Hildegarde de Bingen: biographie de la plus grande érudite de l'époque médiévale

Hildegarde de Bingen a jeté les bases de la gynécologie et de la santé des femmes. Dans l'un de ses livres, elle proposait, par exemple, des recommandations alimentaires permettant de traiter l'aménorrhée.
Hildegarde de Bingen: biographie de la plus grande érudite de l'époque médiévale
Valeria Sabater

Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater.

Dernière mise à jour : 15 novembre, 2021

Hildegarde de Bingen était une abbesse du 12ème siècle. Philosophe, théologienne, compositrice, naturaliste, scientifique, poète… On dit qu’elle a figuré parmi les précurseurs de l’opéra et jeté les bases de la sexologie. S’il y a bien une figure qu’on néglige souvent dans l’histoire de la science, c’est sans aucun doute cette femme qui a brillé de sa propre lumière au Moyen Age.

Connue sous le nom de Sibylle du Rhin, elle manifestait déjà une passion peu commune pour le savoir de toutes sortes. Son esprit et sa curiosité comparable à celle de Léonard de Vinci l’ont toujours poussée à essayer de comprendre la nature. Il convient également de noter que Hildegarde de Bingen a toujours eu la faveur des élites politiques et religieuses. Cela lui a permis d’exercer ses travaux en tant qu’érudite. Quelque chose d’inhabituel non seulement du fait de son genre, mais également du fait de l’époque au sein de laquelle elle vivait.

Bien que ses parents l’aient donnée très tôt à l’église, elle a trouvé dans ce scénario les meilleures ressources pour cultiver son intelligence, pour promouvoir ses pensées, ses visions et ces messages mystiques qu’elle a reçus tout au long de sa vie. Elle a écrit des travaux de médecine, de sciences naturelles, de physiologie…

L’héritage qu’elle nous a laissé est incalculable. C’est un exemple clair de la façon dont les femmes, malgré les obstacles évidents qu’elles ont toujours rencontrés dans la société, ont également réussi à promouvoir l’avancement de notre science moderne.

Hildegarde de Bingen

Hildegarde de Bingen, biographie d’un savante médiévale éblouissante

Hildegarde est née en 1098 sur les rives de la Nahe à Bermersheim, en Allemagne. Sa famille était noble et ils avaient déjà 9 enfants quand elle est venue au monde. De cette manière, et comme c’était la coutume à cette époque, le dixième enfant devait être livré à l’Église.

Dès son plus jeune âge, elle a montré une santé délicate. Au cours de ses premières années de vie, elle a été suivie par une abbesse, Jutta von Spanheim, qui lui a transmis son amour de la musique et lui a appris à lire le latin, mais pas à écrire, ce qu’Hildegarde de Bingen a appris par elle-même.

En outre, il existe des documents écrits, tels que ceux du moine Teoderico de Echternach, dans lesquels il est fait allusion à des visions et des expériences mystiques dont la jeune fille aurait fait l’expérience à l’âge de 8 ou 9 ans. Elle n’a jamais perdu la raison ni n’est entrée en transe. Elle avait des hallucinations visuelles et auditives très intenses. Ces dernières se sont répétées tout au long de sa vie de nombreuses autres manières.

Aujourd’hui, on émet l’hypothèse qu’Hildegarde de Bingen souffrait peut-être de migraines.

Une vision qui a tout changé

Quand Hildegarde de Bingen a atteint l’âge adulte, ses maux ont disparu. Elle a vécu cela comme un éveil, car c’est alors qu’elle a finalement cessé d’être prisonnière de son propre corps et qu’elle a eu l’occasion de se concentrer sur ce qui la passionnait : la connaissance.

Heureusement, à cette époque, de nombreux livres sur les cosmologies grecques étaient traduits. Elle avait donc à sa portée des volumes de science, d’histoire naturelle… Se plonger dans ces univers de la connaissance lui permettait deux choses. D’abord d’être éduquée, mais aussi de développer une vision scientifique.

