. C’est pourquoi l’éducation des enfants est un moment opportun pour créer des habitudes de comportement basées sur la cohabitation pacifique et respectueuse.
La première année scolaire est un défi pour l’enfant
Pour la majorité des enfants, le premier jour d’école symbolise un énorme changement : ils deviennent des élèves qui doivent assumer de nouvelles responsabilités et autres obligations ainsi qu’acquérir différents rôles.
Parmi ces rôles, il y a celui de “l’étudiant”, qui demande de leur part qu’ils apprennent à interagir, développer et mener à bien des relations avec d’autres enfants de leur âge ou de leur culture, ou bien d’âges ou de cultures différents. Ils établissent de nouveaux groupes de référence et génèrent différents critères pour ceux qui se posent des questions, se jugent eux-mêmes ainsi que tout ce qui les entoure.
La nouvelle réalité sociale
Si tout cela suppose déjà un changement d’attitude et stimule le développement cognitif des enfants, imaginez ce que suppose pour eux une classe mêlant différentes religions, différentes coutumes, différentes couleurs de peau et différents enseignements appris. L’adaptation, si elle est abordée depuis une mauvaise perspective, peut être bien plus compliquée.
Les flux migratoires donnent comme résultat le passage d’une société mono-culturelle à une société pluri-culturelle et l’apparition d’une “nouvelle citoyenneté”. C’est pourquoi il est crucial de se rendre compte du fait que cette réalité peut servir comme d’une opportunité pour éduquer les enfants dans la tolérance, le vivre ensemble, le respect social et culturel.
Dans ce contexte surgit la technique du puzzle, employée par Aronson, qui consiste à constituer des groupes distincts au niveau éducatif et habitués à différents styles d’apprentissage.
Bénéfique, efficace et simple à mettre en place
“La classe puzzle” est une technique d’apprentissage coopérative qui cherche à renforcer la structure principale (la classe) via la constante interaction et cohésion de chacune de ses pièces (les enfants). Sa méthodologie est dynamique, fonctionnelle et simple. Elle consiste en l’élaboration de groupes de collaboration et de travail entre les camardes de classe pour atteindre un objectif commun.
Cette stratégie considère chacun des enfants comme une pièce clé d’un groupe qui n’a de sens que si ses membres travaillent dans la cohésion, ensemble et dans le même but. Durant la période scolaire se forment différents statuts entre les enfants : les populaires, les ignoré-e-s, les rejeté-e-s ou les controversé-e-s. Dans le cadre de la classe puzzle, tous ces rôles se mélangent.
La structure de la “classe puzzle”
L’origine des préjugés chez les enfants réside en une série d’influences qui échappent au contrôle de l’école. Or, ce sont l’éducateur-trice et le/la pédagogue qui continuent à construire les échelons de la pyramide éducative familiale et qui doivent être des médiateur-trice-s culturel-le-s efficaces. Comment peuvent-iels structurer cette technique et y arriver ?
- Explication de la technique : on explique aux enfants en quoi elle consiste, quel est son rôle et son but. On les motive et on leur apprend certaines habilités sociales basiques pour l’interaction en groupe. Il est essentiel que le/la professeur-e prenne le temps d’expliquer aux enfants que tous doivent coopérer et aller dans la même direction.
- Configuration des groupes “nourrices” : formés de 4 ou 5 élèves de différentes cultures. Dans chacun de ces groupes, la zone d’apprentissage objectif se divise en autant de catégories que de personnes qui composent le groupe. Par exemple, en cours de Français, l’un pourrait chercher des synonymes, un autre les antonymes, un autre encore l’ordre des phrases, etc.
- Configuration du groupe des “experts” : les enfants de la même catégorie se réunissent dans cet autre groupe, où les élèves débattent, s’expriment. Pour reprendre le précédent exemple, un groupe d’experts se chargerait seulement de trouver les synonymes d’un mot, un autre uniquement les antonymes, et ainsi de suite.
- Retour dans le groupe “nourrice” : chaque expert revient dans son groupe nourrice et explique aux autres les résultats ainsi que ce qu’il a appris.
Les avantages de la technique du puzzle
Certains avantages de la “classe puzzle” par rapport à toute autre méthode conventionnelle qui prétend améliorer les relations entre élèves de différentes origines ethniques sont :
- Elle aide les élèves à penser de manière critique et à améliorer leur intelligence émotionnelle dans des domaines à caractère culturel, même s’ils peuvent ne pas avoir la maturité nécessaire pour générer leur réveil éthique moral.
- Elle permet de confronter différents points de vue, en tenant compte des variantes culturelles et idéologiques de chaque enfant, augmentant ainsi leurs compétences.
- Elle fomente l’empathie, les contacts personnels positifs entre les élèves et elle développe leur solidarité et leur engagement civique.
- Elle garantit le développement des habilités sociales des élèves pour se lier au groupe et exposer de manière assertive et non coercitive leur point de vue.
- L’échange cognitif favorise le génie et la créativité via l’adoption de techniques de travail intellectuel.
- Elle rend possible l’apprentissage autonome : à mesure que les élèves grandissent, il est bon de les doter d’une certaine indépendance, afin qu’ils puissent prendre des décisions pour eux-mêmes et gagner en sécurité et en confiance.
La “classe puzzle”, par conséquent, est une méthodologie d’apprentissage coopératif qui s’est révélée très efficace au moment de promouvoir un environnement de vie commune pacifique dans la classe scolaire, indépendamment de l’âge des élèves. Elle permet d’asseoir des habitudes comportementales basées sur la tolérance et le respect mutuel ainsi qu’un développement intellectuel et cognitif dans la collaboration et la pratique sociale.
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