Or, si ses maux avaient disparu, ce n’était pas le cas de ses visions, qui se sont intensifiées. Cependant, seule l’abbesse Jutta et son mentor, le moine Volmar de Disobodenberg, le savaient. C’est à l’âge de 38 ans qu’elle a eu sa plus grande révélation. Dans l’une de ces visions, elle s’est vue enveloppée de lumière. Une voix intérieure lui a alors dit quel devrait être son objectif : écrire et transmettre des connaissances au monde.

Hildegarde de Bingen

Abbesse Disobodenberg, une érudite avec la faveur papale

Peu de temps après cette vision, l’abbesse Jutta est décédée et Hildegarde de Bingen a pris ses fonctions. A son tour, le pape a finalement été informé des expériences mystiques dont elle a fait l’expérience. Il en a été tellement choqué qu’il lui a accordé le droit d’écrire, ainsi que la possibilité d’enregistrer tout ce qui lui avait été révélé dans les 16 visions vécues au cours de sa vie.

Hildegarde a écrit son premier livre en 1141. Il s’agit de Scivias, où elle parlait d’une sorte de cosmologie basée sur la tradition grecque. La Terre était une sphère composée de quatre éléments : le vent, le feu, l’air et l’eau. À son tour, ce corps céleste était entouré de différentes couches d’air et d’eau. Tout à la fois frappant et révélateur, comme on peut le deviner.

De même, il convient de noter que si elle avait l’autorisation papale de rédiger ces traités, elle a pu se débarrasser de l’accusation d’hérésie. L’abbesse Hildegarde de Bingen était pour beaucoup la voix de Dieu. Dans une société toujours guidée par la superstition, elle a eu une opportunité exceptionnelle qui manquait aux autres et dont elle a sans aucun doute profité.

La naissance de la Sibylle du Rhin

Avoir la faveur de l’Église catholique a sans aucun doute contribué au travail accompli par Hildegarde de Bingen et a été apprécié dans toute l’Europe. Sa renommée s’est alors répandue en peu de temps si bien qu’on a fini par la connaître partout sous le nom de “Sibylle du Rhin”.

C’était une femme de caractère qui savait ce qu’elle voulait. Elle aspirait à quitter le monastère de Disobodenberg et à fonder le sien. Cette détermination l’a finalement menée à concrétiser son projet et à établir le couvent bénédictin du mont Saint-Rupert, situé près de Bingen, en Allemagne.

À partir de 1150, Hildegarde de Bingen a approfondi ses connaissances en médecine naturelle pour finalement devenir guérisseuse. À l’âge de 50 ans, elle a commencé à parcourir l’Europe avec un objectif noble et élevé : défendre la paix tout en diffusant ses idées sur la science et la médecine.

Le premier sexologue de l’histoire

Son travail le plus remarquable a sans aucun doute été Physica (Liber Simplicis Medicinae). Dans cette encyclopédie, elle détaille de nombreuses informations sur les maladies et les vertus médicinales des plantes. Elle explique, entre autres, à quel point l’eau bouillante peut être utile pour traiter les maux et nettoyer les plaies.

Hildegarde est aussi l’une des premières références historiques ayant osé aborder directement le sujet de la sexualité. Elle décrit l’orgasme comme quelque chose de beau, de sublime et d’ardent. Dans ses ouvrages de médecine tels que Les causes et les remèdes, elle offre des informations sur la menstruation et l’aménorrhée.

Prophétesse et sainte

Hildegarde de Bingen est décédée à l’âge de 81 ans. Elle était une femme contestataire, défendant même des personnes qui avaient été excommuniées par l’Église. Cependant, elle a toujours eu l’approbation et l’admiration des papes, des rois et des nobles. Mais aussi du peuple le plus modeste.

 


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  • Barona, J. L. (2006). Hildegard von Bingen (1098-1179), mística, ciencia y medicina en la Edad Media, Mètode 50, 2006
  • King-Lezneier, Anne H (2001) Hildegard of Bingen: An Integrated Vision, Liturgical Press
  • Maddocks, Fiona (2001) Hildegard of Bingen: The Woman of Her Age, Doubleday

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